mercredi 5 avril 2023

Père Jean-Pierre Samoride : Originaire de Jonzac, il fêtera ses cinquante années au service de l'Eglise le 30 avril

Ancien vicaire général du diocèse, le père Jean-Pierre Samoride, ordonné prêtre à Jonzac en 1973, ville dont il est originaire, fêtera son jubilé sacerdotal le 30 avril prochain. Aujourd'hui, il est installé à la Flotte en Ré où il officie aux côtés des prêtres titulaires. Dans l'interview qui suit, Il témoigne de ses cinquante années au service de l'Eglise

Le Père Jean-Pierre Samoride fêtera ses 50 ans de sacerdoce et ses 80 ans cette année

• Le 30 avril prochain sera un grand jour pour vous !

En effet, j'ai été ordonné prêtre le 14 avril 1973 et le 30 avril prochain, je célébrerai à la Flotte en Ré mes 50 ans d'ordination. Je souhaite que toutes les personnes avec qui j'ai travaillé puissent s'y associer. Parmi elles, Mgr Housset, évêque émérite du diocèse de La Rochelle, actuel administrateur du secteur pastoral de Saint-Aigulin. La veille, nous vivrons un moment de joie avec chants et orgues. Les organistes Cédric Burgelin, Philippe Garreau, Didier Ledoux et Bruno Léal seront présents. A une époque où le monde vit sous tension, ce temps de louange sera source d'apaisement.

• Vous êtes né à Jonzac dans une famille liée au monde de la justice et de l'administration. Comment est née votre vocation ?

A Jonzac, nous habitions rue Sadi Carnot. Mon grand-père et mon père étaient huissiers de justice, ma mère était contrôleur divisionnaire dans ce qui s'appelait alors les PTT. Quand j'étais au cours complémentaire, s'est posée la question de mon avenir. Pourquoi pas l'enseignement comme un de mes oncles ? Vers 12 ans, l'idée de devenir prêtre m'était venue. Je n'avais pas donné suite, mais je m'interrogeais. La famille de mon père était pratiquante, contrairement à celle de ma mère. La réflexion d'un commerçant - M. Marbœuf, grainetier installé non loin de la clinique Plisson - que j'avais entendue par hasard me revenait souvent en tête : il parlait à l'un de ses clients de sa carrière professionnelle et de son accomplissement souhaitant ne pas avoir de regrets, une fois arrivée à son terme. Comment est-ce que je concevrais la mienne ?... Le déclic a été réel. Vers 16 ans, j'ai repensé à la prêtrise d'autant que je connaissais les Pères Marcel Lesterlin et Siméon Hillairet, curés de Jonzac. Toutefois, l'heure n'était pas encore venue. 

Après l'Ecole Normale, J'ai enseigné l'anglais dans deux collèges du Tarn, tout en poursuivant mes réflexions. A l'École Normale, on m'avait présenté l'Homme dans sa dimension classique, mais sans poser la question de ses origines et de sa finalité. A l'époque, ces questions d'ordre philosophique et métaphysique n'étaient pas dans les programmes. J'ai compris que ma vie était ailleurs et j'ai changé de voie. J'ai alors commencé des études de philosophie et de théologie à l'Université catholique d'Angers à laquelle était lié un séminaire universitaire.

• Comment cette nouvelle orientation a-t-elle été perçue par votre famille ?

En l'absence de mon père qui nous avait quittés, ma mère a respecté mon choix. Comme je vous le disais, j'ai été ordonné prêtre en avril 1973 à Jonzac. La présence de ma mère était importante pour moi. J'ai été baptisé dans cette ville, j'y ai été enfant de chœur, j'y ai été scolarisé, mes souvenirs d'enfance y sont nombreux.

Quand vous êtes ordonné prêtre, vous êtes affilié à un diocèse. Il s'agit de "l'incardination". J'ai choisi la Charente-Maritime. J'ai commencé à Royan en tant que vicaire du curé de Notre-Dame et aumônier des jeunes, collège et lycée. J'y suis resté sept ans. Ensuite, j'ai été aumônier des lycées de Saintes durant deux ans. En même temps, l'Evêque m'a confié des responsabilités au niveau du diocèse qui m'appelaient parfois à l'extérieur : diaconat, vocations des prêtres, catéchèse, coopération missionnaire, œcuménisme, dialogue inter-religieux. J'ai été nommé à Marennes durant cinq ans, puis à La Rochelle durant quinze ans. Par la suite, je suis revenu à Saintes, chargé de toute la rive gauche : la basilique Saint-Eutrope, la cathédrale Saint-Pierre, Saint-Vivien. Sainte-Eustelle et 10 communes alentour. C'était un large secteur. Je suis revenu ensuite à La Rochelle où j'ai officié à la cathédrale avec quatre autres clochers du centre-ville, Parallèlement, j'ai été nommé vicaire général aux côtés de Mgr Housset pendant presque dix ans. Son successeur, Mgr Colomb, m'a nommé chancelier, dont la fonction principale est de vérifier que tous les actes de catholicité soient parfaitement tenus - actes de baptême, mariages, décès, confirmations, premières communions, etc - dans toutes les paroisses. Le chancelier est une sorte de « notaire diocésain ». J'ai quitté la chancellerie en 2019. A ma retraite, je me suis installé à la Flotte en Ré où je célèbre des offices aux côtés des prêtres titulaires, dont je partage les diverses tâches pastorales, à l'exception de celle de curé de paroisse.

• Au fil des années, la situation de l'Eglise a beaucoup changé, moins de prêtres, moins de paroissiens. Quel regard portez-vous ?

Votre question s'applique à la France car dans beaucoup de pays d'autres continents, c'est le contraire. Mais c'est vrai qu'à l'âge de mon ordination, le christianisme était plus présent dans la vie des Français. On se mariait à l'église, on se faisait baptiser. L'église a été moins présente dans la vie sociale et politique à partir des années 75/80 avec les questions de bioéthique. A partir de cette période, on s'est moins référé à l'Eglise. Ce phénomène n'est pas inédit en 20 siècles d'histoire. Mais c'est un fait aujourd'hui. 

Il faut distinguer foi et religion. La religion est au service de la foi : si vous ne retenez que la religion, vous allez vous attacher à des formes extérieures, mais sans en découvrir le sens. Ce qui est important, c'est la signification des rites et pas seulement leur répétition. Dans les années 60, le concile Vatican Il s'est ouvert aux cultures contemporaines, aux progrès technologiques, à l'émancipation des peuples et l'évolution des structures, mais il a aussi recentré les débats sur la personne du Christ. Aujourd'hui, le monde se transforme très vite. Dans l'actualité, on constate que l'autorité est contestée, que la société est atomisée et l'épidémie du covid n'a fait qu'aggraver les choses. Cependant, nombreux sont ceux qui cherchent une lumière dans l'obscurité.

Cette année, dans le diocèse, une trentaine d'adultes demandent le baptême. On dit qu'il y a désamour de l'Eglise, moins de prêtres, moins de paroissiens, mais le nombre de diacres permanents augmente, tout comme celui des baptêmes d'adultes. Je pense qu'il y aura une nouvelle génération de chrétiens, je ne suis pas dans l'inquiétude. Il faut avancer en tenant compte des évolutions et s'il y a du linge sale, il faut le laver en toute transparence et en toute humilité.

• Êtes-vous favorable au mariage des prêtres ?

L'ordination d'hommes mariés est possible. Il en a d'ailleurs été ainsi durant plusieurs siècles. Dans l'Eglise catholique latine, ne sont ordonnés que des personnes qui s'engagent au célibat. Par contre, les prêtres mariés catholiques orientaux peuvent désormais officier dans l'Eglise latine. Il y en a d'ailleurs un dans notre diocèse. Pour revenir aux prêtres mariés, cela pourrait donner un nouveau souffle à l'Eglise à condition qu'on respecte aussi ceux qui veulent garder le célibat pour des raisons spirituelles.

• Vous avez eu de nombreuses fonctions durant ces décennies, dont le dialogue inter-religieux...

En effet. Je me suis occupé du dialogue inter-religieux entre juifs, musulmans et catholiques. II est plus difficile aujourd'hui qu'hier. L'actualité a durci les liens A La Rochelle, nous avions de grandes rencontres publiques à l'Oratoire. Au moment des attentats, nous avons fait des marches ensemble, de la mosquée jusqu'à l'église Saint-Paul. Tous les mois, nous nous retrouvions, catholiques, protestants, juifs, musulmans dans le studio de la radio CF où nous débattions de questions qui ne nous heurtaient pas. Nous pouvions échanger nos points de vue. La situation s'est tendue entre les musulmans et les juifs quand le problème israélo-palestinien a rejailli en France. 

En 2022, dans le cadre de l'enseignement au centre théologique de La Rochelle, plutôt qu'un cours magistral, j'ai mis en place des ateliers inter-religieux sur différents thèmes dont ceux de la paix entre religions et de la notion de vérité. Pour qu'un dialogue soit fructueux, il doit être humble et confiant, sinon ce n'est qu'une juxtaposition de positions qui s'affrontent pour s'imposer à l'autre.

• Avez-vous assisté à l'ordination de nombreux prêtres ?

Oui, j'ai vécu une période meilleure que celle d'aujourd'hui. Dans les années 80/90, une dizaine de Charentais-Maritimes se préparaient à devenir prêtres. Aujourd'hui, ils viennent d'autres continents.

• Vous avez donc choisi de terminer votre engagement dans l'Ile de Ré ?

J'ai pris ma retraite à La Flotte en Ré où j'officie aux côtés des prêtres titulaires. Je poursuis aussi mon engagement au Comité du mémorial des origines de la "Nouvelle France" à Brouage dans le but d'entretenir et de prolonger les liens avec la partie française du Canada, en lien avec le mécénat pour enrichir l'église de Brouage de nouveaux vitraux. Je n'oublie pas pour autant Jonzac, la ville de ma jeunesse, et puisque nous sommes à l'heure des confidences, je souhaite y être inhumé...

• Chapelain de sa Sainteté : Le Père Samoride porte le titre de « Chapelain de sa Sainteté ». Il s'agit d'une distinction accordée par le Pape à des prêtres qui officient au Vatican, mais qui peut être aussi accordée à des prêtres diocésains.

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