mercredi 18 juillet 2018

Factures d'eau sur Jonzac : les salaires des structures de Véolia et la SAUR alourdissent la dépense

Gabriel Amard, de la France Insoumise, est venu à Jonzac parler de la gestion de l'eau. Sur ce chapitre, cet élément nécessaire à toute vie sur Terre est largement encadré par des sociétés qui se partagent les parts du gâteau...


Jeudi 28 juin salle de la mairie de Jonzac, s'est tenue une réunion sur l'eau animée par Gabriel Amard, orateur national de la France Insoumise. Soixante personnes y assistaient, prêtes à échanger avec le conférencier.

En introduction, Gabriel Amard a présenté quelques chiffres pour démontrer à l'auditoire que l'eau est le bien commun prioritaire de l'humanité. Et pour cause, le corps humain est composé à 65 % d'eau et nous avons besoin de 2,5 litres d'eau par jour et par personne. Lorsqu'il en manque 2 %, nous avons soif. Trois jours sans eau et nous sommes morts ! Il est donc légitime de demander des « comptes » sur l'eau, et dans un premier temps, auprès des mairies.

La gestion citoyenne de l'eau est importante. Gabriel Amard prend pour exemple - entre autres - la ville de Jonzac (des factures lui ayant été communiquées). Les communes de Haute Saintonge sont gérées en majorité par le Syndicat Départemental des Eaux ; en revanche, la gestion de l'eau sur la commune de Jonzac est déléguée à des entreprises privées. La gestion de l'eau potable est confiée à la SAUR par un contrat de prestations (marché public de service). La Régie de Jonzac est le support administratif pour la facturation. La gestion de l'assainissement, quant à elle, est traitée par Véolia via une délégation de service public.
Cette gestion alourdit la facture d'eau des habitants car elle prend en compte les salaires des structures régionales de Véolia et de la SAUR ainsi que les frais des sièges nationaux, en plus des salaires des employés qui interviennent sur la commune. Dans une régie publique, on paye uniquement le salaire des personnes qui sont nécessaires au bon fonctionnement du circuit de l'eau (potable et assainissement).

Dans la feuille de comptes des entreprises, sont également comprises les lignes afférentes aux frais de sièges, de traitement de la pollution et de la recherche, sorte d'alibi pour organiser des remontées financières à la holding.

Gabriel Amard précise que la France Insoumise est là pour une plus grande justice. Pas de compromis, la gestion de l'eau potable et de l'assainissement doit être publique et citoyenne. Existent 30.300 centres de gestion de l'eau en France dont 24.000 ont une gestion publique et 6.300 une gestion privée avec des contrats Suez, Saur et Véolia (il précise qu'il y avait 12.000 contrats privés il y a 15 ans).
Le salaire du PDG de Véolia en 2015 était de 1.310.000 €/an, en 2016 de 1.900.000 €/an.
Dans une gestion privée, l'excédent reversé s'évapore et les responsables s'arrangent pour publier des comptes en négatif. En conclusion, Véolia, Suez et la Saur se partagent la plupart des marchés les plus rentables en s'assurant ainsi de confortables bénéfices et, à leur actionnaires, une importante rémunération. Dans une régie publique, les factures comprennent seulement le salaire des personnes qui entretiennent le réseau, les tuyaux, les châteaux d'eau… donc tout ce qui appartient aux citoyens. Les compteurs ont une valeur de 30 euros. Les factures sont payées régulièrement et il n'y a plus « d'évaporation » d'une partie de la facture.

D'ici 2026, les compétences pourraient être transférées de la commune à la Communauté des Communes. Gabriel Amard rappelle qu'en France, 5 000.000 foyers ne sont pas rattachés à l'assainissement collectif. Pour autant, ils ne doivent pas être pénalisés en leur faisant payer trop cher et d'un seul coup l'obligation d'un assainissement individuel. Il faut stopper aussi la folie de la privatisation des barrages qui doivent rester dans le giron public.

Concernant la tarification de l'eau, celle-ci doit être différente selon qu'il s'agit : d'une résidence principale où les premiers m³ doivent être gratuits avec une tarification progressive, ce qui se fait à Jonzac, et non pas au Syndicat Départemental des Eaux en ce qui concerne les autres communes de la Haute Saintonge ; d'une résidence secondaire qui ne devrait pas bénéficier de la tarification sociale ; d'une tarification professionnelle différente et plus chère le m³ que celle d'une résidence permanente car il y a une déduction fiscale pour les entreprises en fin d'année.
Plus largement, Gabriel Amard milite pour l'abrogation de la loi NOTRE et une organisation territoriale basée sur les communes et les départements. Il précise que le Syndicat Départemental des Eaux est plus puissant que la Communauté des Communes. Les maires ne gèrent plus l'eau, donc il faut donner la priorité à l'échelon communal ou éventuellement intercommunal.
 

Un débat riche en informations

• Très important : On peut rompre le contrat avec les délégataires moyennant finances. Il faut savoir que cela coûtera toujours moins cher que la facture. Il ne faut pas hésiter.

Il conseille de créer un collectif citoyen pour l'eau potable et l'assainissement en prenant comme base la facture, en la décortiquant pour bien comprendre. Il demande aux habitants de se « mêler » de politique en assistant aux conseils communautaires, municipaux, ainsi qu'aux réunions du syndicat départemental des eaux…
Ex : sur une facture, 70 % de la redevance de la ligne « lutte contre la pollution » est faite pour payer 100 % des politiques de l'eau comme les bassines (construction en Poitou-Charentes d'environ 200 bassines de 10 hectares chacune pour pomper dans les nappes phréatiques l'hiver afin d'arroser les cultures intensives l'été au profit d'un tout petit nombre d'agriculteurs, moins de 5 %). Ce sont les factures qui financent les grands ouvrages et non la collectivité...

• Le maire est responsable de la qualité de l'eau et doit faire la police de l'eau. Il est responsable du captage et de l'entretien car la facture d'eau est payée par les habitants.

• Le calcaire dépollue naturellement l'eau. Attention aux lobbies qui disent le contraire.

• Il condamne les bouteilles en plastique car des particules plastiques polluent dangereusement l'eau. Il faut se servir de bouteille en verre. Quelques conseils : remplir des bouteilles en verre pour faire décanter l'eau. Au bout de 24 h, la javel s'évapore et on peut boire l'eau.

• Le Parlement européen doit avoir une haute exigence sur l'eau (allusion aux futures élections européennes !). A Toulouse, une consultation a eu lieu pour savoir si les gens sont favorables à une régie publique.

• En conclusion, Gabriel Amard encourage fortement à créer un collectif de citoyens sur l'eau, à décrypter les factures d'eau, faire des visites guidées sur l'eau, sur le captage, à « s'approprier » l'eau, notre bien commun et à ne pas déléguer sa gestion au privé.

Cette réunion publique a fait prendre conscience de la nécessité de mieux comprendre les factures d'eau et d'interpeller les élus afin de se réapproprier l'eau, bien commun.

Par l'importance de ces réunions publiques où les orateurs nationaux de la France Insoumise sillonnent le pays et n'hésitent pas à venir au devant des habitants, la France Insoumise prouve sa capacité de gestion, de réactivité. Des solutions existent dans un cadre où citoyens et citoyennes auront toute leur place !

Concernant l'idée de créer un collectif citoyen pour l'eau potable et l’assainissement, le collectif Haute Saintonge de la France Insoumise propose de mettre cette question à l'ordre du jour des prochaines réunions des groupes d'action.

  
• Livres aux éditions Bruno Leprince :
Gabriel Amard : La Guerre de l'eau (6,00 €)
Gabriel Amard et Vivien Rebière : E comme eau publique (4,00 €)
Gabriel Amard : D comme droit à l'eau (4,00 €).
Livret thématique de la France Insoumise n° 29 : l'eau bien commun (1,00 €).

1 commentaire:

Unknown a dit…

Belle synthèse de cette conférence sur l'eau. J'y étais et je suis heureuse d'en retrouver ici les grandes lignes : Bravo !