Pour protéger les habitations contre les incendies, dans le cadre de la DECI, les communes sont invitées à installer à proximité de chaque hameau ne disposant pas d'une borne ou d'un point d'eau suffisamment important, de grosses réserves artificielles de couleur verte. Pas très esthétiques, mais bien utiles en cas de sinistre. Leur coût financier est à supporter par la collectivité, entre 10.000 et 15.000 euros l'unité. Leur absence peut avoir des conséquences sur les attributions de permis de construire. Le sujet fait actuellement débat.
Réserve installée sur la commune de Polignac dans le Sud Saintonge |
« Si nous sommes tous d'accord sur les moyens à déployer dans la lutte contre les incendies, le respect des normes actuelles en zone rurale a un coût et peut bloquer les permis de construire » a déclaré récemment Claude Belot, président de la Communauté de Communes de Haute-Saintonge. En effet, la législation veut que les villages ne disposant pas d'une borne ou d'un point d'eau important validé par le SDIS soient équipés de grandes bâches vertes aériennes ou enterrées afin de constituer des réserves accessibles. Les priorités : une implantation à proximité des risques à défendre, un accès facile et une capacité minimum de 120 m3 d’un seul tenant. Elles doivent se trouver à moins de 400 mètres des maisons à la campagne et à moins de 200 mètres en secteur urbain. « Sur le territoire, l’habitat est dispersé et les hameaux sont nombreux dans les communes. Le prix unitaire de ces réservoirs se situe entre 10.000 et 15.000 euros. Faites le calcul pour couvrir l'ensemble du territoire ! » souligne l'élu. Il appuie là où ça fait mal : l’investissement financier est très élevé.
« A ce jour, 106 communes sur 129 ont réalisé des schémas communaux. Les diagnostics qui nous sont parvenus suscitent des interrogations : Cercoux a 55 points d'eau à créer pour en avoir 80 au total, à Mirambeau 48 sont à créer sur un total de 77, à Saint-Aigulin 38 sur un total de 90. Soit 2000 à 2500 points d'eau à l'échelle de la Haute-Saintonge pour un montant se situant entre 25 et 30 millions d'euros. On se bat aujourd'hui contre les éoliennes, mais nous risquons d'avoir dans le paysage 2500 bâches ! En terme touristique, ce n'est pas l'élément le plus attractif qui soit ! » ajoute Christophe Cabri, conseiller départemental et maire de Jonzac.
Si ces dispositifs ne sont pas installés, les permis de construire ne sont pas accordés. Une réalité que déplorent certains édiles puisque la vitalité des régions gravite autour de la venue de nouveaux habitants. La situation fait débat. « On nous refuse des permis de construire dans des endroits où il y a des maisons depuis belle lurette au motif qu'il n'y a pas de réserves contre l'incendie. Les réserves artificielles en question, outre qu'elles représentent un investissement conséquent pour les communes, ont une espérance de vie d'une vingtaine d'années. Il existe sûrement d'autres possibilités pour faire face efficacement aux incendies » estime Christophe Cabri.
Un dialogue devrait prochainement s’engager entre les principaux responsables afin de trouver la solution la mieux indiquée pour chacune des parties (Préfecture, SDIS, communes, élus). Claude Belot préconise l'achat de six camions-citernes (contenant 13000 litres d'eau environ, investissement de 2,4 millions d'euros) par la CDCHS. Ils seraient stationnés dans les centres de secours et viendraient en complément du matériel du SDIS. « Ils aideront à combattre les feux tout en évitant au territoire de la Haute-Saintonge une constellation de bâches, sans compter la superficie que celles-ci seront appelées à occuper au final, quelque 15 hectares de terrain environ » explique Christophe Cabri.
Intervention de Christophe Cabri au Conseil départemental |
Alors qu'il était président du Département, Dominique Bussereau avait abondé dans son sens : « Il faudrait une révision des textes par le Parlement. La législation de la défense contre les incendies est appelée à évoluer » avait-il remarqué à l'époque.
Par ailleurs, parmi les pistes à explorer, figurent les piscines privées : seront-elles comptabilisées comme un point d’eau incendie de la commune ? Selon les spécialistes, « les points d’eau doivent garantir une pérennité dans le temps, soit une pleine capacité tout au long de l’année. Ce n’est pas le cas de toutes les piscines. De plus, le point d’eau doit être accessible en permanence et sans obstacle pour tous les véhicules incendie. Là encore, ce n’est pas le cas de toutes les piscines. Cependant, lors d’une intervention, l’évaluation de la situation peut justifier l'utilisation d’une piscine si l’accès et la ressource le permettent ».
Affaire à suivre…
• En fonction des besoins : « Le besoin en eau est calculé par le SDIS selon l'importance des habitations et des entreprises du périmètre. Si vous êtes dans un lieu-dit où il y a deux maisons, le volume en eau nécessaire ne sera pas le même que si vous êtes proche d'une grosse scierie » souligne un maire.
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