Cette année, les éditions XO célèbrent les 20 ans du premier best-seller de Mireille Calmel "Le lit d'Aliénor" en proposant une édition collector, où différents scènes du livre ont été illustrées par le dessinateur Pierre Legein, ainsi qu'une adaptation en bande dessinée. Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, Mireille Calmel salue le premier roman de son fils Anaël Train "Le serment de Jaufré". Jaufré Rudel le troubadour, bien entendu !
Rencontre avec cette écrivaine talentueuse que Jonzac a reçu plusieurs fois à l'occasion de conférences à l'Université d'été et la médiathèque.
Mireille Calmel aux côtés de son fils Anaël Train et du dessinateur Pierre Legein |
• La réédition de votre premier roman, Le lit d’Aliénor, est un clin d’œil à votre carrière littéraire qui a commencé il y a 20 ans. Comment est né cet ouvrage qui s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires ?
Mireille Calmel : Ma vie a totalement changé avec la sortie de ce premier roman, Le lit d’Aliénor, qui vient d’être réédité en édition collector illustrée par XO. 25 livres en 20 ans, c’est une belle complicité ! J’ai la chance de travailler aux côtés d’une maison d’édition qui m’a toujours suivie dans mes choix, mes décisions. Avec le dessinateur Pierre Legein, est paru le premier tome d’une adaptation en BD du Lit d’Aliénor.
Comment est né mon premier livre ? Quand je suis arrivée à Blaye, j’avais 20 ans, je voyais les ruines du château des Rudel et tous les personnages qui gravitaient autour d’Aliénor dont Loanna de Grimwald qui m’est chère, et le troubadour Jaufré Rudel parti pour Tripoli rejoindre sa princesse lointaine Mélissinde. J’avais envie de comprendre comment ils évoluaient. J’ai alors rencontré un cinéaste qui était un fan d’Aliénor et m’a fait connaître Régine Pernoud. Elle a grandement facilité mes recherches. Aliénor d’Aquitaine s’est imposée à moi. C’est un personnage fabuleux, elle n’a pas d’égal sur le plan politique ! Toutes mes héroïnes ont une personnalité, mais Aliénor m’a émue à certains moments. Je me sens "Aquitaine" comme elle. Je vis actuellement dans le Médoc et, coïncidence, je suis proche de l’ancien port d’où elle embarquait pour se rendre en Angleterre. Il y a même une pierre où elle aurait accouché de l'un de ses enfants qui porte le nom de « pierre de la reine ». Elle a bouleversé ma vie et elle est en train de changer celle de mon fils à travers Jaufré Rudel. Une double plume, c’est un cadeau exceptionnel pour moi.
• Votre fils Anaël Train vient de publier son premier roman. La relève est assurée si l’on peut dire !
En effet, Anaël a publié « le serment de Jaufré » qui deviendra l'un des troubadours les plus appréciés de la cour d'Aliénor d’Aquitaine et que la ville de Blaye connaît bien. Il fait revivre les personnages du Lit d’Aliénor auxquels j’avais renoncés parce que j’avais terminé la série. Ils s’étaient éteints sous ma plume et je ne voyais pas comment les faire revivre. Cela me paraissait impossible, même si mes lecteurs en avaient envie !
Anaël a repris le flambeau, a fait des recherches sur le sujet et commencé à rédiger. Après la rédaction de plusieurs chapitres, il m’a demandé ce que j’en pensais. J’ai été touchée par l’attention et bluffée par son écriture. Ingénieur du son, je ne le connaissais pas sous ce jour. J’ai découvert un véritable auteur disposant d’un solide potentiel. Il a donc continué et c’est ainsi qu’il a raconté l’histoire de Jaufré Rudel. J’ai vu naître une plume et je pense que ce sera vraiment une grande plume ! Il a écrit ce manuscrit il y a 5 ans qu’il a rangé sans savoir ce qu’il deviendrait. Les choses se sont enchaînées quand il a voulu le publier. Je lui ai donné un conseil : « Si tu veux tester les réactions, publie-le sur Amazon et tu verras les retours que tu en auras ». C’est ce qu’il a fait et il en a vendu 500 en peu de temps. Il l’a ensuite envoyé à France Loisirs qui a eu un coup de cœur pour son livre, de la même manière que pour le mien il y a 20 ans. Il est touchant de constater que cet heureux événement s’est produit au même âge avec les mêmes personnages ! Le serment de Jaufré est sorti en librairie le 7 octobre aux Editions du 123. L’accueil est très bon auprès des lecteurs. Séduite par son écriture, son éditrice lui a commandé deux prochains romans.
• 25 livres en dix ans, vous êtes une femme inspirée ! Et d’ailleurs, les femmes sont toujours au centre de vos romans. Sous votre plume, elles paraissent si présentes…
Ce n’est pas un choix de ma part et ce n’est pas une volonté féministe : elles se sont imposées à moi, tout simplement. Comment naissent-elles sous ma plume ? J’effectue des recherches historiques sur l’époque où évolue mon héroïne afin de bien situer son contexte et il m’arrive de faire des rêves. Il y a des éléments que mon esprit cartésien ne comprend pas ! C’est comme si j’avais vu ces femmes dont certaines ont réellement existé. J’invente alors une histoire, je reste fidèle à la réalité historique et je comble simplement les blancs. Je vais souvent sur les lieux où elles ont vécu. Certains châteaux n’existent plus, mais leur mémoire y subsiste. Je m’imprègne des ambiances. Tous les sites ne sont pas comme la cité de Carcassonne ou Lascaux où demeurent des traces ! Je travaille sur les émotions, les atmosphères. J’aime la période médiévale qui vivait dans ce que l’on appelle « le merveilleux ». Tout y était magique ! Aujourd’hui, cela nous fait sourire car de nombreux phénomènes sont explicables par la science. Je me glisse dans la peau des personnages, j’éprouve pleinement leurs émotions, qu’elles soient douces ou fortes. La violence, l’amour. Pourquoi serait-il plus indécent de décrire une scène d’amour qu’une scène de bataille ? L’écriture ne doit jamais être vulgaire.
• Quels sont vos projets ?
Je revisite la légende arthurienne autour de la fée Morgane. L’histoire se déroule en Bretagne dans un décor qui n’a pas changé au cours des siècles.
Je travaille sur une série jeunesse avec une première édition « Le secret de Léonard » chez Belin Education et la parution de « Mystère au théâtre » pour les 8/10 ans. C’est une démarche imaginaire où j’invente des personnages.
Je devrais bientôt commencer le roman de Jeanne de Belleville, née vers 1300, baptisée "la tigresse bretonne". Cette femme extraordinaire était mariée en secondes noces à Olivier de Clisson, personnage important de la Cour de France. Il finira mal, décapité pour avoir trahi. Ne voyant pas son époux revenir, elle se rend à Nantes où, effroi, elle voit sa tête piquée sur une lance à l’entrée de la tour Sauve-Tout. Folle de chagrin, elle vend alors une partie de ses biens, arme une flotte et devient pirate par vengeance.
• Vous avez une vie bien remplie. Pensez-vous un jour écrire votre autobiographie ?
Pour écrire mon autobiographie, il faudrait 10 tomes ! A l’heure actuelle, si je le fais, ce sera pour mes enfants. Je ne suis pas tournée vers mon passé et suis en paix avec mon histoire. Ma mère avait commencé à écrire la sienne, mais elle s’est éteinte avant. C’était une puissante guérisseuse qui travaillait dans le monde entier, uniquement par le bouche à oreille. C’est d’elle dont j’aurais envie de parler, mais est-ce que j’en suis digne ? Je m’en voudrais de faire des erreurs à son sujet...
• Infos
• Les éditions XO, dirigées par Bernard Fixot, ont lancé début novembre « Cléa », une collection de semi-poche. Parmi les titres, « Le bal des louves » de Mireille Calmel
• Deux salons du livre sur l’agenda de Mireille Calmel, à Roquebrune et Marseille.
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