• Conférence de Christian Vernou
Découvert fortuitement en 1992 lors de travaux liés au remembrement mis en route sur la commune à cette époque, le site a été reconnu par des fouilles de sauvetage, réalisées en 1993 et en 1994. Des labours intempestifs ont amené des observations complémentaires en 1997.
Cette communication est donnée en hommage à Jean-Jacques Morisson qui s'est beaucoup investi en faveur de ce site et qui nous a quittés l'année passée.
Plusieurs semaines de fouilles ont permis de dégager les vestiges d'une architecture précaire de terre et de bois ; des cabanes qui permettaient à un petit groupe humain de vivre au rythme de l'activité du fleuve. Dans cette zone de confluence entre la Charente et son principal affluent, le Né, un important commerce existait là où des opérations de rupture de charge devaient être organisées (passage d'un bateau à l'autre, de tonnage distinct). C'est ce que laissent penser les vestiges dégagées : entrepôts où les bases de grands vases de conserves ont été mises en évidence, cour disposant d'un puits, aire donnant au sud où des filets pouvaient sécher (nombre de plombs de lest ont été mis au jour). Un espace quadrangulaire plus soigné, disposant d'un foyer devait permettre à quelques uns de demeurer quelques jours, peut-être à la saison seulement.
Si l'architecture est modeste, le mobilier archéologique atteste d'un niveau de vie non négligeable, dû aux facilités tirées des produits échangés : céramiques de luxe ou semi-luxe, bijoux, monnaies. Cette activité n'a sûrement pas touché toutes les périodes de l'époque gallo-romaine de manière égale mais les recherches ont démontré une occupation qui débute à l'époque augustéenne (deux décennies avant notre ère) pour s'achever au début du IVe siècle. Ce doit être à cette époque que ces habitants de fortune, décident de mettre en terre des corps de nourrissons (cinq petites sépultures) ; mortalité infantile que l'on connait bien à l'époque antique, mais qui est ici mise en avant dans cette zone humide et hostile, notamment en période hivernale.
La surface totale couverte pour ce hameau d'époque antique couvre plus de 500 m2 mais suivant des succès divers au cours du temps, insistant sur le caractère précaire de cette activité qui devait être forcément conditionnée par l'importance du trafic, des courants commerciaux ou de celles du quai d'embarquement de la maison de cognac voisine (XIXe siècle).
Ces vestiges bien modestes ne sont pas ceux d'une agglomération antique mais bien ceux de pauvres gens qui vivaient au dépend des bateliers. Non loin, un peu plus au sud, devait se trouvait la station de Condate qui est mentionnées sur la carte de Peutinger, copie médiévale d'un état du monde de l'Antiquité tardive (IVe siècle). Cette bourgade se trouvait sur la voie romaine Périgueux/Saintes, dernière station avant la capitale de la Saintonge. Son nom signifiait « Confluence », pourquoi ne pas voir dans nos vestiges de Salignac ceux du port de Condate ?
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