Brouage fait partie des plus beaux villages de France |
(© Brouage Tourisme.fr) |
En cette journée de juin, les rues de Brouage semblent bien vides. Quelques boutiques ouvertes, une poignée de bars-restaurants et des promeneurs presque surpris par l’espace qui leur est offert ! Où est la foule habituelle qui, dès les beaux jours, envahit l'ancienne citadelle devenue prisonnière des terres ? Etoile que garde une nature sauvage où nichent cigognes et hérons. L’épidémie du Covid-19 est passée par là et Brouage attend avec impatience l’atmosphère si particulière que lui apporte la fréquentation des visiteurs, qu’ils soient simples touristes ou érudits. En ce lieu, en effet, les amateurs d’histoire ont un long chemin à parcourir à travers les siècles au détour des graffitis, d’un escalier célèbre et d’édifices d’un autre temps…
Surveillant les prairies environnantes, les échauguettes n'ont pas oublié les temps d'avant quand Brouage était un port actif, rendu célèbre par Samuel Champlain, créateur de la Nouvelle-France et surtout de Québec au XVIIe siècle. Avant de tomber dans l’oubli, le site, bouillonnant d'activités, réunissait pêcheurs et marins partant quérir la morue. Sans oublier le juteux commerce du sel, le fameux or blanc. Ici, flotte encore l’esprit aventureux qui habite le cœur de certains hommes ! Et même si les terres enserrent cette construction, les hauts remparts rappellent que l’eau était en partie présente à leurs flancs.
L'ingénieur Pierre d’Argencourt a construit les fortifications de la ville, renforcées par Vauban en 1685. Elles seront impuissantes face à un ennemi silencieux, l’envasement |
Brouage n'a pas été épargnée par les guerres de religion, passant d'un camp à l'autre |
En avant pour l'aventure !
Jacopolis, avant-port du village de Hiers, a été fondée en 1555 par Jacques de Pons pour être un centre de négoce. Sa richesse vient du sel, précieux à l'époque. Le port est l'un des plus importants d’Europe. « Jusqu'à 200 bateaux peuvent venir y mouiller » rapportent les chroniques. La période est prospère au point que Brouage entre dans le cercle fermé des villes royales, « coffre-fort du pouvoir central ». Une telle situation attire les jalousies. Brouage n'est pas épargnée par les guerres de religion et passe successivement entre les mains des deux camps. A la fin du XVIe siècle, les Protestants, font couler des vaisseaux de guerre pour bloquer l'accès au port. Ainsi pensent-ils le rendre inutilisable et le ruiner.
Sous Louis XIII, la ville compte 4000 habitants (on a du mal à le croire de nos jours). Richelieu s'appuie sur Brouage la catholique pour faciliter la conquête de La Rochelle, alors aux mains des Huguenots. Une nouvelle enceinte est réalisée, que modernise Vauban en 1685 par des bastions et des chemins de ronde.
Vauban n'est pas mécontent de ses travaux qui seront accompagnés par d’autres forts - Lupin, Aix et Enet - afin de protéger l'arsenal de Rochefort. Fort Boyard aurait d’ailleurs vu le jour si Vauban n'avait conseillé la prudence à Louis XIV : « Sire, il serait plus facile de saisir la Lune avec les dents que de tenter en cet endroit pareille besogne ». Il faudra donc attendre !
Devant le développement de Rochefort précisément, « Brouage finit par décliner en raison de la baisse du niveau de la mer et à défaut d'une rivière drainante. L'horizon maritime s'éloigne de plus en plus pour laisser place à une étendue de marais, la rendant désœuvrée dans ses principales activités portuaires. Elle tombe dans l'oubli. Les marais salants sont abandonnés, la ville commence à tomber en ruine » mentionnent les historiens.
Elle sort de l'oubli dans la seconde moitié du XXème siècle grâce aux efforts de valorisation du Conseil Général de Charente-Maritime. Il y effectue des travaux de restauration et crée un musée dédié à Champlain et à Québec.
Une balade vous permettra de découvrir les différents points stratégiques de Brouage, la Porte royale, le fameux escalier où Marie Mancini dit adieu à son jeune amoureux Louis XIV, le clos de la halle aux vivres, les forges, le port souterrain qui permettait aux gabares de transporter des cargaisons en toute discrétion sur les petits canaux, l’église, la tonnellerie, la poudrière de la Brèche, les allées secrètes, l'ancien hôpital, la glacière. Un jolie promenade en perspective !
Des graffitis ont été gravés dans certaines échauguettes |
• Hiers-Brouage est composée de deux villages réunis en 1825. Situé au milieu de plus de 3000 hectares de marais, cette commune offre un environnement exceptionnel et un patrimoine de premier plan.
• A une époque, la région de Hiers Brouage, constituée par un golfe qu’avaient façonné les alluvions de la Charente et de la Seudre, était le grenier à sel du royaume de France. Les navires de commerce remontaient alors jusqu'à la fameuse tour de Broue (dont on peut admirer les vestiges à Saint-Sornin).
En 1555, Jacques de Pons, seigneur de la châtellenie d’Hiers, ordonna la construction de Jacopolis sur Brouage. En 1627, Richelieu en devint gouverneur. L’année suivante, Pierre d’Argencourt construisit les remparts de la ville, renforcés par Vauban en 1685.
La citadelle est inscrite en totalité à l’inventaire des Monuments Historiques depuis 1886
• À la Révolution, la citadelle a été le centre de détention de plusieurs centaines de suspects, puis des prêtres réfractaires qui refusaient de jurer fidélité à "la loi, à la nation et au roi", déportés aux pontons de Rochefort à partir de 1794. En 1885, l'armée a quitté définitivement Brouage.
• À la Révolution, la citadelle a été le centre de détention de plusieurs centaines de suspects, puis des prêtres réfractaires qui refusaient de jurer fidélité à "la loi, à la nation et au roi", déportés aux pontons de Rochefort à partir de 1794. En 1885, l'armée a quitté définitivement Brouage.
Vitrail de Nicolas Sollogoub visible dans l'église de Brouage |
Le vitrail consacré à Champlain |
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