samedi 4 juillet 2009

Conseil municipal de Saintes : Jean Rouger face aux ronchonnades et rouspétances des commerçants


• L’opposition monte au créneau : « Vous devez retirer ce plan de circulation »…

Il faisait bien chaud dans la salle du conseil, mardi en fin d’après-midi. Outre les fidèles qui, manifestement, n’étaient pas à la plage, une centaine de personnes mécontentes attendaient Jean Rouger de pied ferme : les commerçants furieux du nouveau plan de circulation, les parents d’élèves inquiets des fermetures de classes et les habitants duquartier du Maine, interrogatifs quant au futur terrain qui devrait accueillir des SDF. Autrement dit, l’ambiance était électrique et le premier magistrat déploya toute son expérience pour apaiser ces foyers qui auraient pu devenir ardents...



Face à l’Hôtel de Ville, de noir vêtus, les commerçants annoncent la couleur, celle du deuil. En effet, le nouveau plan de circulation élaboré par la mairie risque pour eux de sonner le glas. Que deviendront leurs boutiques si les clients viennent à bouder le centre ville ?
Et de craindre, à juste titre d’ailleurs, une “fuite“ vers les grandes surfaces de la périphérie ou Royan, une station balnéaire attractive (à une demi-heure de Saintes) qui ne pratique pas le stationnement payant.
Le cortège s’avance lentement. S’il pense être entendu rapidement, il s’est trompé. Jean Rouger ne change rien à l’ordre du jour établi et les manifestants doivent attendre plus d’une heure avant de dire - sans noms d’oiseaux - ce qu’ils ont sur le cœur.
Jean Rouger détaille le compte administratif ou plutôt il cède la parole à une collaboratrice qui s’en charge avec aisance. Elle rend cet exercice agréable alors qu’en certaines circonstances, il devient carrément rébarbatif...


Est-ce en raison de « la chaleur animale » (dixit Jean Rouger) qui règne dans les rangs que Corinne Gacel déclare, un peu tôt, que l’opposition ne votera pas le budget supplémentaire ? Le maire lui rappelle gentiment que ce dernier n’a pas encore été examiné. Surprise, l’élue se lève d’un pas alerte pour ouvrir une fenêtre, créant un courant d’air qui rafraîchit l’assistance... et les idées. Les personnes restées dehors peuvent suivre les débats en direct !
Le conseil revient au BS. La mairie y a inscrit une somme de 150 000 euros qui représente l’indemnité versée au gestionnaire du parking Pelletan si ce dernier n’équilibre pas ses comptes. Bernadette Schmitt, l’ancien maire de Saintes, a sans doute été imprudente en signant un tel document.
Pelletan étant peu occupé par les automobilistes, la rentabilité recherchée par l’investisseur n’est pas atteinte et la collectivité doit mettre la main à la poche.


saintes@hotline !

Le budget supplémentaire adopté, Corinne Gacel revient donc à l’attaque pour s’étonner de sa présentation par une fonctionnaire : « nous sommes stupéfaits car un budget est un acte politique ».
Elle enchaîne : « ce budget est un flagrant démenti à vos déclarations passées. Vous disiez maîtriser les dépenses de fonctionnement. Elles ont augmenté, dont 260 000 euros pour les ressources humaines avec la création de nouveaux postes. Vous aviez dit que vous alliez diminuer les fêtes et cérémonies. Elles sont majorées de 22 400 euros liés à diverses manifestations, Droits de l’enfant, Semaine du développement durable ».


Et de déplorer l’absence d’anticipation et de cohérence du maire dont l’essentiel de l’action pourrait se résumer « par les lignes des chapitres divers et autres ».
Cette bouffée pimentée chatouille le nez de Jean Rouger, héritier de la gestion de la précédente municipalité. Certains cadeaux seraient empoisonnés, disent ses colistiers.
En ce qui concerne la présentation du budget par une personne étrangère au conseil, il est clair :
« Nous autres élus, ne maîtrisons pas complètement les subtilités techniques et mécaniques de ces sujets. Il est important d’avoir une base de repère de débat, loin de toute sécheresse administrative ».

Circulez, y’a quelque chose à voir !

Les questions, relatives au plan de stationnement rive droite et à la mise en place de la navette, sont attendues avec intérêt par les manifestants qui patientent debout. Le principe est simple : Jean Rouger veut rendre Saintes aux piétons et aux vélos (création qu’un quai spécifique rue de Verdun) en diminuant le trafic routier.
En ligne de mire, les voitures tampons qui appartiennent aux commerçants et aux personnels des collectivités. Désormais, ils sont invités à stationner au Parc des Expos où une navette part vers le centre ville tous les quarts d’heure. Depuis le 1er juillet, elle est mise gratuitement à leur disposition le matin et le soir. Autre possibilité, payante celle-là, laisser sa petite auto au parking Pelletan (derrière l’Arc de Triomphe).
Parmi les grandes innovations, la place Bassompierre est interdite au stationnement et le parking de la place Blair deviendra payant à compter du 15 juillet.



« Il est difficile de changer les habitudes »

L’opposition demande des comptes à Jean Rouger tandis que la salle s’agite. Bruno Drapon déplore la manière dont cette décision a été prise, sans concertation : « Et dire que vous prôniez la démocratie participative. Vous passez en force les projets sans tenir compte de l’avis des commerces du centre ville. Des retombées négatives vont se faire ressentir sur leurs chiffres d’affaires. Vous devez écouter les Saintais et abandonner ce plan. Bernadette Schmitt l’a fait avec Bassompierre. Nous aimerions que vous soyez aussi attentifs à la vox populi qu’elle ne l’a été ». Cette sortie est suivie d’un tonnerre d’applaudissements.


Jean Rouger ne change pas de stratégie : « j’entends parler de la fluidité de la circulation depuis 1968. Je sais qu’il est difficile de changer les habitudes et les comportements. Je le conçois. Il est normal que ça dérange ».
Bruno Drapon lui coupe la parole, rappelant que l’opposition n’a pas été officiellement invitée aux réunions publiques. « Vous ne devez pas m’interrompre, je suis le maire » lance Jean Rouger, visiblement irrité. Des sifflements se font entendre. « Vous êtes d’abord un élu » rétorque Bruno Drapon qui campe sur ses positions. La tension monte au point que Michèle Carmouse, silencieuse jusqu’alors, demande à chacun de se respecter.
On revient à ces fameuses réunions publiques, 17 au total, annoncée par la presse, ce qui a permis aux intéressés de s’y rendre. Pour Jean Rouger, il n’y a qu’une solution pour tester son plan de circulation :
« il faut le mettre en œuvre. Notre objectif est de développer la rive droite. Si ce plan présente des inconvénients, nous en tirerons les conséquences ».
Margerita Sola en profite pour raviver les mémoires : « nous continuons à payer les études demandées par Bernadette Schmitt pour Bassompierre, soit 900 000 euros. Dans l’élaboration du nouveau plan, notre attitude est limpide. Des réunions ont eu lieu et les remarques ont été prises en compte. Pour preuve, le projet initial a été transformé. Une évaluation sera faite au bout de trois, six et neuf mois. Nous ne souhaitons pas la mort du centre ville ».
Une complaisance en entraînant une autre, Françoise Bleynie annonce le coût des aménagements programmés, soit 100 000 euros. Le maire ne nie pas ce montant : « Notre souhait est de rendre la ville plus agréable. Les choses ne sont pas faciles et j’entends les ronchonnades et la rouspétance de certains commerçants et habitants. A partir du 15 juillet, le dispositif sera appliqué. Nous sommes au début d’un changement ».


La navette accessible aux handicapés ?

T
hierry Meneau serait favorable à une réflexion générale des élus sur l’avenir de Saintes. « Les commerçants ne sont pas ronchons, mais inquiets. Ils vous demandent de déplacer votre plan de circulation après les vacances. C’est du bon sens dans la crise actuelle. Vous pouvez attendre deux mois ».
Pierre Dietz estime qu’il ne faut pas diaboliser cette affaire : le stationnement reste gratuit avant dix heures, entre midi et deux heures et après 17 heures. Des négociations avec le gestionnaire du parking Pelletan vont avoir lieu.
Mme Landreau soulève une question intéressante au sujet de la navette : elle doit être accessible aux handicapés dès sa mise en service, comme le stipule la loi. Et non en 2015. Jean Rouger joue la franchise : comment y parvenir avant le 15 juillet ?
Bref, ce fut un bel échange entre majorité et opposition. Si, globalement, le ton est resté zen, un malaise est perceptible dans les rangs de la majorité. En effet, remontés, les commerçants parlent. Or, il n’est jamais bon pour une nouvelle municipalité d’être la cible de plusieurs fronts. S’y ajoutent en effet les doléances des parents d’élèves (délocalisée, l’école Pelletan fermera en 2012, les Jacobins et Paul Bert nécessitent des travaux) et des habitants du quartier du Maine, soucieux quant à la proximité d’un camp de SDF à la Palud. Selon Thierry Leblan, la DIREN aurait émis un avis négatif à cette installation. En conséquence, le projet serait tombé à l’eau...




• L'info en plus
Le CCAS de Saintes refuse de traiter les dossiers du RSA


En voilà un pied de nez à Sarkozy, ce qui rendit le débat bien évidemment politique ! La parole fut donc laissée à Dominique Delamarre, membre du CCAS, qui expliqua pourquoi le Conseil d’Administration avait pris cette décision. L’obstacle principal est le manque de financements pour instruire et accompagner les dossiers. Le CCAS, qui compte trois postes, traite 350 dossiers de RMI. Il aimerait que ce nombre soit doublé en passant à six.
Elle enchaîna en décrivant l’ambiance dans laquelle se déroule le passage au RSA
: « on a tendance à culpabiliser les chômeurs, comme si cette situation était un choix de leur part et non la résultat de la pénurie d’emplois ». Selon ses déclarations, cette politique des bas salaires ne peut qu’accroître la précarité. Par contre, elle peut intéresser certaines entreprises peu scrupuleuses qui cherchent à employer du personnel bon marché à temps partiel.
La conclusion fut claire : Le CCAS n’assurera pas l’instruction des demandes de RSA qui seront orientées vers la CAF et le Conseil Général. Reste à savoir quelle position va prendre le Préfet puisque dans ce cas précis, une loi votée par la République ne sera pas appliquée...

• Au nom du PACS et de Noël Mamère !

Désormais, la ville de Saintes pourra célébrer cette union civile. Elle ressemble à un mariage, mais n’en est pas un. Lors de la cérémonie, le maire lira deux articles du Code civil. Il remettra ensuite un livret aux partenaires ainsi qu’un cadeau offert par la municipalité. Si les pacsés gardent leurs noms respectifs, ils ont les mêmes avantages en matière d’imposition que les couples mariés ainsi que lors des successions.

Photo 1 : Les commerçants inquiets quant au nouveau plan de circulation

Photos 2 et 3 : Le conseil municipal, présidé par Jean Rouger, en présence des commerçants

Photo 4 : On reconnaît Jean-Pierre Blanchard, le célèbre peintre de Saintes.

Photos 5 et 6 : Les commerçants ont attendu plus d’une heure avant que le plan de circulation ne soit abordé

Photo 7 : L'opposition est monté au créneau

Photo 8 : Et les commerçants ont apprécié !

Photo 9 : Toujours un nombreux public aux séances de conseil !

Photos 10, 11, 12 : Les commerçants mobilisés étaient vêtus de noir

Photo 13 : L'intervention de Mme Delamarre

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