lundi 16 février 2015

Chine : événement archéologique à Xi'an
Découverte du tombeau de la grand-mère
de l'empereur Qin Shi Huang
qui fit réaliser la fameuse armée enterrée

L'affaire fait grand bruit. En Chine, à A Xi'an, on a découvert la tombe de la grand-mère du premier empereur Qin Shi Huang. 

MARY-ANN RUSSON NOUS FAIT PARTAGER CET EVENEMENT :
Une immense tombe ancienne, abritant la grand-mère du premier empereur de Chine Qin Shi Huang, a été mise au jour lors de travaux (agrandissement du campus de l'Université) à Xi'an, ville située dans la province du Shaanxi, au nord-ouest de la Chine. Selon China.org.cn, le complexe funéraire couvre une superficie de 173 325 mètres carrés ; il s'étend sur une longueur de  550 m et une largeur de 310 m. C'est la deuxième plus grande tombe à avoir été découverte dans le pays.


Jusqu'à présent, les archéologues ont fouillé deux chariots et 12 squelettes de chevaux qui sont un symbole de haut rang, égal à celui d'un empereur ou d'un membre de la famille royale.
Les archéologues ont également découvert des poteries qui comportaient des incriptions chinoises dédiées à la grand-mère de Qin Shi Huang, avec des fragments de jade, d'or et d'argent. Ces témoignages ont confirmé que la tombe appartenait bien à l'aïeule de l'empereur. Les spécialistes pensent qu'il est à l'origine de cette sépulture, mais il n'existe aucune mention sur le sarcophage.
Premier empereur à unifier la Chine, Qin Shi Huang a fait adopter des réformes économiques et politiques à travers le pays. Avant son arrivée, la Chine était une multitude de royaumes combattants, chacun ayant sous son contrôle des seigneurs féodaux, ce qui conduisait à une grande instabilité. On connait peu de choses le concernant.
Après la mort de son père, il a régné à l'âge de 13 ans. Sa mère a alors entretenu une relation avec Lao Ai et deux enfants illégitimes sont nés. Plus tard, Ai Lao a tenté d'organiser un coup d'État avec l'intention de tuer Qin Shi Huang afin de placer l'un de ses deux héritiers sur le trône. Qin Shi Huang a ordonné la mort de ses demi-frères et sa mère a été placée en résidence surveillée. Certains se demandent si le premier empereur aurait pu avoir une relation plus étroite avec sa grand-mère qu'avec sa mère...

Plus tard, il ne choisit pas d'impératrice, mais il eut tout de même 50 enfants de ses nombreuses concubines. Il est à l'origine de la première écriture chinoise. Bien qu'il ait détruit de nombreux livres sur le passé de sorte que les chercheurs ne peuvent pas comparer son règne à ceux qui l'ont précédé, il a laissé au monde un héritage considérable comme de la Grande Muraille de Chine et son mausolée situé à Xi'an.
La réalisation de son tombeau a duré 38 ans et plus de 720 000 hommes y ont participé. On prétend que le plus secret entoure cette tombe, tous ses constructeurs ayant été tués. Il est également dit que ses concubines ont été enterrées vivantes avec lui. Quand les derniers témoins et gardes ont rapporté à la capitale que la tâche était achevée, ils auraient également été exécutés. C'est pourquoi l'emplacement de la dernière demeure de Qin Shi Huang se cachait depuis plus de deux mille ans !
En 1974, le tombeau a été découvert par les agriculteurs. En creusant des puits, ils sont tombés sur la garnison de 6000 guerriers en terre cuite. La chambre funéraire centrale, qui abrite le sarcophage du premier Empereur, n'a pas encore été fouillée car les archéologues ne disposent pas des technologies pour en préserver le contenu. Certains anciens pièges comme des rivières de mercure et arbalètes pourraient encore les attendre. Des sondes insérées dans la tombe prouvent en effet qu'existent dans cet environnement des quantités anormalement élevées de mercure...


• Souvenirs d'un voyage à Xi'an 
qui restera gravé dans ma mémoire

L'armée enterrée du tombeau de Qin Shi Huang (photo Nicole Bertin)
Qin Shi Huang : 
Les soldats de l’Armée enterrée 
l’ont rendu immortel… 

En 1974, non loin de Xi’an, ancienne capitale chinoise, un paysan fit une découverte qui "bouleversa" les milieux archéologiques. Par hasard, en creusant un puits, il mit à jour une cavité souterraine renfermant des soldats en terre cuite d’un autre âge. Ce face à face entre un homme du XXe siècle et des guerriers dormant depuis le IIIe siècle avant JC fut un moment inoubliable. Bien sûr, cet agriculteur ignorait tout de cette légion qui l’attendait dans le ventre de la terre, immobile et pourtant si présente... 

De toutes les découvertes archéologiques faites au XXe siècle, les soldats de l’armée enterrée de Xi’an, dans la province de Shaanxi, sont sans doute les plus émouvants. Vivant il y a plus de 2000 ans, ils étaient sous les ordres de l’empereur Qin Shi Huang qui les fit reproduire en terre cuite près de son tombeau. Cette œuvre gigantesque, qui s’insère dans la construction d’un mausolée, mobilisa plus de 700.000 hommes pendant trente-neuf ans, dit-on. Alors qu’en Palestine, deux siècles plus tard, Jésus prêcherait la parole du Père céleste, en Chine, un empereur imaginait une éternité guerrière où il devrait combattre de nouveaux ennemis ou retrouver les anciens, qui sait ?

Le rêve démesuré d’un empereur obsédé par la mort 

Il y a quelques années, plusieurs statues de la fameuse armée enterrée de Xi’an ont été présentées en France. Déjà connus des historiens et des passionnés de l’Empire du Milieu, ces soldats en terre cuite ont révélé au public un pan de la culture chinoise antique ainsi qu’un art dont la maîtrise peut surprendre. Ils présentent un double intérêt : ils démontrent à la fois le talent des sculpteurs - les représentations sont très réalistes - et la puissance de l’Empereur par leur importance. Cette armée des ombres est la signature posthume d’un tyran qui se souciait fort peu de ses congénères. Son auguste personne était le centre du monde ! Elle avait néanmoins des limites. Craignant de devoir rendre des comptes dans l’au-delà, il crut bon - et opportun - de s’y faire accompagner par ses guerriers. Non pas sacrifiés physiquement (comme ce fut le cas en d’autres circonstances), mais symbolisés dans l’argile. Chacun avec leurs caractéristiques personnelles. Par sa crainte de la mort qui tournait à la névrose, cet homme de poigne, autoritaire et peu conciliant, entraîna les siens dans ce que l’on pourrait appeler une « mégalomanie artistique du nombre » qui cache, en fait, un rituel funéraire élaboré.
De l’autre côté de miroir, il ne voulait pas seul affronter les dangers. Ses hommes, incarnés dans la terre cuite, prêts au combat, le protégeraient avec armes, chars et chevaux. En conséquence, son tombeau, sous un tumulus immense, serait grandiose.
Au commencement des travaux, durant la seconde année de son règne, ses intentions étaient claires : son désir était d’emmener avec lui tout ce qu’il avait apprécié durant sa vie terrestre, son armée en particulier : « Elle est la place du brave. Ceux qui ont rendu des services méritent d’être récompensés et honorés ». Mieux, dans le cas présent, ils seraient immortalisés...

Pour parvenir à cet exploit, il lança une mobilisation générale. Face aux difficultés que devaient rencontrer les sculpteurs et les potiers de l’Antiquité, le travail était colossal. Créer près de 10.000 pièces de grande taille, dans les conditions des premiers siècles d’avant notre ère, était une tâche considérable. Elle nécessita l’intervention de milliers d’artisans venant de toutes les contrées soumises. Ils purent ainsi échanger leur savoir, apprendre et peaufiner leurs expériences respectives. Toutefois, sous les ordres d’un Empereur cruel dont ils ne partageaient pas l’enthousiasme, ils ne purent exprimer librement leur esprit créatif et leur imagination. C’est pourquoi la sculpture de la dynastie Qin, rigoureuse dans son apparence, est moins sophistiquée que celle des Han.
La technique de moulage utilisée semble avoir été la suivante : les différentes parties des corps étaient réalisées, puis assemblées et cuites ensemble. Les détails des visages étaient faits par d’autres équipes, en respectant les expressions de chaque individu.
Quand ils furent alignés pour le grand voyage, tous les soldats affichaient une « réalité cosmique », les yeux grands ouverts et la tête droite. Arrivée jusqu’à nous comme par un miracle, cette armée en ordre de marche permet de mieux comprendre cette dynastie, connue jusque-là par des écrits.
Reflet d’une nation forte et unifiée, en apparence du moins, elle impose le respect. Personne ne sait vraiment pourquoi elle est tombée dans l’oubli pendant plus de vingt siècles.
Chaque génération a sa propre perception du temps d’avant. Les uns pensent qu’il est bon de connaître le passé, les autres estiment que les morts doivent dormir en paix. Parfois, ils sortent de leur sommeil par un hasard surprenant. C’est le cas de ces guerriers ensevelis dont le réveil n’est pas passé inaperçu.

Xi'an, passé et présent se rejoignent (photo Nicole Bertin)
Pour preuve, des milliers de visiteurs, venant du monde entier, les contemplent chaque année. De nombreux présidents dont Jacques Chirac (accompagné de Didier Quentin, actuel député maire de Royan) ou Bill et Hillary Clinton les ont vus : la liste est longue !

Sur cette photo, on reconnait Jacques Chirac et à l'arrière, Didier Quentin, actuel député maire de Royan
D’immenses salles les mettent en valeur. S’approcher d’eux est une "rencontre" particulière. Les découvrir dans les fosses où ils étaient disposés avec leurs chevaux provoque émotion et stupéfaction : comment un homme, si puissant fût-il, a-t-il pu orchestrer un tel chantier ?...
Le palais souterrain de Qin Shi Huang n’en finit pas de révéler ses secrets. Sa sépulture serait noyée dans des rivières de mercure afin de décourager les pillards. Dans les environs, en effet, des taux anormalement élevés de ce métal lourd ont été enregistrés. Sa mise à jour serait un événement international...
Finalement, à quoi bon aller gratter les orteils de Qin Shi Huang ? Son nom est désormais entré dans l’histoire : son armée l’a rendu immortel. N’est-ce pas ce qu’il souhaitait ?

La muraille de Chine (photo Nicole Bertin)
REPORTAGE/PHOTOS : NICOLE BERTIN
Association  des journalistes du patrimoine

Porter la coiffe : Notre empereur aurait créé la coiffe "mianlu" qui comporte deux rideaux de franges,de chaque côté de la tête. Pas très sexy, plutôt décoratif et protégeant du soleil !

• Qin Shi Huang au centre d’une administration centralisatrice 

Il était favorable à la philosophie légiste où « la force procède toute forme de pouvoir ». En conséquence, le fonctionnement de l’État ne dépend pas des qualités du souverain, mais de l’efficacité des lois promulguées ainsi que des institutions chargées de les faire respecter. Logiquement, le système est neutre puisqu’il est censé organiser la société dont il constitue les repères. Toutefois, les hommes savent adapter un ordre établi à leur propre avantage.
Qin Shi Huang, qui régna en véritable despote, n’avait rien à craindre de cette administration centralisatrice qui, finalement, lui laissait une marge de manœuvre appréciable. L’humanisme et la tolérance étaient exclus dans cette organisation basée sur l’obéissance des peuples conquis qui n’avaient guère droit à la parole. Cette attitude, liée au maintien et à la conservation du pouvoir, n’a rien d’exceptionnel. Longtemps, les gouvernants se prirent pour des "Fils du Ciel", investis de pouvoirs que seul l’au-delà avait pu leur offrir. À eux, êtres d’exception choisis sur le volet.
En Europe, pareillement, les rois possédaient leur titre « de droit divin ». Quand on y regarde de plus près, considérer qu’il puisse exister une égalité entre les hommes ne semble pas être le propre... de l’homme !

Pour la petite histoire, Qin Shi Huang pourchassa violemment les adeptes de Confucius. On dit qu’il les fit arrêter et enterrer vivants. Dans la foulée, il brûla leurs livres : une méthode radicale qui consiste à détruire une forme de pensée pour en imposer une autre. Dans l’histoire, les exemples de destruction d’ouvrages et de bibliothèques sont nombreux. Bref, quelles que soient les époques, les dictateurs se ressemblent et leur façon d’agir n’est qu’un éternel recommencement...

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