lundi 13 juillet 2009

Histoire : Sans le saintongeais Pierre Dugua, qui sait si Québec aurait été fondée... et fondée française ?


Parce que Jean-Yves Grenon, ancien ambassadeur du Canada a épousé une jonzacaise, il n’est pas de rare de le croiser en Charente Maritime et plus précisément à Royan où il possède une maison.
C’est également à Royan que naquit, voici plusieurs siècles, celui qui allait aider Champlain à fonder Québec, Pierre Dugua de Mons, ancien gouverneur de Pons et propriétaire du château d’Ardennes à Fléac. Or, comme le souligne à juste titre l'ancien diplomate, Dugua le protestant a été «éclipsé» par Champlain le catholique. L’histoire avait fini par oublier ce "détail".
C’est pourquoi, soucieux de justice, il est parti en croisade pour rendre à Pierre ce qui n’est pas à Samuel !



Ses interventions ont été couronnées de succès : il y a quelques années, la ville de Québec et le Ministère de la Culture ont profité des fêtes de la Nouvelle France pour (enfin) reconnaître l’action déterminante de Dugua, dont le rôle dans la fondation du premier établissement français en Amérique du Nord est incontestable. Une plaque avait d’ailleurs été dévoilée en présence des autorités dont Agnès Maltais, alors ministre de la Culture et Jean Paul l’Allier, maire de la ville de Québec. Imaginez le bonheur de Jean Yves Grenon qui n’a jamais cessé de « militer » en faveur de Dugua.



Selon les conseils de l’historien Marcel Trudel, il reste une autre tâche à accomplir : reconstruire à Québec l’habitation de Champlain, dont la maquette a été présentée au musée de Royan (on la voit aussi sur les vitraux de Brouage) et, qui sait, retrouver sa tombe. Mais là est un autre problème car personne, à ce jour, n'a pu la localiser malgré de nombreuses recherches…


• Allocution prononcéé le 3 juillet 1999 par Jean-Yves Grenon à l’occasion du dévoilement de la plaque «Pierre Dugua de Mons» par le maire de Québec Jean-Paul l’Allier

«La ville de Québec, ville de mémoire, accomplit un devoir de reconnaissance historique envers l’une des plus grandes figures de sa fondation, Pierre Dugua, Sieur de Mons, trop longtemps oublié dans la mémoire populaire.
La plaque dévoilée rappellera que Samuel de Champlain, notre fondateur, n’était pas seul dans son audacieuse entreprise.
Qui était Pierre Dugua ? Pierre Dugua Sieur du Fief de Mons, est né à Royan en Saintonge, de famille noble, vers 1560 et il est décédé en 1628 à Fléac sur Seugne, près de Pons dont il fut gouverneur de 1610 à 1618. Pour avoir combattu sous la bannière d’Henri de Navarre, le roi l’éleva à la dignité de "Gentilhomme ordinaire de la chambre du roi".


Champlain lui-même et l’historien de la nouvelle France, Marc Lescarbot, l’ont décrit comme un homme aimable, bon organisateur, persévérant et surtout animé d’un grand dessein, celui de donner à la France une terre en Amérique du Nord, avant que les Anglais ou les Hollandais ne s’y installent. Pour l’honorer Champlain, sur sa carte de 1613, désigna du toponyme de «Mons du Gua» le promontoire de l’actuel «Cap aux Diamants».

Financier prospère à Paris, il rêvait d’Amérique. En 1600, l’occasion se présenta d’accompagner son ami Pierre Chauvin à Tadoussac, alors simple comptoir saisonnier pour la traite des fourrures. Dugua, revenu en France, est déterminé à fonder une colonie de peuplement en Amérique. Non sans difficulté, il en obtient l’autorisation politique du roi Henri IV qui le nomme son lieutenant général pour l’Acadie et la Nouvelle-France, de 1603 à 1612, mais à la condition qu’il s’engage à financier lui-même les coûts de l’incertaine colonisation. En contrepartie, le roi lui accordait le monopole de la traite des fourrures avec le Canada, de manière à compenser les frais de l’entreprise, car il devait rien en coûter à l’Etat.

C’est ainsi que Dugua de Mons revenait en Amérique en 1604 pour y installer une première colonie, éphémère, à l’île Ste Croix, colonie qu’il lui fallut déplacer dès 1605 à Port Royal, l’actuelle Anapolis Royal, en Nouvelle-Ecosse. L’acadie était fondée.
Hélas, son monopole commercial ayant été aboli prématurément, suite aux pressions de l’intendant Sully et des marchands rivaux, privés du commerce des fourrures, Pierre Dugua dut se résigner, en 1607, à fermer Port Royal et à ramener les colons en France.
Malgré ce dur revers financier et politique, le sieur de Mons demanda au roi et obtient, le renouvellement de son monopole commercial, mais pour une année seulement. Il choisit alors son jeune ami Champlain, en qui il a toute confiance, pour aller fonder Québec.

Dans ce but, il le nomme son lieutenant et lui confère pratiquement tous ses pouvoirs politiques. Il donne également à Champlain tous les moyens matériels et financiers nécessaires à la réussite de la lointaine entreprise. C’est ainsi que Québec et son «abitation» furent la propriété de la compagnie du Sieur de Mons de 1608 à 1613, même si lui-même ne s’y rendit pas, soucieux de veiller en France aux intérêts de sa compagnie, constamment menacée par les autres marchands.
Et quand en 1609, alors qu’il n’y a plus que sept survivants à Québec, au moment où tout semblait perdu pour la France en Amérique, c’est à Pierre Dugua, que la Nouvelle France doit sa survie. C’est l’historien Jean Glénisson qui l’a rappelé récemment dans son livre « la France d’Amérique».


Plus tard, en 1617, Dugua écrira une très belle lettre à Louis Hébert afin de l’encourager à aller prêter main-forte à Champlain, en s’établissant à Québec avec sa famille. En 1619, déjà âgé et alors qu’il était à la retraite, Dugua entreprit le long voyage de Pons à Fontainebleau pour défendre son lieutenant Champlain et obtenir que Louis XIII le confirme comme commandant à Québec, alors qu’une nouvelle compagnie commerciale voulait l’en déloger.
Enfin, permettez-moi d’emprunter ma conclusion à l’historien Marcel Trudel qui a écrit que : «sans Dugua, on peut présumer qu’il n’y eût pas eu de Champlain». Pour ma part, j’ajouterais : et qui sait si Québec aurait été fondée, et fondée Française ? ».



Photo 1 : L'habitation de Québec

Photo 2 : L'un des bateaux sur lequel voyagea Champlain

Photo 3 : Cérémonie avec Jean Yves Grenon, ancien ambassadeur

Photo 4 : Un monument en souvenir de nos pionniers saintongeais

Photos 5 et 6 : Iles et indiens de l'époque de Champlain

Photo 7 : Le château de Meux, près de Jonzac, où vécut la femme de Dugua de Mons, Judith Chesnel

Photo 8 : L'historien Jean Glénisson, Mme Bouchet et Jean Yves Grenon devant la maquette de l'habitation de Québec au musée de Royan

Photo 9 : Jean Glénisson, Mme Bouchet et Guy Binot

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo Nicole !

Belle histoire de survie !

De 7 personnes à plusieurs millions en 2010.

Mais en 2010, je sens qu'au Québec la situation ressemble à celle de 1620.

Voir mon Blog:
http://arrieregrandpere.wordpress.com/

Jany Grassiot a dit…

Superbe texte qui démontre une autre face de l'origine de Québec !
Les illustrations nous donnent un beau complément de recherches et nous incitent à lire ce document de qualité !!! Honneur aux Saintongeais créateurs d'une ville fière de son passé et qui a su prospérer au fil des siècles .
Merci Nicole de rappeler le souvenir de Pierre Dugua du Mons !!!!