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dimanche 8 novembre 2009
L’écrivain Yasmina Khadra
à la médiathèque de Thénac
Samedi dernier, Françoise Souan et le conseil municipal de Thénac étaient en effervescence. En effet, succédant à l’inauguration de la médiathèque, ils recevaient l’écrivain d’origine algérienne, Yasmina Khadra, dont le parcours littéraire est original et intéressant.
Yasmina Khadra s’exprime dans un français parfait. Mieux, il possède en son vocabulaire des expressions que nous autres, habitués aux formules rapides, n’utilisons plus guère. Et pourtant, comme ces images que subliment les mots sont belles ! Réapprendre à exprimer nos émotions est sans doute le premier message que délivre - sans même s’en apercevoir - cet écrivain qui publie sous les prénoms de sa femme, Yasmina Khadra (jasmin vert en arabe).
Son parcours mérite d’être conté. Officier supérieur dans l’armée algérienne, il prend l’anonymat quand paraît son premier roman, Morituri, en 1997. Se sentant libre de ses actes, il soulève le poids de l’intolérance et brandit ces différences qui séparent les hommes.
Il dévoile son identité en 2001 avec “L’Écrivain“ et se taille une renommée internationale avec les noires aventures du commissaire Brahim Llob. Il colle aux réalités géopolitiques en publiant “Les Hirondelles de Kaboul“ (l’histoire se déroule en Afghanistan sous le régime taliban), “L’Attentat“ et “Les Sirènes de Bagdad“.
S’enrichir des différences
L’écouter en conférence à Thénac est une occasion à ne pas manquer. Devant un large public, il répond aux questions et explique des situations qu’il a cruellement vécues. En effet, après les attentats du 11 septembre, beaucoup d’Européens ont considéré les habitants du Maghreb comme des terroristes potentiels. « Je me bats contre l’obscurantisme » explique-t-il, et contre un amalgame qui vient tout simplement de l’éducation.
En Occident, en effet, on obéit trop souvent aux idées reçues de la pensée unique, sans se soucier des coutumes, des traditions et de l’histoire des pays. La cheptelisation des masses risque-t-elle d’entraîner une faillite déclarée du monde de l’intelligence ? La question est posée. On refait l’actualité dans les salons, sans trop savoir ce qui se passe sur le terrain. On croit en la télé, ce bourrage de crâne…
Yasmina Khadra ne jette pas la pierre pour autant : « j’ai de nombreux lecteurs en France et j’en suis heureux ».
D’une manière générale, il aimerait que les idées circulent davantage. Lui-même a parfois du mal à se faire accepter par les écrivains d’origine maghrebine parce qu’il a été militaire. « Je me suis investi dans l’écriture avec sincérité. J’invite mes compatriotes au Centre culturel algérien de Paris chaque fois que je peux. Je vais vers eux ».
Il parle d’Alger, de la guerre, d’Albert Camus qui l’a chamboulé, de la situation mondiale et des combats qu’il mène. Le cinéma l’a remarqué (L’attentat est en cours d’adaptation à Hollywood). Yasmina Khadra poursuit sur le chemin de la vérité, conscient de ce que le jour doit à la nuit…
• L'info en plus
• Mohammed Moulessehoul, alias Yasmina Khadra, est né d’un père infirmier et d’une mère nomade. Confié à une institution militaire à l’âge de neuf ans, il passe trente-six ans dans les rangs de l’armée algérienne qu’il quitte en août 2000. Avec sa famille, il arrive en France en janvier 2001. Les succès littéraires s’enchaînent et “L’attentat“ est retenu par les jurys du Goncourt et du Renaudot en 2005.
• Yasmina Khadra est traduit dans trente-huit pays : Albanie, Algérie (en arabe pour le Maghreb), Allemagne, Autriche, Brésil, Bulgarie, Corée, Croatie, Danemark, Estonie, États-Unis, Finlande, Grande-Bretagne, Grèce, Espagne (castillan et catalan), Hollande, Inde, Indonésie, Islande, Italie, Israël, Japon, Liban (en arabe pour le Machrek), Lituanie, Macédoine, Norvège, Pologne, Portugal, Qatar, Roumanie, Russie, Slovénie, Suède, Suisse, Taïwan, République tchèque, Turquie, Vietnam.
Photo 1 : Ne pas avoir d'œillères...
Photos suivantes : Conférence suivie par un nombreux public à Thénac, près de Saintes, et séance de dédicaces
Photos Nicole Bertin
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