dimanche 17 mai 2009

Proche-Orient : Le royaume de l’insolence ?


Le poids des maux, le choc du pavot : le conflit qui agite le Proche-Orient depuis des années ne présage rien de bon. En effet, par-delà les intérêts particuliers (approvisionnement et acheminement du pétrole et du gaz), des cultures s’affrontent au nom de dieux qui n’ont rien demandé. Bien qu’étant issues du même livre, les religions musulmane, chrétienne et juive, entendent toutes les trois montrer la voie. Et la venue bienveillante du pape Benoît XVI à Bethléem ne changera rien aux rivalités...

Mais que diable les Français font-ils dans cette galère ? Les Scapin modernes se posent la question.
Dans les années 1980, la fournaise est née de l’invasion communiste en Afghanistan qui fut contrée, à l’initiative des Américains, par un front islamique allant du commandant Massoud aux Talibans.
On aurait pu croire l’incendie éteint. C’était oublier la guerre civile qui allait opposer les Tadjiks de Massoud aux terribles Pachtounes. L’Occident crut alors que la victoire des modérés lui permettrait de contrôler ce pays sur lequel il comptait pour assurer ses débouchés pétroliers. En vain. Il fallut donc aller plus loin.
L’Irak envahi, les Américains croyaient-ils, comme les Croisés dans le passé, qu’il suffisait d’apparaître pour impressionner l’adversaire ?
Au XIIe siècle, il s’agissait de délivrer le tombeau du Christ. Si le but était officiellement pieu, les intérêts étaient à peine voilés. C’est à cette époque que furent créés les quatre états latins d’Orient (ou principautés chrétiennes), pris à l’ennemi arabe : le comté d’Edesse, la principauté d’Antioche, le comté de Tripoli et le royaume de Jérusalem qui s’étendait des montagnes du Liban au désert du Sinaï. Evidemment, les réjouissances ne durèrent qu’un temps et les conquérants durent lever le camp.

En observant les événements actuels, le passé apparaît en filigrane. La greffe israélienne, en plein pays musulman, est de plus en plus douloureuse. Et pour les Palestiniens, et pour les Israéliens car personne ne peut être satisfait d’une telle situation.
Que les enfants de l’Oncle Sam aient voulu renforcer leur position dans cette région et surtout maîtriser les gisements énergétiques au Proche-Orient est évident. Bush a alors recherché de fausses armes de destruction massive chez Saddam Hussein pour prétexter l’invasion. Il a liquidé le parti baasiste laïc pour mettre en place une autorité chiite. Un éléphant dans un magasin de porcelaine !
Situé à proximité, l’Iran a résisté, malgré l’embargo. L’ancienne terre de Darius possède trop de richesses en son sous-sol pour plier l’échine. En rétablissant le dialogue, Barack Obama montre qu’il connaît la géopolitique...

Ces territoires n’en restent pas moins instables et l’avancée des Talibans au Pakistan prouve que ce mouvement n’a rien perdu de sa vigueur. Chassés d’Afghanistan (où de jeunes soldats, comme Damien Buil, trouvent la mort à des milliers de kilomètres de leur pays), ces extrémistes religieux - comparables aux inquisiteurs catholiques - mènent la rébellion. Ils en ont les moyens.
L’Afghanistan, pays parmi les plus pauvres, est le premier exportateur de drogues au monde, dont la valeur de revente est estimée à 60 milliards de dollars américains. Les revenus réels pour l’Afghanistan ne représentent qu’une fraction de ce montant, mais elle est suffisante pour acheter des armes. Selon une enquête récente, 15 % de la population participent à la culture du pavot à opium, sans compter plus de 500 000 travailleurs et un nombre indéterminé de trafiquants, chefs de guerre et fonctionnaires.

A ce rythme, la guérilla peut continuer au nom de dieux suprêmes et salvateurs que les hommes entraînent insidieusement dans leur crépuscule.
Si les pays occidentaux, dont la France, font des efforts louables pour moderniser l’Afghanistan, une réalité saute aux yeux. Nos actions y sont certes généreuses, mais elles se heurtent à une autre conception de l’existence. On ne chasse pas d’un revers de la main des siècles de traditions. Les Anglais le savent bien. Au début du XIXème siècle, le Chah de Kaboul déclarait qu’il était plus facile de s’emparer de l’Afghanistan que de le garder. Les Anglais baptisèrent alors ce pays « le royaume de l’insolence ».

Dans le contexte actuel, les textes sacrés, gardiens de nos civilisations, s’inclinent devant les forces armées. Les bombes se substituent aux versets et les kalachnikovs aux chapelets. « Guerre : Le merveilleux de cette entreprise infernale, c’est que chaque chef des meurtriers fait bénir ses drapeaux et invoque Dieu solennellement avant d’aller exterminer son prochain » écrivait Voltaire dans son “Dictionnaire philosophique“. A méditer...

Photo 1 : Les forces françaises en Afghanistan.
La France apporte son soutien à l’Afghanistan : Protection des habitants, création de l’Institut médical français pour l’enfant à Kaboul, relance de la filière cotonnière, éducation dont l’enseignement du français à l’université, réhabilitation des infrastructures, développement de l’économie, du patrimoine culturel.

Photo 2 : Damien Buil, soldat français mort en Afghanistan en août 2008

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