mardi 8 juin 2021

Pons : Un colloque en mémoire d'Emile Combes les 10 et 11 juin

En 2005, Pons a fêté le centenaire de la loi de 1905 qui sépara les Eglises et l’Etat. Elle mit un terme aux tiraillements entre les deux "pouvoirs", les hommes politiques n’ayant plus à craindre l’excommunication ! Les 10 et 11 juin prochains, la ville de Pons accueille un nouveau colloque à l'initiative des Archives départementales, de l'université Clermont Auvergne, du Département et de la CDCHS de Haute-Saintonge en partenariat avec le Sénat et le Comité d'histoire parlementaire et politique. Après une première session au Sénat le 14 mai dernier, de nombreux sujets seront traités dans la salle du conseil municipal (programme ci-dessous). S'il était encore vivant, que penserait Emile Combes (mort à Pons en 1921) de la situation actuelle tant en France que dans le monde ?... 

Docteur en théologie et en médecine, Emile Combes, homme au caractère déterminé, présida le Conseil de 1902 à 1905. Il y developpa le «combisme», c’est-à-dire une politique anticléricale qui aboutit à la fameuse loi de séparation entre Église et Etat, dont il fut l’artisan. A cette époque, les nombreuses écoles religieuses faisaient de l’ombre à la jeune école publique et républicaine. Le ciel et la patrie s’opposaient, ce n’était pas une nouveauté ! L’histoire de France est habituée à ces querelles. En plusieurs occasions, les rois ont cherché à limiter le pouvoir et l’influence du Clergé, trop présent dans les affaires. Le mettre sous contrôle devenait alors une priorité. Quand Philippe le Bel détruisit le riche Ordre du Temple, les fameux moines-soldats qui protégeaient les pèlerins en Terre Sainte, il n’agissait pas par idéologie ! Pouvoirs spirituel et temporel se sont souvent affrontés. Un exemple célèbre est Napoléon qui fit emprisonner le pape Pie VII à Savone, puis à Fontainebleau (imaginez un président de la République faisant enlever le pape François pour convenances personnelles) ! 

Les mentalités, au sein d’une période en pleine mutation (découvertes, progrès de la science) permirent l’adoption de cette loi difficile à présenter dans un autre contexte. A cette époque, le Concordat de 1801 est toujours en vigueur. Paris nomme les évêques et Rome leur confère leur institution canonique. Des tensions découlent de cette organisation bicéphale. 

Depuis la Révolution, tout est devenu prétexte à litige entre religion et gouvernement, mais la guerre commence véritablement avec Emile Combes. La fermeture d’écoles religieuses et l’interdiction aux prêtes des congrégations d’enseigner met le feu aux poudres. Au Parlement, les députés de gauche lui demandent d’aller plus loin et de hâter la manœuvre : « je suis aussi pressé que le plus pressé d’entre vous » leur répond-il. Lors d’une réunion, il déclare : « le pouvoir religieux a déchiré le Concordat et il n’est pas dans mes intentions de le rapiécer ». Pour l‘heure, il se sent soutenu, c’est pourquoi il privilégie les questions sociales. 

Malheureusement pour lui, il est bientôt mêlé à "l'affaire de fiches" qui provoque un véritable scandale. Son crédit s’effrite et ses amis commencent à le lâcher.

La loi de séparation des Eglises et de l’Etat est finalement votée le 9 décembre 1905 à l’initiative du député Aristide Briand. Elle s’applique aux quatre confessions représentées dans le pays : les Catholiques, les Luthériens, les Calvinistes et les Israélites. Si la République garantit le libre exercice des cultes, « elle ne reconnaît, ni ne salarie, ni ne subventionne aucun d’eux ». 

Emile Combes, qui fut l’objet de violentes critiques, n’a jamais attaqué directement le Saint-Siège. Habile stratège, il a exploité les fautes de son adversaire. Courageux, il a osé affronter « la forteresse vaticane après avoir réduit ses satellites ». Pour cette raison, les uns l’ont détesté et comparé au « diable » tandis les autres l’ont surnommé avec affection « le petit Père ». Si sa signature ne figure pas au bas du document officiel (il avait quitté ses fonctions), « il a rendu possible cette loi en lui ouvrant la voie ».

• Le programme du colloque à Pons 

Jeudi 10 juin après-midi à partir de 14 h

Introduction par Pierre Triomphe, Archives départementales de Charente-Maritime

- 14 h 30 Quel enracinement local ? sous la présidence de Pierre Triomphe 

« Émile Combes sénateur » par Fabien Conord, Professeur à l’Université Clermont-Auvergne ;

- « Émile Combes et la Corse. Combisme, anticléricalisme et franc-maçonnerie » par Jean-Paul Pellegrinetti, Professeur à l’Université de Nice.

15 h 45 L’homme public et l’homme privé sous la présidence de Mme Stéphanie Dargaud, Directrice des Archives départementales de la Charente-Maritime

- « Un "être extraordinaire" : Émile Combes vu par la princesse carmélite » par Jean Baubérot, Centre national de la recherche scientifique (C.N.R.S.), École pratique des hautes études (E.P.H.E.), Université Paris Sciences & Lettres (P.S.L.) ;

- « La paléontologie et la préhistoire : passion et distraction passagères d’Émile Combes » par Élise Patole-Edoumba, Conservateur en chef du patrimoine, Directrice des musées et du muséum d’Histoire naturelle, La Rochelle ;

- « Émile Combes, un charentais de cœur » par Albert-Michel Luc, Inspecteur honoraire de l’Éducation nationale.

17 h 15 : Visite de l’exposition « Émile Combes, cent ans après »

Vendredi 11 juin 

9 h 30 "Cadres et sources politiques et idéologiques" sous la présidence de Fabien Conord, Université Clermont Auvergne

- « Émile Combes et la Franc-maçonnerie : retour aux sources » par Pierre-Yves Beaurepaire, Professeur à l’Université Côte d’Azur ;

- « Protestantisme et combisme en pays pontois (1880-1914) » par Nicolas Champ, Professeur à l’Université Bordeaux Montaigne.

10h15 Représentations et mémoire du combisme sous la présidence de Jean Baubérot, Centre national de la recherche scientifique (C.N.R.S.), École pratique des hautes études (E.P.H.E.), Université Paris Sciences & Lettres (P.S.L.)

- « Combes et l’affaire des fiches » par Julien Bouchet, Université Clermont Auvergne ;

- « Une expression photographique du combisme dans les Charentes » par Benjamin Caillaud, La Rochelle Université ;

- « Quelques aspects méconnus de la caricature "cambiste" » par Philippe Hélis, Université de Bordeaux ;

- « Les gauches, les droites et la mémoire du combisme : entre clivages idéologiques et convergences transpartisanes » par Pierre Triomphe, conservateur du patrimoine, Archives départementales de la Charente-Maritime.

11 h 45 Conclusion par Julien Bouchet, Université Clermont Auvergne

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