Lundi 21 janvier, à l’annexe des Archives, devant un public nombreux, Jean Glénisson était à l’honneur. Mettant de côté sa modestie habituelle, c’est avec attention qu’il écouta les compliments que lui adressèrent Claude Belot, président du Conseil général, Marc Seguin, président de la société des Archives et Guiliano Ferretti, professeur à l’université de Grenoble. Ce jour, à marquer d’une pierre blanche, coïncidait avec la remise officielle d’un livre de Mélanges écrits par d’éminents spécialistes à son intention. Une preuve d’attachement et d’admiration en quelque sorte !
Transmettre la connaissance
Après une carrière bien remplie, Jean Glénisson a fait le choix de revenir à Jonzac, sa ville natale, près de la Seugne qui chante en son cœur. Avec Paulette, sa charmante épouse, il aurait pu couler des heures tranquilles à s’interroger sur la couleur du ciel ou sur les yeux clairs de Timmy, son chat préféré qui l’accompagne dans ses écritures.
Au contraire, il a poursuivi ses recherches et réuni autour de lui des “disciples“. En créant un véritable cercle d’historiens, il a fait naître «l’école de Jonzac». La première pierre a été posée en 1973, lors de l’exposition consacrée à Jonzac, mille ans d’histoire. D’autres rendez-vous suivirent dont l’un, à Saintes, reçut l’honorable visite de Fran-çois Mitterrand. Le président salua ce travail détaillé qui portait sur la révocation de l’Édit de Nantes.
Dans les années 80, Jean Glénisson prit les rênes de l’Université francophone d’été à laquelle il insuffla un chaleureux dynamisme. Grâce à un carnet d’adresses fourni, il invita au cloître des Carmes des chercheurs renommés. Il s’impliqua également dans l’Académie de Saintonge dont il fut directeur et dans la société des Archives Historiques de l’Aunis et de la Saintonge que préside actuellement Marc Seguin.
Membre correspondant de l’Institut, il contribua à de nombreuses publications. « Nous apprécions son style clair et précis » souligne Guiliano Ferretti. Professeur à Grenoble, cet universitaire se souvient du colloque organisé à Jonzac, voici quelques années, sur Fortin de la Hoguette. Au XVIIe siècle, le seigneur de Chamouillac correspondait, en effet, avec les frères Dupuy, bibliothécaires du roi. La venue de l’académicien Marc Fumaroli avait été remarquée.
Enfin, comment ne pas mentionner les conférences se rapportant aux livres de jeunesse (chers à Jean Glénisson) et la magnifique présentation des dessins de Maggie Salcedo ?
Comme vous pouvez en juger, la vie de Jean Glénisson a été riche en événements. Toutefois, il ne compte pas en rester là. Avec ses amis dont il ne saurait se priver, il réalise une nouvelle édition de l’Aunis et de la Saintonge en six volumes. Deux tomes ont déjà été publiés : la préhistoire, l’antiquité (Louis Maurin) et le XVIe siècle (Marc Seguin). Il est chargé de l’époque médiévale qu’en chartiste, il connaît bien.
À l’énumération de ses talents (tout ça pour un seul homme !), Jean Glénisson a souri et ses yeux se sont plissés pour ne faire qu’un seul trait, tel un sage au pays du Soleil Levant. Tous l’ont remercié pour la main qu’il leur a tendue. Marc Seguin, en particulier, a rappelé combien il l’avait encouragé à déchiffrer la difficile écriture du XVI siècle !
Jean Glénisson est un “maître“, un témoin de la connaissance, toujours prêt à transmettre la flamme à qui la cherche sincèrement. « Plusieurs communautés éminentes ont envers Jean Glénisson des dettes de reconnaissance dont il a toujours caché les créances sous le boisseau. Ces débiteurs, ce sont les larges cercles d’historiens médiévistes et modernistes, présents et à venir, qui lui sont redevables de tant de généreuses provendes. Ce sont les chartistes, conservateurs et chercheurs dont il a su promouvoir les travaux et puis, plus intimement, les heureux habitants de l’Aunis et de la Saintonge, entre Sèvre et Gironde, qui ont la chance insigne de l’avoir parmi eux » écrit Yves Marie Bercé dans l’introduction du livre de mélanges initié par Philippe Gautret, Marc Seguin et Guilino Ferretti. Qu’ajouter de plus à cette déclaration si juste du directeur honoraire de l’école des Chartes ?
Dis-le-moi dans l'oreille...
• Livre de Mélanges offert à Jean Glénisson
Éditions de l’Université d’Eté, en vente dans toutes les librairies. Les auteurs sont Christian Amalvi , Bernard Barbiche, Yves Marie Bercé, Jacques Daniel (malheureusement disparu), Pascal Even, Robert Favreau, Guiliano Ferretti, Jean Flouret, Philippe Gautret, Nicole le Pottier, Jean Mesnard, Bruno Neveu, Rainer Riemenschnieder et Marc Seguin.
Différents sujets sont abordés : le mythe de Richard Cœur de Lion, le diocèse de Saintes à la fin des premières guerres de religion, la Cour des salibs du Pinant, l’Aunis et la Saintonge au milieu du XVIIe siècle, l’enfermement des pauvres à la Rochelle au XVIIe siècle, le centre ouest entre Plantagenêt et Capétiens, Le testament de Fortin de la Hoguette, la bibliothèque d’un médecin rochelais Daniel Guillotin, l’insurrection du Texas d’après les archives françaises, les livres de prix au XVIIIe siècle, les lettres inédites de Louis Machon, les mésaventures du dictionnaire de Bouillet, l’institut Georg Eckert à Braunschweig, un semestre d’épouvante en pays jonzacais...
• Jean Glénisson : Les fées se sont penchées sur son berceau !
Jean, fils d’Alcide Glénisson et de Marie Henriette Garnier, naît le 25 janvier 1921 à Jonzac. Brillant, il poursuit des études secondaires qui le conduisent à l’école des Chartes. Licencié ès lettres, il obtient son diplôme d’archiviste-paléographe en 1946, puis devient membre de l’Ecole française de Rome de 1946 à 1948.
De retour en France, il travaille aux Archives Nationales jusqu’en 1952, année où il est nommé chef du service des Archives et de la bibliothèque de l’Afrique Équatoriale française à Brazzaville. En 1957, Fernand Braudel lui propose un poste au Brésil où il enseigne la méthodologie historique à la faculté de philosophie de l’université de Sao Paulo.
En 1959, de retour en France, Jean Glénisson entre à la VIe section de l’École des Hautes Études où il occupe, dès 1963, le poste de directeur d’études. En octobre 1964, il est nommé - sous l’impulsion de Fernand Braudel et de Charles Edmond Perrin - directeur de l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes, en succession à Mlle Vieillard. Il conserve ce poste jusqu’en 1986, année à laquelle il cède la direction à Louis Holtz.
Une fois à la retraite, Jean Glénisson retourne vivre à Jonzac où il prend une part importante à la vie historique et culturelle de la Saintonge.
Photo 1 : Jean Glénisson et les auteurs du livre de “Mélanges“ aux côtés du président du Conseil Général, Claude Belot, qui avait tenu à leur rendre hommage.
Photos 2 : Un public nombreux est venu rendre hommage à Jean Glénisson.
Photo 3 : Le discours de Jean Glénisson (assisté par Philippe Gautret).
Photo 4 : Guiliano Ferretti / Philippe Gautret et F. Joanne.
Photo 5 : Jean Glénisson, Yves Marie Bercé et son épouse / Jean Glénisson, Philippe Nivet et Patricia Ransac.
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