jeudi 10 décembre 2009

Café philo au Casino :
Le travail et la liberté !


Vendredi dernier, le dernier rendez-vous des Feuillets d'automne était un café philo. Les amateurs étaient invités à plancher sur un vaste sujet : le travail et la liberté. Les discussions étaient menées par deux professeurs de philosophie du lycée de Jonzac.

La notion de travail suscite chez l'individu autant d'intérêt que d'aversion. L'activité, qu'elle soit ou non salariée, provoque des réactions mitigées ! De l'ouvrier à la chaîne (procédé élaboré par Henry Ford) au créateur qui invente par plaisir, il existe des mondes qui évoluent dans des sphères différentes.
Si Voltaire disait que le travail éloigne de nous trois grands maux : l'ennui, le vice et le besoin, toute tâche répétitive peut entraîner la lassitude, surtout quand elle n'est pas gratifiante. On est alors dans le taylorisme, « l'organisation scientifique du travail conduisant à la parcellisation des tâches en forçant les ouvriers et les employés à ne devenir que de simples exécutants dans d'immenses entreprises mécanisées ». En France, rappelez-vous la chapelle ouvrière qu'était Renault !

Dans les expressions usuelles, de mouvance judéo-chrétienne, le travail est contraignant : « toute peine mérite salaire ; tu travailleras à la sueur de ton front ».
Quel engagement personnel, quel effort pour obtenir une rémunération... Pas étonnant que les forces laborieuses soient devenues l'enjeu des partis politiques qui les conçoivent de manière contrastée. De "travailler plus pour gagner plus", formule chère à Nicolas Sarkozy, aux 35 heures de Martine Aubry "travailler moins pour partager", l'approche de la Droite et de la Gauche est aux antipodes. En filigrane, se trouvent d'un côté le patron exploiteur qui cherche à s'enrichir et de l'autre, une égalité stalinienne qui conduit à un manque de motivation peu propice à l'essor économique. Conséquence, aucune des deux formules n'est satisfaisante dans la réalité.

Travailler prend des tournures opposées selon que l'on soit maître de son destin ou simple exécutant. Question de ressenti et d'éducation ! S'y ajoute l'émotion. Quand les usines se délocalisent et que les ouvriers perdent leur emploi, une partie de leur existence s'envole. Ils appartiennent à l'entreprise à laquelle ils s'identifient. Les couper de cette deuxième famille ressemble à un deuil, purement et simplement. Et s'ils subissent des harcèlements, ils se suicident. Régulièrement, l'actualité rapporte ces cas douloureux...

Selon Kant, « l'homme, et en général tout être raisonnable, existe comme fin en soi, et non pas simplement comme moyen dont telle ou telle volonté puisse user à son gré ». Joliment dit. Si vous aimez les expressions plus guillerettes, rien ne vous empêche d'écouter Henri Salvador : « le travail, c'est la santé. Ne rien faire, c'est la conserver ! ».
Bref, l'heure et demie de ce débat s'est écoulée rapidement, entre gâteau et café offerts par le Casino. Quand le travail est agréable, on ne voit pas le temps passer...

Photos : Echanges fournis entre jeunes et moins jeunes

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