mercredi 6 avril 2016

A La Rochelle, Sylvia Pinel se dit favorable
au rapprochement des centres
Hommage à Michel Crépeau

Sylvia Pinel, députée, première vice-présidente du nouveau Conseil régional Languedoc Roussillon Midi Pyrénées, est candidate à la succession de Jean-Michel Baylet à la tête des Radicaux de Gauche. Elle était à la Rochelle mardi où elle a été reçue par la fédération PRG de Charente-Maritime que préside Pierre Malbosc. Après s'être recueillie sur la tombe de Michel Crépeau au cimetière Saint-Maurice, l'élue animait une réunion à Mireuil où elle a été rejointe par Jean-François Fountaine, maire de la Rochelle venue la saluer en ami. En ce qui concerne l'aménagement des quartiers, Mireuil constitue un exemple puisque la mixité sociale y est recherchée, priorité soutenue par l'ex Ministre au logement.
En septembre prochain (du 2 au 4), un congrès élira à l'espace Encan le futur président des PRG, Sylvia Pinel, enfant spirituelle de Jean-Michel Baylet étant candidate. Elle assure d'ailleurs l'intérim à la tête de ce parti depuis que Jean-Michel Baylet a rejoint le Gouvernement en février dernier. S'ils l'élisent - ce qui devrait être le cas - les militants auront une chef de file de 39 ans, ce qui les changera de leur septuagénaire préféré !
Sylvia Pinel est entrée très jeune en politique. Outre son mandat de députée du Lot et Garonne et sa récente élection au Conseil régional, elle a été deux fois ministre, d'abord de l'artisanat, du commerce et du tourisme, puis du logement et de l’égalité des territoires. S'il y a eu des grincements quant au statut des auto-entrepreneurs qu'elle voulait modifier, la loi Pinel pour l'investissement locatif a été votée par les députés.
Devant les élus et membres du PRG Charente-Maritime, Sylvia Pinel rappela son attachement aux valeurs radicales et à certaines figures qui comptent dont l'incontournable Michel Crépeau. A une question posée par le maire de Saujon, Pascal Ferchaud - qui a fait alliance avec une centriste de droite aux dernières Départementales -, elle se dit favorable au rapprochement des centres. Pas n'importe quelle union bien sûr et au moment opportun. Elle-même était membre de l'équipe de campagne de François Hollande (PS) aux Présidentielles de 2012.

Hommage à Michel Crépeau, mort le 30 mars 1999
• Sylvia Pinel, vous êtes candidate à la succession de Jean-Michel Baylet. Si vous êtes élue, comment comptez-vous dynamiser ce parti qui a parfois du mal à trouver sa place ?

Sylvia Pinel : J'ai la conviction qu'il faut de la proximité, c'est pourquoi j'ai entrepris de rencontrer les fédérations, d'où ma visite à La Rochelle. Quand j'étais ministre, chaque fois que je faisais un déplacement dans les territoires, j'essayais de dialoguer avec les militants sur la politique générale et ce qui fait notre spécifié à nous, Radicaux. Pour dynamiser le parti, la direction générale a besoin de s'appuyer sur les relais locaux, c'est-à-dire les instances fédérales et les élus.
Je conçois la présidence comme un travail d'équipe. Lors du dernier comité directeur, j'ai dit que je concevais cet intérim comme "un intérim studieux" pour être au travail et compléter nos propositions. Notre projet s'articule autour de trois piliers, les valeurs de la République et notamment la fraternité, l'écologie, levier de développement économique, et la question européenne. A travers ces propositions, il nous appartient de faire le travail de proximité et de terrain qui s'impose.

Sylvia Pinel et Jean-François Fountaine, maire de La Rochelle. Rejoindra-t-il un jour les PRG ?
. Quel est, pour vous, l'héritage légué par Michel Crépeau, ancien maire de La Rochelle, aux Radicaux de Gauche ?
Il a beaucoup légué à sa ville et son territoire. Ville pionnière, La Rochelle a su anticiper avec les parkings, les bicyclettes, les bus électriques, une volonté de développer les universités aussi. Bref, son héritage est partout. J'ai été ministre de l'aménagement du territoire, je vois bien le côté novateur de Michel Crépeau. Les Radicaux ont souvent un temps d'avance ! Il est pour moi un modèle en tant qu'élu de proximité avec une vision de développement pour son territoire ; c'est aussi l'héritage du président des PRG, courageux et volontaire, qui a placé l'écologie au centre de son projet de société. Mon deuxième "pilier" est justement l'écologie et dans ce domaine, on fait forcément référence à Michel Crépeau !
Dans ma feuille de route, je cite des figures tutélaires de notre famille radicale, dont Michel Crépeau et Maurice Faure pour l'Europe. Il est important pour moi, lors du congrès qui se tiendra à La Rochelle en septembre prochain, que ce symbole qu'est Michel Crépeau, maire, député, président, ministre, puisse guider les travaux de l'assemblée. Que ce congrès de La Rochelle soit source d'inspiration novatrice pour formuler des propositions concrètes applicables et ambitieuses comme étaient les siennes...

• Vous avez été deux fois Ministre. Comment avez-vous vécu cette fonction en tant que PRG et femme ?


En tant que PRG, il était important de faire valoir ma spécificité, mon ADN radical. Quand on parle d'aménagement du territoire et d'urbanisme, si l'on veut faire vivre la fraternité, la mixité et la cohésion sociale, il s'agit de concrétiser des actes visibles, hors des beaux discours. Prenons le système d'attribution des logements sociaux : pas facile à faire. Dans les projets de lois que j'ai préparés, cette réforme est bien présente. C'est également la prise en compte de la ruralité, ne pas oublier un territoire dans un souci d'égalité sans l'opposer au centre urbain. Les Radicaux portent sur le monde et la société un regard assez pragmatique. Pendant presque quatre ans de vie ministérielle, j'ai eu la volonté et l'énergie de faire entendre leurs voix.
En ce qui concerne le volet féminin, j'ai trouvé plus difficile mon entrée au Parlement à l'âge de 29 ans que ma nomination au Gouvernement à 34 ! Au conseil des ministres, réunis autour du Président et du Premier Ministre, nous sommes tous sur un pied d'égalité. A l'Assemblée, c'est un peu différent…

Rencontre avec les élus et militants PRG à Mireuil
• Myriam El Khromri rencontre des difficultés avec la loi "Travail" et les manifestations se succèdent. Qu'avez-vous envie de lui dire ?

J'ai beaucoup d'amitié pour Myriam. Nous sommes deux femmes de la même génération qui avons, l'une comme l'autre, entendu certains quolibets de la part d'élus masculins dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale !
Au sujet de la loi "Travail", un temps de concertation était nécessaire parce qu'y figuraient des choses inappropriées, mal ficelées. Les concertations ont permis de rééquilibrer un peu le texte. Le débat parlementaire qui suivra nous permettra d'avancer sur plusieurs sujets. J'en ai identifié trois : la question de la liberté religieuse, le mot laïcité devrait apparaître ; en ce qui concerne les TPE, certaines dispositions contraignantes ne leur sont pas adaptées ; enfin il faut corriger le licenciement économique pour les entreprises multinationales qui réalisent des bénéfices. Le fait de dire que le juge peut en tenir compte n'est pas une formulation suffisante.

• Etes-vous favorable au rapprochement des Centres droit et gauche ?

Aujourd'hui, si on veut gagner et redonner un élan dynamique, il faut que les centres soient recomposés. J'ai la conviction que ce rapprochement ne résultera pas d'un jeu d'appareils, mais qu'il s'opérera sur le terrain. Dans le Tarn et Garonne, il y des élus centristes qui me soutiennent parce qu'ils ont trouvé chez moi un pragmatisme centriste équilibré qui leur convient. Ils considèrent, non pas mon étiquette politique, mais mes propositions.
La recomposition du Centre est importante mais, à la veille d'échéances majeures, les appareils sont dans une autre logique. S'ajoute un problème : de nombreux élus ont une double appartenance. Les Valoisiens, par exemple, sont proches des Républicains avec lesquels nous n'avons rien de commun. Par contre, en temps que ministre, j'ai bien travaillé avec des députés UDI à l'Assemblée nationale. Dans les thèmes programmatiques que j'ai évoqués, il y a des sujets sur lesquels on peut renouer avec les centristes. Faire ce grand Centre permettrait de fédérer et, qui sait, de réconcilier les Français avec la politique. Fraternité, valeurs de la République, écologie environnement, Europe : on peut travailler ensemble. Au stade actuel, des efforts de rapprochement doivent s'établir au niveau local.

Réflexion de Pascal Ferchaud, maire de Saujon : « si les Centres ne renouent pas de liens, 
ils sont morts ». Autrement dit, ils seront aspirés, les uns par le Parti socialiste, 
les autres par les Républicains…
La belle épitaphe gravée sur la tombe de Michel Crépeau : 
« J'accepte de disparaître en tant qu'individu dès lors qu'il me sera permis d'éprouver 
au jour de ma mort le sentiment d'avoir accompli ma part d'humanité. 
C'est à travers elle que je survivrai ». A méditer !

Aucun commentaire: