La sagesse, la compassion et la spiritualité ont guidé la vie de l'écrivain Pierre Henri Simon qui était sensible aux sculptures des églises romanes, nombreuses dans la région. Lors de la conférence donnée vendredi dernier à Jonzac dans le cadre de l'Université d'été, des archives de l'INA ont permis au public de le voir et de l'entendre.
L'un des moments émouvants a été celui où il évoque sa maison idéale, une maison de famille simple au milieu de la campagne, vieille de deux siècles, solide, sans fioritures inutiles. Il s'agit sans doute de la Brizarderie que l'Académie de Saintonge a découverte en 2013, guidée par Jean-Louis Lucet et son épouse Jacotte (fille de PHS, disparue en 2022). Un balcon sur l'estuaire qui correspond au caractère de cet intellectuel sincère et engagé : justesse et simplicité des lignes, solidité de la structure, emplacement minutieusement choisi, environnement harmonieux où la nature devient complice...
En 2013, visite de la maison de famille de la Brizarderie (qu'occupa le juriste Ferdinand Emery Desbrousses) par l'Académie de Saintonge |
Les paysages dégringolent jusqu'à l'estuaire de la Gironde |
Le berceau de Pierre Henri Simon est Saint-Fort sur Gironde. Dans la grande maison située dans le bourg, l'écrivain se retirait pour écrire dans le "pigeonnier" |
Né à Saint-Fort sur Gironde en janvier 1903, Pierre-Henri Simon est l'une des personnalités ayant marqué la région. Agrégé de lettres, il enseigna successivement aux lycées de Saint-Quentin et de Chartres avant d'occuper la chaire de littérature française à l'Université catholique de Lille en 1928. Il poursuivit sa carrière à l'École des Hautes Études de Gand, puis à Fribourg jusqu'en 1963. La parution de son premier roman, Les Valentin, eut lieu en 1931. Ses publications sont nombreuses ainsi que ses collaborations avec de grands journaux (dont une chronique célèbre dans Le Monde).
Après la Seconde Guerre Mondiale où il fut fait prisonnier (camps de Nuremberg et Lübeck), Pierre Henri Simon prit position contre la torture et les exactions commises en Algérie.
A l'Académie Française où il fut reçu le 10 novembre 1966 au fauteuil numéro 7, il succéda à Daniel-Rops. Il dirigea l'Académie de Saintonge de 1967 à 1972, date de son décès.
La conférence, riche en détails et agrémentée de lectures, a ravivé la mémoire de cet écrivain dont la personnalité méritait ce bel éclairage. Après Jonzac, l'exposition sera présentée au Conseil départemental de La Rochelle. Présent à cette rencontre, Claude Belot, président la CDCHS, a salué le travail réalisé autour de Pierre Henri Simon, l'un des "enfants" de la région de Haute Saintonge, haute en couleurs !
La semaine prochaine, pour la dernière réunion de l'Université d'été, il sera question d'un autre Charentais, François Mitterrand, qui fut d'ailleurs reçu chez Pierre Henri Simon à Saint-Fort. « Il y avait même déjeuné » se souvient Brigitte, sœur de Jacotte...
Durant sa longue captivité, Pierre Henri Simon avait créé un petite "université" où il aidait ses camarades. Si douloureuse soit-elle, cette époque a forgé en lui de solides valeurs humanistes |
Pierre-Henri Simon, membre de l'Académie française et directeur de l'Académie de Saintonge, concluait ainsi sa séance publique du 27 août 1972 tenue à l'abbaye aux Dames de Saintes. Il n'est sans doute pas meilleure introduction à ce qu'est l'Académie de Saintonge: une compagnie toute entière dédiée au rayonnement de sa région et à l'expression de l'attachement qu'on lui porte. Après de nombreuses réunions préparatoires tout au long de l'année 1956, ses statuts sont officiellement déposés le 9 mars 1957 par le chanoine Tonnellier, sur l'initiative de Léon Grelaud qui lui léguait ses premiers fonds destinés à soutenir la vitalité de la culture régionale. Sa vocation depuis s'est affirmée comme celle du jury culturel charentais par excellence.
Chaque année, elle établit un palmarès lui permettant de distribuer prix et médailles afin de récompenser des efforts dans les domaines des lettres, des arts, du patrimoine et de l'identité locale, valorisant ainsi de nouveaux talents ou attirant l'attention sur des œuvres de caractère régional. Ses prix sont financés par des fondations privées ou publiques et son fonctionnement est assuré par une subvention du Conseil Départemental de Charente-Maritime. Elle est composée de vingt-cinq membres titulaires, choisis parmi des personnalités charentaises qui se sont distinguées en matière culturelle. Elle tient au moins une séance publique annuelle au cours de laquelle son palmarès est rendu public. Publié en 2006, entièrement rédigé par des académiciens, un livre retrace l'histoire de l'Académie à travers son rôle éminent d'appui à l'identité régionale. Il esquisse les portraits de ses membres et évoque les enjeux auxquels elle est confrontée.
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