samedi 30 juin 2012

Mireille Calmel : Jamais sans Aliénor d’Aquitaine !


Plus de 11 millions de lecteurs

Il y a quelques années, l’Université d’Été de Jean Glénisson et de Pierre Nivet l’avait accueillie au cloître des Carmes. Mardi dernier, la médiathèque de Jonzac recevait l’écrivain Mireille Calmel dont les livres consacrés à Aliénor d’Aquitaine, en particulier, sont devenus des best-sellers. Publiée dans une quinzaine de pays, elle compte plus de 11 millions de lecteurs. Cette belle aventure a commencé en 2001…


Elle est assurément charmante. Mais elle n’est pas que cela ! Mireille Calmel a l’imagination fertile, comme en témoignent ses ouvrages dont les derniers en date : « le règne des lions » et « Aliénor, l’alliance brisée ». Pourtant, sa réussite n’était pas inscrite dans les astres, même si une petite étoile brille au-dessus de sa tête. Aussi curieux que cela puisse paraître, elle a toujours su qu’elle serait écrivain. Elle le disait déjà à son entourage quand elle était petite. Pour y parvenir, la route a été longue. Dans les salons, face à l’enthousiasme de ses lecteurs, elle affiche toujours la même candeur ; « c’est pour moi une joie de les voir nombreux. Autrefois, j’avais plutôt l’habitude des salles vides ».
En effet, il fut une époque où Mireille chantait et elle sait combien il est difficile de séduire le public. Depuis, elle est devenue une femme célèbre qui compte plus de 11 millions de lecteurs.

Avec le journaliste Jean Charrier, animateur de cette conférence.

Un itinéraire peu banal


Enfant, elle lit “le Petit Prince“ sur son lit d’hôpital et se dit en elle-même : « moi aussi, un jour, j’aurai mon nom sur une couverture de livre. Je ne mourrai pas ». Elle se bat contre la maladie et l’écriture la pousse en avant, la libérant de la servitude qui l’empêche d’avancer : « elle m’apportait cette lumière qui me manquait tant. Grâce à elle, j’arrivais à exorciser ma peur » se souvient-elle.
Comme elle ne peut pas suivre une scolarité normale, elle s’instruit seule, en lisant. Sur ce chapitre, elle est insatiable. « J’ai un parcours jonché d’épreuves et je suis une autodictate » avoue-t-elle avec humilité.

Les années s’écoulent. Originaire du Midi, elle rencontre bientôt l’homme de sa vie en Gironde. Enseignant, il a réalisé une judicieuse méthode sur l’apprentissage de la lecture au cours préparatoire et compose des fables satiriques. C’est le coup de foudre.
Suite logique, Mireille devient mère de famille et se consacre à l’éducation de ses enfants. Elle n’abandonne pas le monde littéraire pour autant et participe, à Blaye, à l’atelier théâtre du Mascaret où elle donne des cours. Elle écrit aussi des pièces et des paroles de chansons.
Au gré de ses recherches historiques, elle rencontre - un beau jour - la fabuleuse Aliénor d’Aquitaine et le troubadour occitan Jaufré Rudel. Ces deux personnages lui « parlent » avoue-t-elle. Soucieuse d’en savoir plus sur Aliénor, elle dévore tout ce qui a été écrit à son sujet : « Malheureusement, n’ayant pas fait d’études, les portes des universités m’étaient fermées. Je n’ai pas baissé les bras, mais ce fut un parcours du combattant ». Par le biais de relations « indiquées », elle entre en contact avec Régine Pernoud. Peu à peu, les brumes qui entourent Aliénor se lèvent. L‘idée d’un roman historique, dédié à la femme de Louis VII et d’Henri II Plantagenêt, se dessine en filigrane. Durant plusieurs années, elle ne ménage pas ses efforts et le résultat est bientôt là. Six cents pages attendent un éditeur…

Mireille Calmel appartient désormais au jury du Prix des Romancières : « Ça vaut tous les prix littéraires » avoue-t-elle.

« Riche et célèbre » !


Trouver un éditeur est un véritable chemin de croix. Mireille ignore tout de cet « univers » et elle hésite. Elle choisit quelques grandes maisons auxquelles elle envoie son manuscrit. S’armant de courage, elle pousse des portes.
Finalement, après plusieurs rebondissements, elle retient l’attention de Bernard Fixot, « un homme pas comme les autres » qui croit en elle. Elle la tient, sa première chance ! « Je me souviens du soir où il m’a téléphonée pour me demander de signer le contrat avec les éditions XO. J’étais en train de faire la vaisselle ! » dit-elle en riant.
Mireille tourne une page de son existence et concrétise un vieux rêve. Elle admet qu’elle a eu une chance insolente renforcée par un courage inaltérable : « J’ai appris que seulement 1 % des manuscrits reçus avait une chance de sortir de l’anonymat. Personnellement, je crois que je suis arrivée au bon moment » souligne-t-elle.
Son ouvrage voit le jour. Diffusé par France Loisirs avant d’être vendu en librairie, « le lit d’Aliénor » rencontre un succès rapide et confirmé en France et en Europe. Les États-Unis et le Japon s’y intéressent également. « Un million d’exemplaires, c’est magique ! J’avais toujours dit à mon mari que je deviendrais riche et célèbre » plaisante-t-elle.
Loanna de Grimwald, la confidente d’Aliénor, aurait-elle sorti sa baguette ? On serait tenté de le croire tant cette ascension est superbe et fulgurante.


Des projets

Mireille n’a jamais cessé d’écrire. Après le premier Aliénor, elle a publié Le bal des louves, une intrigue inspirée par les ruines du château de Montguerlhe et la saga de la Légende des Hautes Terres. Puis elle est revenue naturellement à la reine Aliénor et à Blaye avec Jaufré Rudel et sa femme, Loanna de Grimwald.
Les mythes se mêlent aux réalités : « Quand on découvre la citadelle de Blaye, on s’arrête forcément devant le château des Rudel ». D’ailleurs, le fameux troubadour ne serait pas mort à Tripoli, dans les bras de sa princesse lointaine, mais il aurait fait souche en Gironde avec Loanna, descendante de Merlin l’enchanteur. D’où l’intérêt que Mireille Calmel porte à ce lieu.
D’ailleurs, autrefois, elle appelait ses poupées Loanna. Simple coïncidence ou prédestination ? Qu’importe l’exactitude historique pourvu qu’on ait le poids des mots et le choc des idéaux !

Mireille Calmel met environ six mois à écrire ses ouvrages, la recherche historique nécessitant plusieurs années.
Avec ses deux derniers Aliénor, « la raconteuse d’histoires » est revenue à ses amours premières. Et des histoires, elle en a pour les temps à venir, Richard Cœur de Lion, Julie de Maupin : « je vis intensément dans la peau de mes personnages. Je me projette, je ris, je souffre avec eux. En écrivant Lady Pirate, il m’arrivait de ressentir le roulis de la mer ».

Manifestation organisée par la Médiathèque de Haute Saintonge.

Ainsi est Mireille Calmel à qui l’on a envie de dire : « surtout, ne changez pas ! ». Elle sera présente au salon du livre de Pons dimanche 16 septembre prochain.

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