samedi 9 mai 2009

Salon du livre de Saint Jean d'Angély : Bernard Pivot, Alain Rey, des fleurs et des livres


En attirant des auteurs reconnus - plus d'une cinquantaine - le salon du livre de Saint Jean d'Angély a démontré qu'il n'entendait pas s'en laisser «conter»...

Quelle belle journée, les oiseaux chantaient et le soleil brillait ! Ce cliché, que d'aucuns jugeront banal, a pris vendredi dernier une importance particulière.
En effet, organiser un vaste déploiement floral en centre ville, doublé d'un salon du livre, était ambitieux. Les responsables, dont la mairie de Saint-Jean d'Angély et Jean-Michel Marquebielle, président de Lirela, ont pourtant relevé le défi, récompensés en leur démarche par des cieux cléments. Oubliée, la menace des saints de glace qui pourraient bien inspirer le prochain roman de Nicolas d'Estienne d'Orves !

Il n'y eut point d'incantation, ni de procession à sainte Chlorophille, mais un anticyclone qui eut l'heureuse idée d'en finir avec les cumulonimbus. Il en est du bâtiment comme du ciel : quand il est bleu, la vie est rose !

La place de l'hôtel de ville était donc transformée en garden party et jardin d‘agrément. Paul Henri Denieuil, maire de cette ville au riche patrimoine - maisons médiévales, nombreuses façades XVIIIe - épata la galerie. D'un pas alerte, il parcourut tous les stands avec une assiduité remarquable, accompagné dans son sillage par deux mains vertes, Catherine Quéré, député, et Françoise Mesnard, conseillère régionale.

L'élu aime la nature. Il le démontra en interrogeant les exposants avec intérêt, chaque étape était assortie de commentaires détaillés. Conseils pour avoir de belles plantes (et les conserver), questions sur les arbustes et autres subtilités que Michel Lis n'aurait pas reniées. Autant de graines semées au vent ! Une "positive" attitude qui change du pas de course qu'adoptent certains élus, arpentant plutôt qu'appréciant les allées bordées de pétunias et les champs de sassafras.

L'âme printanière, l'édile montra l'exemple en allant à la rencontre de ses administrés, sourire en bandoulière et mèche en apostrophe. Seul problème, il prit du retard...

Le maire s'est perdu au milieu des fleurs...

Le temps passant, l'inauguration du salon du livre se déroula sans le premier magistrat qui, selon les organisateurs, « s’était perdu dans les fleurs ». N'y voyez aucune malice, bien que cette ville ait connu des soubresauts aux élections municipales avec la défaite du maire socialiste Jean Combes. A Saint-Jean, les roses ne semblent pas avoir d'épines, du moins en apparence !

Les discours, orchestrés par Philippe Bertrand, journaliste à France Inter, et Jean-Michel Marquebielle, eurent lieu en présence d’Alain Rey et Bernard Pivot, d'ailleurs ami de Paul Henri Denieuil.
Le sujet du jour était facile à deviner : ils parlèrent de la belle langue de France. Une nombreuse assistance prêta l'oreille, soucieuse et curieuse d'entendre ces deux personnalités.

Alain Rey, figure emblématique de la rédaction des dictionnaires Le Robert, est linguiste, lexicologue et philosophe du langage. « Il a publié de nombreux ouvrages sur la langue, la sémiotique et la littérature. Il est également un chroniqueur très apprécié » disent les critiques. Tout ça pour un seul homme : voilà qui peut donner des complexes à l'entourage ! Alain Rey sourit à la réflexion. Tolérant, il comprend parfaitement qu'avec l'évolution, l'argot se glisse dans les conversations.
« La langue est un héritage. Elle nous permet de communiquer, penser, échanger » explique-t-il. Inscrite dans nos gènes, elle appartient à notre patrimoine passé et à venir.

Il ne faut pas pour autant négliger patois et dialectes qui donnent une spécificité aux terroirs. En certains lieux, la langue officielle du pays côtoie celle de la région : parlez-en aux Vénitiens ou aux Antillais ! Sans aller aussi loin, c'est une réalité en Bretagne et au Pays basque.
Les langues sont en danger quand elles ne sont pas écrites, ce qui explique pourquoi le gaulois, par exemple, n'a pas résisté à la déferlante latine.
En se basant sur ce constat, la crainte de voir l'anglais - bien utile de par le monde car de plus en plus d'hommes et de femmes communiquent grâce à lui - dominer le français est infondée. Les deux langues ont leur place et si la plume de Molière était un peu moins pointilleuse en grammaire et conjugaison, peut-être ferait-elle plus d'adeptes !

Volontaire, Alain Rey contribue à la valorisation du français et sans doute mériterait-il de « donner son nom à un dictionnaire », comme le suggéra Bernard Pivot, membre de l'Académie Goncourt.
Le célèbre présentateur d'Apostrophes est chroniqueur littéraire au Journal du Dimanche, ce qui ne l'empêche pas de venir, le vendredi, en Charente-Maritime. Lui aussi est un ardent défenseur du français et de « ses expressions à sauver », ouvrage paru chez Albin Michel. Rappelez-vous ses dictées qui nous faisaient les cheveux arracher !


Suivirent les traditionnelles séances de dédicaces qui furent bientôt interrompues, devinez par qui ? par l'arrivée des officiels qui avaient enfin quitté le jardin originel. Non pas qu’ils en fussent chassés, au contraire ! Ils montèrent alors sur l'estrade et d'un même chœur, dirent leur plaisir de faire salon, sans faire tapisserie.

Paul Henri Denieuil souhaita à tous « une bonne journée florissante parmi les livres » tandis que Catherine Quéré avoua qu'elle avait deux amours, la lecture et le jardinage. Bref, le bonheur était dans le pré, loin de la crise et de la grippe porcine.

Le lendemain, samedi, le père Gilbert, curé des loubards, donnait une conférence. Dimanche, Jean Echenoz recevait le 20ème prix Aliénor d'Aquitaine. Rien ne sert de « courir », il faut partir à point. Cet auteur l’a pleinement démontré !


Photo 1 : Bernard Pivot dédicace dans les jardins...

Photo 2 : Nicolas d'Estienne d'Orves vient de publier un roman "Les derniers loups de Paris" chez XO. A lire absolument !

Photo 3 et 5 : Paul Henri Denieuil, maire, présente chaque stand

Photo 4 : Parmi les visiteurs

Photos 6 et 7 : l'inauguration du salon du livre

Photo 8 : Alain Rey qu'on ne présente plus

Photo 9 : Les langues s'inquiètent pour leur survie ou de la place qu’elles occupent sur l'échiquier international. Prenez par exemple le français au Québec. Nos "cousins" se battent pour le maintenir face à l'anglais triomphant. Par contre, en d'autres lieux, c'est le français qui s'impose sur la langue locale.

Photos 10 et 11 : Bernard Pivot, une personnalité attachante

Photo 12 : Un très nombreux public à la rencontre des auteurs

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pivot et Busseraux... quel plateau...