lundi 22 septembre 2014

Charente-Maritime :
De l’irresistible attrait
du candidat Lalande
sur le sénateur Belot…


Ou quand le sénateur maire UMP de Jonzac soutient le candidat socialiste aux Sénatoriales… à la grande surprise des élus de droite. 

Heureusement pour eux, Sarkozy revient et ils se consolent en se disant que la Gauche traverse elle aussi des turbulences. Claude Belot, lui, se moque de ces agitations. D’ailleurs, il n’apprécie pas les palais et encore moins les salons parisiens. S’il aime à dire qu’il agit dans la capitale à ceux qui n’y mettent jamais les pieds, il préfère son rocher, Jonzac, sous-préfecture de 3491 habitants. Un monde, un paradis terrestre qui donne droit à un passeport spécial !
Il s’est installé à la mairie pour la première fois en 1977. Avec le temps, il a fait ses preuves et gagné en haute autorité. Il s’est mis dans le bain en construisant les Antilles, un complexe aquatique suffisamment grand pour qu’il puisse être un jour baptisé de son nom. Ainsi, il aura laissé sa trace sur l’empreinte du pouvoir. Usant de ses influences, il est parvenu à tout contrôler, en ville comme à la campagne par le biais de la communauté de communes. Pour obtenir ses grâces, les courtisans lui prêtent allégeance. Quant à ceux qui le contestent ou lui feraient de l'ombre, ils peuvent toujours s’en aller. Il ne fera rien pour les retenir. Bien en contraire, ils sont bannis. 

Conscient qu’il vaut mieux faire envie que pitié, il valorise son image en recueillant les fleurs de la presse locale. Pour cette rédaction complaisante, il est devenu un « sage » dont il convient de lire et d’admirer les confessions. L’évangile selon Saint-Claude ! « J’ai passé mon temps à inventer un monde nouveau » dit-il très sérieusement. Que demander de plus ? Belot a parlé et tout est repeuplé.
Cet élu aurait-il fait le tour du cercle ? Eh bien non, semble-t-il ! Conscient qu’à 78 ans, son âge et sa position lui permettent toutes les audaces, voilà que le sénateur UMP, siégeant au Palais du Luxembourg depuis 1989, s’est pris d’une grande fraternité pour le maire socialiste de Montendre Bernard Lalande. Jusqu’à le soutenir ouvertement aux élections sénatoriales du 27 septembre prochain.

Claude Belot aux côtés des élus UMP D. Bussereau et J.P. Raffarin
Après l’ère des Radicaux de gauche (Moinet/Bonduel/Rigou), la droite a toujours fait carton plein à ce scrutin qui ne concerne que les grands électeurs. En 2008, le tiercé gagnant était Doublet, Laurent et Belot (UMP). Cette année, seul Daniel Laurent repart, les deux premiers ayant choisi de se retirer. Daniel Laurent a donc constitué une liste dont Claude Belot reconnaît les mérites. « Daniel Laurent fait son travail très convenablement et il a les idées claires » dit-il. Bref, le compliment n’est pas forcément enthousiaste, mais Daniel Laurent (maire de Pons) a la bénédiction du patriarche.

D. Laurent, maire de Pons, tête de liste UMP aux Sénatoriales
Claude Belot apprécie moins le dissident de la côte atlantique, Jean-Pierre Tallieu, celui qui a osé faire une liste alternative UDI alors que les caciques de l’UMP ont œuvré pour l’en dissuader. Tallieu serait-il le corsaire de cette Sénatoriale, celui qui bouleverse l’establishment et rigole quand Belot lui flatte le pavillon ? Il n’est pas interdit de le penser car le maire de La Tremblade possède suffisamment de recul. Président des sapeurs-pompiers du département, il sait éteindre les incendies, y compris ceux qu’allument des pyromanes non identifiés. Il dérange parce qu’il est libre et centriste avec, en seconde place sur sa liste, une jeune et jolie jeune femme à la tête bien pleine, Salomé Ruel, adjointe au nouveau maire de La Rochelle.

Manifestement, le maître de Jonzac a un penchant pour son voisin PS montendrais, Bernard Lalande. N’en déplaise aux esprits chagrins ! En réunion, il ne cache pas qu’il aimerait l’élection de deux sénateurs de Haute Saintonge, Laurent et Lalande. Le reste du département ne compterait-il pas ? On imagine déjà le travail énorme de Corinne Imbert (Matha) si elle est élue : comme Monseigneur l’Evêque, elle aura à représenter la Charente-Maritime de La Rochelle à Saintes !

Salomé Ruel, Claude Belot, Jean-Pierre Tallieu
Le soutien de Claude Belot à Bernard Lalande serait peut-être passé inaperçu sans les déclarations d’un candidat de gauche qui s’en est largement vanté. L’affaire aurait été aussitôt répétée à la liste Laurent ! Laquelle s’interrogerait. Mais Claude Belot n’est pas à une contradiction près : en Haute-Saintonge, c’est lui qui commande et classe les individus selon ses critères personnels d’appréciation. De Lalande, il dit : « C’est un garçon responsable. Je suis convaincu qu’il saura prendre des positions de rassemblement sur un certain nombre de sujets. C’est un progressiste ». Par la même occasion, Claude Belot souhaite que le Sénat renouvelé puisse « retrouver son âme ». Espérons que lui-même ne la perdra pas en chemin !

 Il n’y a pas grand chose à ajouter sinon que de tels engouements cachent sans doute de vraies priorités : édifier un palais des congrès à Jonzac par exemple. L’aide d’au moins deux sénateurs sera nécessaire pour débloquer des fonds publics difficiles à obtenir ! Pourrait s’y ajouter un autre élément : en 2004, la gauche majoritaire aurait dû prendre la présidence du Conseil général, poste qu’occupait alors Claude Belot (qui gouvernait avec une majorité de droite). Curieusement, un revirement eut lieu qui fit pencher la balance d’une seule voix (celle de Jean-Paul Berthelot, pourtant classé divers gauche) en faveur de la droite. Claude Belot garda ses fonctions. Bernard Lalande ne fut pas président et n’eut aucune autre opportunité de le devenir par la suite : le moment serait-il venu de lui renvoyer l’ascenseur ?

2004 : élection du nouveau président du Conseil général. Sur cette photo, avant l'ouverture de la séance, Bernard Lalande se trouve aux côtés de Jean-Berthelot, conseiller général de Cozes qui serre la main à Michel Rogeon, élu rochelais.

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