vendredi 26 septembre 2008

Gérard Masson : sa rencontre avec Jin Jing


« Les Chinois ont rendu Pékin accessible aux handicapés »


En obtenant la douzième place aux Jeux Paralympiques de Pékin qui se sont déroulés du 6 au 17 septembre, la France n’a pas démérité. Quatre athlètes de la région se sont illustrés en ramenant des médailles. Le jonzacais Gérard Masson, président de la Fédération Handisports, a conduit la délégation française dans l’Empire du Milieu. Il raconte cette formidable aventure.

Gérard Masson a le sourire. À peine rentré à Jonzac, il part rejoindre le tour de France qu’effectue la Fédération Han-disports.
Dans la capitale, l’invitée est l’escrimeuse Jin Jing, que l’on a vue sur tous les écrans en avril dernier. En effet, lors du passage de la flamme olympique à Paris, un manifestant, hostile à l’occupation du Tibet par la Chine, l’avait bousculée, cherchant à lui arracher la torche. À l’époque, l’affaire avait fait grand bruit puisqu’il s’agissait quasiment d’un « incident diplomatique » entre la France et la Chine. Depuis, les choses se sont arrangées !
« À Pékin, j’ai vécu des moments passionnants. Ces jeux ont été éblouissants » souligne Gérard Masson qui garde un souvenir ému des cérémonies d’ouverture et de clôture. « Les organisateurs n’ont fait aucune différence entre les Jeux d’Août et les nôtres. Sur scène, il y avait des milliers de figurants et toutes les évolutions étaient impeccables. Lors des compétitions, le nid d’oiseau était rempli tous les jours, soit quelque 91.000 places ».
Eh oui, en Chine, participer n’est pas un vain mot ! Sa rencontre avec Jin Jing a eu lieu d’originale façon : « Elle est venue m’interviewer avec la télévision. Elle est vraiment très sympathique. Elle m’a demandé de présenter la Fédération, en quoi consistait ma mission, quels étaient nos objectifs ».
Au total, la France a décroché 52 médailles (son objectif était de 60). Bien sûr, elle s’incline devant la Chine qui en a remporté 211, "une vraie razzia" ! Parmi les athlètes de la région, se sont distingués Jean Philippe Robin de Baignes en tennis de table (argent en individuel, or en équipe), Florence Gravellier de Royan en tennis (bronze en simple et double), Nicolas Vimont Vicary de Poiters en voilier sonar (argent) et David Mercier de Cognac en cyclisme (argent).
« Tout s’est merveilleusement bien passé sur le stade et au sein des comités » poursuit le président. Les dirigeants ont mis les bouchées doubles pour rendre Pékin accessible en installant des équipements nécessaires aux handicapés, dont des plans inclinés devant les magasins et les restaurants. La mythique Grande Muraille (tronçon de Balading) a ouvert ses remparts grâce à des ascenseurs. Quant à la Cité Interdite, en cours de restauration, des guides en grand nombre ont apporté leur aide aux nobles visiteurs étrangers. « Les Chinois ont vraiment relevé le défi. Il y a sept ou huit ans, un vaste chantier s’ouvrait devant eux. Aujourd’hui, ils sont au top. Ils ont respecté la charte. Ce qui m’a frappé, c’est l’implication des jeunes, dont nos interprètes. Ils étaient réactifs et attentifs à nos besoins ».

« Le sport permet d’intégrer les handicapés dans la société »


En fauteuil roulant depuis qu’un cruel accident lui a enlevé l’usage de ses jambes, Gérard Masson connaît la dure réalité des handicapés : les villes présentent moult obstacles et les municipalités, malgré leurs efforts, ne peuvent pas résoudre toutes les hauteurs de trottoirs ou marches d’escalier. « Les handicapés, on aime mieux les voir de loin » avoue-t-il.
À Pékin, et parce que cette nation dispose d’une main d’œuvre importante, les responsables des Jeux Paralympiques se sont réellement mis à la portée des handicapés. « C’est mon troisième voyage en Chine et cette fois-ci, j’ai constaté des changements importants. Dans l’hôtel où j’étais logé, ils n’ont pas hésité à casser des cloisons pour réaliser des aménagements. Ainsi, 10% de l’immeuble, soit 41 chambres, peuvent désormais accueillir des clients à mobilité réduite. Ils ont tenu compte des observations que nous avions formulées. Je crois qu’ils savent tout faire ! Leur implication est à souligner ».
Il est vrai que ces Jeux ont provoqué une prise de conscience. Depuis le 8 août dernier, la Chine s’est révélée au monde entier, via les télévisions. En montrant la vie quotidienne des habitants, les reportages ont ouvert le regard de ceux qui méconnaissent ce pays et le jugent à travers les commentaires - parfois acides - des médias occidentaux. Certes, sa culture est aux antipodes de la nôtre, mais il est bon, disait Saint Exupéry, de « s’enrichir de nos différences ». Que cette ouverture soit liée au sport est une aubaine. La politique politicienne, en effet, estompe trop souvent la véritable identité des peuples...
Aux Jeux Paralympiques, 20 disciplines étaient proposées. « En France, nous en pratiquons 42. La question est de savoir si nous professionnalisons à mort ou si nous continuons à encourager les handicapés à faire du sport en présentant les meilleurs éléments aux Jeux. Personnellement, je suis favorable au sport loisir. À Jonzac, par exemple, nous avons une excellente nageuse qui participera sûrement aux prochains Jeux de Londres. Je souhaite que sa préparation ait lieu normalement, sans pression. Pour moi, le sport permet de s’intégrer et si les résultats sont bons, pourquoi ne pas envisager la haute compétition ? Par contre, je suis opposé aux entraînements rudes qui cassent le moral et mettent en danger la santé des personnes déjà fragilisées par la vie » remarque Gérard Masson. L’objectif poursuivi par la Fédération est de sensibiliser les jeunes handicapés à la pratique régulière d’une activité : « Pour y parvenir, nous devons aller les chercher car certains, dans les communes, n’osent pas nous contacter. Les Ministres des Sports et du Travail se sont engagés à appuyer nos actions dans les régions en maintenant les emplois stables pour quatre ans. La Charente-Maritime compte trois salariés ».


Et Gérard Masson de conclure : « Les Jeux paralympiques peuvent changer le regard de ceux qui ont précisément envie de le détourner quand ils voient le handicap. Les mentalités changent doucement. Pour une plus grande sensibilisation, il faudrait que l’audiovisuel, grand vecteur de l’information auprès du public, y mette du sien. Pour ces jeux, la télé a vraiment fait le service minimum, contrairement à l’Allemagne, la Grande-Bretagne ou encore l’Espagne et l’Italie. Pourtant, diffuser la cérémonie d’ouverture dans son intégralité aurait été une bonne idée »...

Dis-le-moi dans l'oreille :

• Les champions paralympiques de Pékin inaugurent l’étape de La Défense à Paris

Quelques jours après leur retour des Jeux Paralympiques de Pékin, plusieurs athlètes médaillés étaient présents lors de la 12ème étape de la grande tournée organisée par la Fédération Française Handisport et ses comités. Jeudi, ils ont été accueillis sur le parvis de La Défense par Bernard Laporte, secrétaire d’État chargé des Sports et Patrick Devedjian, président du Conseil Général des Hauts-de-Seine.
Parmi les champions présents, se trouvaient Assia El Hannouni (porte drapeau, 4 médailles en athlétisme), David Smetanine (4 médailles en natation), Emeric Martin (Tennis de table, Capitaine de l’Équipe de France Paralympique), Arnaud Assoumani (Champion paralympique en saut en longueur) ou encore les deux athlètes médaillés, Nantonin Keita et Djamel Mastouri.
Jusqu’au 27 septembre, le village est donc installé au cœur du parvis de La Défense, une étape orchestrée par le Comité départemental handisport des Hauts-de-Seine et le Comité Régional Handisport Ile-de-France.
Cette grande tournée sportive et festive à travers toute la France, amorcée à Dijon en avril, se terminera à Annecy fin novembre.
Dans chaque ville, le Tour réunit public et personnes handicapées.
Une vingtaine de sports traditionnels ou spécifiques à handisport sont encadrés par des animateurs : badminton, basketfauteuil, boccia, cyclisme (tandem et handbike), danse, escalade, escrime, fléchette pendulaire, foot à 5, foot-fauteuil électrique, haltérophilie, joëlette, judo, sarbacane, slalom & parcours, tennis, tennis de table, tir sportif, torball..Cette découverte des disciplines handisports s’accompagne d’animations et de nombreux jeux. La tournée permet également de rencontrer les associations sportives locales.

• Les questions qui reviennent régulièrement :

Quand les Jeux paralympiques seront-ils intégrés aux Jeux olympiques ? Le sujet reste en suspens, de même qu’il semble difficile, pour l’instant, de faire concourir ensemble handicapés mentaux et physiques. « Nous ne sommes pas prêts, je l’avoue humblement. Cette réponse déplaît, mais je préfère rester honnête » remarque Gérard Masson.

• Déception :

Pas de Nicolas Sarkozy aux Jeux paralympiques, et pourtant il préside l’Union européenne, ce qui le place aux premières loges. Assia El Hannouni, porte drapeau de l’équipe de France a déploré l’absence des dirigeants français (à l’exception des deux Secrétaires d’État en charge des sports) et failli boycotter la cérémonie organisée par le Président de la République à Paris, au retour des athlètes.

Sur 144 pays participants, 69 ont ramené des médailles. Des pays émergents avaient répondu présent dont le Brésil et l’Ukraine.

Interrogé sur le Tibet par la presse occidentale, Gérard Masson a déclaré qu’il n’était pas à Pékin pour la politique, mais pour le sport...

• La Chine dans les étoiles

Le Shenzhou-7, troisième vaisseau spatial habité chinois, a été lancé dans l’espace jeudi par la fusée de lancement Longue-Marche II-F. Longue de 58,3 mètres, elle pèse environ 480 tonnes. Elle est équipée de trois dispositifs imageurs. Selon les ingénieurs, un total de 36 améliorations techniques ont été réalisées par rapport à la fusée précédente, pour minimiser les gênes physiques des astronautes et augmenter sa stabilité et sa fiabilité.
La Chine développe actuellement une nouvelle génération de fusées porteuses qui utilisent un propergol non dangereux. Elles sont équipées de modules plus flexibles et améliorent la compatibilité des satellites.
Après l’installation d’une station spatiale, l’objectif des Chinois serait d’aller sur la Lune.

Photo 1 : Gérard Masson et Jin Jing. Amputée d’une partie de la jambe droite en 1989, à la suite d’une tumeur maligne, elle est membre de l’équipe d’escrime en fauteuil roulant de l’Équipe nationale chinoise. Le 6 septembre, elle a fait entrer la torche paralympique dans le stade olympique de Beijing, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux.

Photo 2 : Gérard Masson aux côtés Bernard Laporte, secrétaire d’État chargé des Sports .

Photo 3 : Épreuve de tennis de table.

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