vendredi 12 novembre 2010

Simounet a ripé ses bots


Lundi après-midi à l’Eguille, la patrie de l’académicien de Saintonge Jacques Daniel, avaient lieu les obsèques de Jacques Hermand, dit le grand Simounet. Le jour de ses 84 ans. En effet, il était né le 8 novembre 1926…


Avec sa disparition, le monde du patois est en deuil. Il repose désormais aux côtés de son épouse : « Depuis son départ, il ne voulait plus être le grand conteur auteur farceur comédien qu’il a su être encore une fois, même affectivement très atteint, quand il nous a offert son ultime spectacle dans les ateliers d’art voici deux ans. Merveilleux cadeau que les participants ne risquent pas d’oublier. Les fidèles des Artisans Baladins doivent avoir, comme nous, un coup au cœur, après nous avoir provoqué tant de coups de cœur. Il nous a tellement fait rire avec des choses sérieuses et poétiques que je crois bien qu’il ne faut pas pleurer. Il n’aimerait pas ça » souligne son ami Jeff d’Argy. Une nombreuse assistance lui a rendu hommage, à commencer par ses camarades patoisants qui ont rappelé, avec tendresse et sincérité, ses nombreuses qualités.

Une grande figure du patois

Directrice du journal Xaintonge, Maryse Guédeau se souvient de lui avec émotion : « Jean Hermand était une grande figure du patois charentais. Depuis les années 1980, il s’était imposé comme le maillon de transmission du patois d’hier et celui d’aujourd’hui. Il était aimé et respecté par tout le milieu saintongeais. Le Grand Simounet’ (et dites bien Simounette, châfre qu’il tient de son arrière-grand-mère, “une Simounet qui portait la thiulotte” comme il se plaisait à raconter et qui avait semé son patronyme au féminin sur plusieurs générations) était un vrai artiste. Et il faut l’avoir vu pris par les affres du trac avant de se mettre en scène et vivre avec lui son explosion de bonheur après ses représentations, pour en être convaincu. Simounet’ aimait profondément son public, tout comme il aimait passionnément la langue saintongeaise. Il s’était concrètement positionné contre certains intellectuels du côté de Poitiers qui dénaturaient son patois, ce parler saintongeais qu’il transmettait aux petits drôles avec son vocabulaire particulier des thius salés et des Galope-Chenaux qu’il a su remettre à l’ordre du jour, pour en faire des symboles de la culture saintongeaise. Impayable avec sa Juva 4, il a montré que le patois saintongeais n’est pas uniquement langue à rire, mais aussi à émouvoir. Tout le monde se souvient de ce magnifique texte qu’est “On a copé la treille” et qui lui restera à jamais attaché. Si mes textes ne sont pas tous à rire, disait-il, c’est parce que tout n’est pas à rire dans la vie. Et tout ne fut pas à rire pour lui quand il perdit son épouse, sa muse comme l’appelle son ami Jeff d’Argy, au point de finir à 84 ans par lâcher prise. Avec Jean Glénisson, le grand érudit jonzacais et maintenant le Grand Simounet’, ça fait brutalement, coup sur coup, deux grands Saintongeais qui nous quittent. À charge pour nous tous de ne pas perdre leur mémoire ».
Nous adressons toutes nos condoléances à la famille du défunt.

Jacques Hermand, tout à tour ostréiculteur, cultivateur assureur, correspondant de presse, grand patoisant. En 1997, il a publié aux éditions du Croît Vif “Galope-Chenaux“ (cliché Killian Gouille).

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