vendredi 8 avril 2016

Nouvelle Région ALPC :
rien ne va plus entre
Alain Rousset et Ségolène Royal

La Nouvelle Région plombée 
par les dérives financières du Poitou-Charentes ?

Les relations sont tendues entre Ségolène Royal et la nouvelle Région ALPC depuis qu'Alain Rousset a reçu l'audit concernant la gestion du Poitou Charentes et du Limousin. Mauvaise surprise : il a trouvé dans les finances du Poitou Charentes des factures impayées, des emprunts toxiques et des crédits bails allant jusqu'en 2045. Conséquence, Bordeaux va payer les factures (elles le seront toutes à la fin avril) et réalisera un certain nombre de démarches visant à harmoniser les chiffres afin que la collectivité, issue des urnes, en décembre dernier, puisse démarrer d'un bon pied. Les mauvaises langues prétendent que l'Aquitaine se serait bien passée de contracter une union dont elle ne connaissait pas les tenants et les aboutissants. Pire, certains regretteraient le découpage actuel, estimant que le Poitou-Charentes aurait été aussi bien avec les Pays de Loire. Ambiance !
La nouvelle Région va donc tout faire pour que les choses rentrent dans l'ordre. Toutefois, comme l'explique Florent Boudié, vice-président chargé des finances, « certaines politiques devront être revues » Autrement dit, il faudra faire des choix. Cette situation tombe vraiment mal alors que les dotations de l'Etat ne cessent de diminuer…


Alain Rousset, patron de la nouvelle Région, déterminé à poursuivre 
une politique ambitieuse malgré les aléas... (© Nicole Bertin)
Présenté mardi à Bordeaux, l'audit (état des finances des trois partenaires, Aquitaine, Poitou-Charentes et Limousin) confirme les premiers éléments qu'Alain Rousset avait exprimés voici quelques semaines, autrement dit la fragilité budgétaire de Poitou-Charentes. Informations qui avaient suscité de vives réactions. Maintenant, on en sait plus ! Si la bonne santé de la région Aquitaine est constatée, la nouvelle Région devra "absorber" et aussi résoudre un certain nombre de difficultés repérées par le cabinet Ernst & Young. Pointé du doigt est le Poitou-Charentes, plus que le Limousin.

L'audit a en effet confirmé la dette de cette Région longtemps dirigée par Ségolène Royal, actuelle ministre de l'Environnement. « Nous gérons dans l'urgence les impayés. Sur les 132 millions de factures dues, soit 72 millions d'euros en fonctionnement et 60 en investissement, 90% ont déjà été honorées et le reste le sera à la fin avril » souligne Florent Boudié, vice-président chargé des finances. Sur ce chiffre, 40 millions d'euros sont liés à la formation professionnelle, l'apprentissage et les lycées ; 4 millions d'euros à l'agriculture. La Région aurait pris l'habitude d'interrompre ses financements en juillet pour les reprendre en janvier de l'année suivante « afin de présenter des comptes administratifs positifs ». Les organismes bénéficiaires ne semblaient pas surpris par ce fonctionnement. Ils se sont toutefois émus en janvier 2016 quand la source s'est tarie. Les premiers appels ont été lancés par la Fédération du Bâtiment qui a rapidement compris que les méthodes de la nouvelle Région ne seraient pas celles de l'ancienne. Selon Florent Boudié, « des dépenses budgétaires n'étaient pas rattachées à leur exercice. La convention transports de 2013 a été payée en 2014 et celle de 2014 en 2015 ».
Se pose également un problème sous-budgétisation, des dépenses inscrites ne correspondant pas aux besoins réels dans les domaines de la culture, l'enseignement, la formation et les transports.

Le tableau ne s'arrête pas là

Frappée par une forte baisse de l'épargne, le Poitou Charentes serait dans l'incapacité de faire face à sa dette de 450 millions d'euros. Certes, c'est l'une des régions les moins endettées, mais une forte dégradation est apparue ces trois dernières années. Cette dette comprend 100 millions d'emprunts soit à risques, soit toxiques. La nouvelle Région devra s'en défaire en les rachetant et en subissant d'éventuelles pénalités. Par ailleurs, les crédits bails contractés par le Poitou Charentes pour l'achat de TER ne peuvent être remboursés par anticipation. Les loyers s'élèvent à 303 millions d'euros de 2016 à 2045.
« Nous ne sommes pas surpris par les chiffres puisque depuis janvier 2016, des signaux ont commencé à arriver. A Poitiers, la technostructure qui a laissé faire ce dispositif n'est plus en responsabilité » souligne Florent Boudié. « Le président Rousset a opéré des mutations et saisi la Chambre Régionale des Comptes qui remettra son rapport en fin d'année. C'est donc cette Chambre qui qualifiera la situation juridiquement ». Jean-François Macaire a d'ailleurs démissionné de ses fonctions de vice-président chargé des finances.

A Bordeaux, on estime urgent de redresser la situation car deux budgets sont à construire, l'un en mai et l'autre en fin d'année : « Nous avons besoin de connaissances précises pour les élaborer. Il s'agit de faire des choix de politiques, pas de gérer au fil de l'eau ! Des propositions seront soumises à l'assemblée. Certaines politiques seront remises en cause, voire supprimées. Qu'on se rassure, il n'y aura pas de décision punitive ! ».
Les orientations seront présentées lundi 11 avril et débattues dans l'hémicycle mercredi prochain. L'adoption du budget primitif aura lieu le 23 mai. Il reste bien sûr une solution pour donner un peu d'oxygène au Poitou-Charentes. Comme la Corse, cette région n'appliquait pas la TIPP (Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers).Une marge de manœuvre à exploiter ?
Apparemment, durant les Régionales, les candidats ignoraient la situation financière du Poitou-Charentes, à commencer par Alain Rousset et sa principale adversaire Virginie Calmels, dont les principaux axes de campagne gravitaient autour de la transparence et du souci de bien gérer les deniers publics...

• Extraits de l'audit réalisé par le cabinet Ernst & Young





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