Soucieux de la réouverture de ce fonds au public et aux historiens, Serge Maupouet a tiré la sonnette d'alarme et interpelé le maire. Jean-Philippe Machon regrette cette situation, déplorant au passage que les bâtiments n'aient pas été mieux entretenus lors des précédentes mandatures. L'action Cœur de Ville permettra-t-elle de trouver un nouveau lieu d'archivage et de consultation pour accueillir ce formidable fonds fermé au public depuis 2011 ? Une étude a été faite en ce sens (îlot de la Salle Centrale ?).
« L'important est la sauvegarde des collections. L'Etoile est une salle de repli, convient-elle ? » s'interroge Serge Maupouet. Céline Violet répond que seuls les journaux entreposés sous les combles ont été déplacés et qu'un plan de sauvegarde est obligatoire, d'ailleurs encadré par le SDIS.
Il est bien sûr question de décontamination, une partie des ouvrages ayant déjà fait l'objet d'un traitement. Les opérations vont se poursuivre. « Notre objectif est de trouver un endroit où livres et presse seront conservés dans de bonnes conditions. A quoi bon les décontaminer si les bâtiments qui les abritent entraînent une nouvelle dégradation ? » souligne à juste titre Céline Violet.
Déjà en 2012, le fonds ancien était une préoccupation pour l'équipe de Jean Rouger, alors maire. « L’objet est de favoriser l’accès aux collections dans des conditions optimales et des délais raisonnables » expliquait Sylvie Barre, adjointe à la culture, lors d'une réunion. La première phase du chantier devait conduire à la mise en place d’espaces de conservation dans l’église des Jacobins et la maison attenante. Une salle de consultation devait être aménagée dans l’ancienne salle capitulaire pour accueillir le public dès que la situation l'aurait permis...
Article paru en 2012 :
Médiathèque de Saintes :
Comment sauver le fonds ancien ?
Fermé au public depuis l’été 2011, le fonds ancien de la médiathèque de Saintes est menacé. La maison Martineau, qui abrite les collections, doit aussi faire l’objet d’aménagements. Deux projets de restauration seront lancés par la municipalité, mais ils coûtent cher…
En entrant dans la maison Martineau, on se croirait revenu à l’époque où
l’Art nouveau florissait dans les belles demeures. Larges baies ornées
de fleurs, murs recouverts de boiseries, carreaux richement décorés…
Seul problème et de taille, le mauvais état de l’immeuble met en danger
son contenu, c’est-à-dire des milliers de livres et documents allant du
plus ancien, une charte du XIe siècle aux nouveaux vecteurs de
communication (microfilms, CD, etc).Jeudi dernier, les membres de la Communauté de Communes, guidés par Simon Davaud, directeur des médiathèques de Saintes et François Lopez, responsable du fonds ancien régional, étaient appelés à se pencher sur l’épineux sujet puisqu’il sera bientôt question de restauration.
L’ensemble a attiré leur attention. Une évidence s’impose : les pièces de cette élégante maison bourgeoise ne correspondent plus aux normes que requiert un outil moderne de transmission de la connaissance. Quant aux ouvrages, certains d‘entre eux auraient besoin d’un sérieux « renouveau » (moisissures, attaques d’insectes, manque de contrôle de l’hydrométrie). L’inventaire de la faible partie non répertoriée est en cours.
L’enjeu en vaut la chandelle : ce fonds est important pour la Saintonge et les historiens viennent parfois de loin pour le consulter.
Simon Davaud, directeur des médiathèques de Saintes (nommé à Roanne) et François Lopez, responsable du fonds ancien régional |
Un investissement conséquent
La municipalité de Saintes aménagea donc le site avec l’ouverture de deux nouvelles ailes. Malheureusement, au fil du temps et bien que la sonnette d’alarme ait été tirée en maintes occasions, les conditions de stockage et de préservation se révélèrent insuffisantes. À partir de 2005, le fonds ne fut ouvert que sur rendez-vous, ce qui eut l’heur d’irriter les chercheurs. Pire, depuis juillet 2011, les portes sont carrément fermées.
Cette décision a une explication. « L’analyse menée par le laboratoire de la BNF recommande expressément le dépoussiérage et la décontamination de certains ouvrages. Ces interventions seront faites par un prestataire extérieur désigné par un appel d’offres » souligne François Lopez.
Le projet scientifique et culturel, quant à lui, envisage de proposer des réserves adaptées à leur conservation : « l’objet est de favoriser l’accès aux collections dans des conditions optimales et des délais raisonnables » explique Sylvie Barre, adjointe à la culture.
Le coût de ces investissements nécessaires laisse rêveur : le projet architectural est évalué à 3300.000 €, celui du sauvetage des documents entre 270.000 et 360.000 €. Il semble évident que tout ne se fera pas en un jour en cette période où la culture ne semble pas (et c’est dommage) être la priorité. Mais, comme le souligne à juste titre François Lopez, « évoquer le fonds ancien et régional, c’est aussi cheminer à travers des lieux remarquables ».
On peut seulement se demander pourquoi Michel Baron ou Bernadette Schmitt, les prédécesseurs de Jean Rouger, n‘ont pas choisi d’entreprendre ces travaux quand ils tenaient les rênes de la cité santone…
Présentation de documents par F. Lopez |
Un dossier que les chercheurs suivront avec attention... |
• Réaction de Marc Seguin, historien et membre de l'Académie de Saintonge :
« Il y longtemps que nous combattons pour empêcher cette fermeture, mais
sans succès et sans espoir de réussite. En premier lieu, le fonds ancien est très riche. Pour une ville comme Saintes,
c'est tout à fait extraordinaire ! Beaucoup de villes de plus de
100.000 habitants sont loin de posséder de telles merveilles. De plus,
il semble exister tout un stock qui est entassé,
non inventorié, non disponible, même pas connu ! Certes, peu de
lecteurs fréquentaient ce fonds, mais ceux qui
y venaient étaient des chercheurs renommés, souvent étrangers à la ville, Paris et ailleurs. Les priver de cette
possibilité est catastrophique pour l'image d'une ville qui se dit
"d'art et d'histoire". Il y a certes eu beaucoup de laxisme au
cours des décennies passées, mais il ne faut pas en accuser les
municipalités d'antan. La responsabilité n'en
incombe même pas aux 35 heures. Simplement, depuis un demi-siècle au
moins, personne n'a pris les choses en main.
La ville de Saintes
est écrasée par un patrimoine trop important. Voyez la fermeture de la
cathédrale Saint-Pierre ! Quoi qu'il en soit, la fermeture du fonds
ancien est vivement regrettable parce qu'elle prive des chercheurs
universitaires de leurs
sources ».
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