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vendredi 28 novembre 2008
Parti Socialiste :
Martine Aubry et Ségolène Royal Deux chattes sur un toit brûlant ?
Après un suspense digne des meilleurs polars, le Parti socialiste a enfin désigné son Premier secrétaire, Martine Aubry.
Ces dernières décades, les femmes tentent de faire entendre leurs voix dans l’univers très masculin de la politique. Elles avancent lentement depuis que Charles de Gaulle leur a donné le droit de vote, après la Seconde Guerre mondiale. On attend d’elles des qualités d’humanisme, de tolérance et de compréhension. Certaines portent le flambeau avec panache, comme Simone Veil qui reste la personnalité préférée des Français. Par contre, que penser du triste spectacle que viennent d’offrir Martine Aubry et Ségolène Royal se disputant, telles des fillettes dans une cour d’école, la place de Premier secrétaire du Parti socialiste ? On les a vues affichant rancœurs et incertitudes dans une arène télévisée où les roses étaient garnies d’épines ! Durant plusieurs jours, ce ne fut que rebondissements, accusations, insinuations désobligeantes et menaces judiciaires. Est-ce l’attitude qu’attendent les femmes qui les soutiennent et qui souhaitent - mais sans doute sont-elles naïves - que leurs représentantes fassent preuve de modération et de sincérité ? Après avoir ameuté le pays entier autour de sa personne, Ségolène Royal prêche aujourd’hui l’unité du PS : Pourquoi tant de bruit pour revenir à la case départ ? Serions-nous au jeu de l’oie ?
Suite au vote des militants, des erreurs sont effectivement apparues en faveur ou au détriment de l’une et de l’autre. A la section de Blaye (en Gironde), en Nouvelle Calédonie, à l’étranger, en Moselle. En début de semaine, le PS a compté et recompté, ce qui n’était pas sans rappeler le duel américain Bush/Al Gore. Après moult péripéties, le Conseil national du PS a enfin rendu sa décision mardi soir, attribuant la victoire à Martine Aubry par 102 voix d’avance contre 42 initialement. Fin du premier round !
La gelée « Royal » ?
Quel que soit le résultat, cette “affaire” démontre la scission qui existe entre le courant classique du PS et le mouvement que veut insuffler Ségolène Royal. L’avenir risque d’être difficile puisque les deux camps auront du mal à recoller les morceaux. Inutile de se voiler la face, les blessures sont réelles ! Nicolas Sarkozy doit se frotter les mains : même dans ses rêves les plus fous, il n’avait jamais pensé que deux candidates se battraient à ce point pour arriver à leurs fins !
« Avant toute déclaration, nous aurions eu des tractations sérieuses » glissent quelques observateurs qui préconisent les alliances secrètes plutôt qu’un déballage automnal. A titre d’exemple, la querelle Chirac/Sarkozy, qui a donné lieu à l’affaire Clearstream par Villepin interposé, relevait du même phénomène de pouvoir. Consciente de l’effet qu’aurait produit un affrontement public sur l’opinion, la Droite a su le cuire à l’étouffé...
Martine Aubry a donc les cartes en main et du travail en perspective. Elle devra moderniser son parti, faire des propositions crédibles (elle reste “plombée” par les 35 heures), refonder l’unité du PS en évitant les salves du camp Royal et faire front à l’extrême Gauche qui grignote du terrain en période de crise. De nombreux militants, déçus, pourraient bien se tourner vers la LCR...
Une évidence s’impose : en s’unissant, Bertrand Delanoë, Benoît Hamon et Lionel Jospin ont fait barrage à Ségolène Royal qui veut être la candidate socialiste aux prochaines Présidentielles. N’a-t-elle pas une revanche à prendre ? Les mois qui viennent diront si ce coup d’Etat avorté sera suivi d’un second, plus favorable à son plan de carrière. Mais qui est donc Ségolène Royal ? Une Jeanne d’Arc boutant l’UMP hors de France, Eva Peron en version people ou simplement une grande chanteuse de charme ?...
Photo 1 : Martine Aubry, l’ancien ministre de l’Emploi de Lionel Jospin (de 1997 à 2001), a été réélue à la mairie de Lille en mars dernier. Elle est âgée de 58 ans. Le Conseil national du Parti socialiste a validé son élection au poste de Premier secrétaire du PS par 159 voix contre 76 lors d’un vote à main levée. Le maire de Lille a devancé de 102 voix Ségolène Royal lors du vote des militants. Mercredi, elle s’est entretenue avec sa “rivale”. Arrangements en vue ?
Photo 2 : Ségolène Royal est confrontée à une défaite difficile à digérer, d’autant qu’elle ne cache pas ses intentions : se présenter aux Présidentielles en 2012. Entre les deux, elle défendra son poste à la présidence de la Région Poitou-Charentes.
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