dimanche 31 mars 2019

Opposition résolue à l'édification d'éoliennes sur la rive droite de l'estuaire de la Gironde...

De nombreux élus et responsables d'associations se sont retrouvés vendredi 29 mars en fin d'après-midi, à la salle des fêtes de Saint Sorlin de Conac, pour échanger sur leur opposition résolue à l'édification d'éoliennes sur la rive droite de l'estuaire de la Gironde. Une réunion organisée par la DDME (association pour la Défense Des Marais de l'Estuaire), forte de près de 500 adhérents un an après sa création.



A la suite de Guillaume Boraud, président de la DDME, les intervenants ont expliqué, à tour de rôle, leur rejet du projet d'EDF Renouvelable d'implanter entre 30 et 40 aérogénérateurs industriels de 180 m de hauteur le long de l'estuaire.

Guillaume Boraud, président de la DDME
Raphaël Musseau, ingénieur de recherche en écologie à Biosphère Environnent, convié à cette soirée par les organisateurs, a fait preuve de pédagogie pour décrire les caractéristiques de ce secteur menacé. Après en avoir souligné la fragilité, il a dépeint la précieuse biodiversité de la rive droite de l’estuaire. Couloir majeur pour les oiseaux migrateurs, ce site est classé ZPS Natura 2000, autrement dit Zone de Protection Spéciale selon une directive européenne pour la conservation des oiseaux sauvages et de ceux qui sont menacés de disparition. Précisément, plusieurs de ces espèces, tel le phragmite aquatique, sont des habitués de ces lieux.

Raphaël Musseau, ingénieur en écologie Biosphère Environnement
Président de CPNT (Chasse, pêche, Nature et Tradition), Eddie Puyjalon a fait part des nombreuses raisons qui conduisent à s'opposer au projet d'EDF R. Au point que, sur sa proposition, le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine a voté une motion pour le rejeter.

Maire de Gémozac et conseiller départemental de Charente-Maritime, Loïc Girard a présenté les objectifs et rendu compte des travaux de l'Observatoire de l'éolien, récemment mis en place par Dominique Bussereau. Cette initiative du président du Conseil départemental, tout comme le vote par cette assemblée, à son instigation, d'un moratoire de deux ans sur les futures implantations d'éoliennes ont été unanimement salués par l'assistance. Pour celle-ci, l'engagement de Dominique Bussereau, foncièrement hostile à l'implantation d'éoliennes le long de l’estuaire, s’inscrit dans le cadre du ras-le-bol qui monte face à la multiplication anarchique des aérogénérateurs industriels. Une prolifération qui menace gravement l'activité touristique du département, pourtant l'un de ses atouts majeurs.

Maire de Saint-Sorlin de Conac, Véronique Piasecki a fait le point sur l'élaboration en cours du SCOT, le Schéma de cohérence territoriale de la Communauté de communes de la Haute-Saintonge (CDCHS). Ce document d’urbanisme, qui définit les orientations qui vont s'imposer à l'ensemble des communes de la CDCHS, sera achevé et opérationnel à la fin de l'année 2019. Il s'attache à articuler le développement nécessaire des énergies renouvelables avec la préservation des paysages, de l'environnement et des espaces remarquables. A ce titre, il prévoit d'exclure toute éolienne le long de l'estuaire… A moins que l'Etat ne se plie à la volonté d'EDF.

Jean-François Mazzocchi, maire de Saint-Dizant-du-Gua, a fait la genèse de la mobilisation des maires du secteur concerné, tous hostiles au projet, devant une assistance qui ne comptait pas moins de 12 d'entre eux. Ces élus solidaires ont trouvé des oreilles attentives auprès d'interlocuteurs tels que Dominique Bussereau et Claude Belot, le président de la CDCHS. Côté préfecture de Charente-Maritime, l'accueil fut nettement plus froid. Au point que les maires vont se tourner, à l'avenir, vers la nouvelle préfète de Gironde  pour lui exprimer leur intransigeance face au projet d'EDF R.

Véronique Hammerer, députée
Véronique Hammerer, député de la 11° circonscription de Gironde, sans être hostile par principe à l’éolien, considère cependant « qu’il ne faut pas faire de l'éolien pour faire de l'éolien ». Autrement dit, la transition énergétique offre de nombreuses pistes qui permettent, dans le cas de figure de l’estuaire, de n'être pas favorable aux visées d'EDF R.
Aussi, tout comme Raphaël Gérard, son homologue de la 4° circonscription de Charente-Maritime, elle s'est rendue au ministère de François de Rugy, qui détient le portefeuille de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, pour faire part à un conseiller du ministre de son opposition à ce projet. Une démarche appréciable, mais dont nombre de personnes présentes doutent qu'elle suffise, en l'état, à peser sur l'attitude d'un ministre qui n'a pas hésité en novembre 2018 à signer un décret qui porte atteinte aux capacités de contestations des opposants aux éoliennes. Il fait d'ailleurs l'objet d'un recours devant le Conseil d'Etat.

De nombreux responsables d'associations telles que Stop éolien 17, Epargnes-mon-village, la Fédération des chasseurs de Gironde comme celle de Charente-Maritime, l'association des chasseurs de gibier d'eau et celle des pêcheurs au carrelet ont témoigné avec force des multiples raisons qui les poussent à rejeter sans appel ce projet d'EDF R.
Personnage bien connu dans ce pays, conseiller municipal, pêcheur et grand amoureux de l'estuaire qui est toute sa vie, Sébastien Lys a témoigné avec fougue de la colère sous-jacente qui gagne les esprits. Il s'est fait le porte-parole de ceux qui éprouvent un mépris d'EDF R qui, bafouant les principes démocratiques élémentaires, avance masquée depuis des années par crainte de l'hostilité à son projet qui fait fi des cadres juridiques adoptés au fil des ans pour protéger ce site remarquable. « S'ils persistent dans leur projet, a-t-il lancé, ce sera pire ici qu'avec les gilets jaunes ». Ce qui lui a valu des applaudissements nourris.

Cette réunion, qui a visiblement conforté les participants dans leur détermination, s’est achevée sur la signature par nombre d’élus d’une lettre adressée à Fabienne Buccio, la nouvelle préfète de région, pour la sensibiliser à ce dossier. La tonalité des échanges devrait l'inciter à ne pas prendre cette correspondance à la légère.

J.L. R

La liste des participants :

Les associations 
Défense des marais de l’estuaire
o Guillaume Boraud, Président
o Membres du groupe de pilotage
Association des Chasseurs de Gibiers d’Eau
o Sébastien Lys, Président
Stop éolien 17,
o Dominique Bruchet, Président
o Bertrand Vincent
Fédération des Chasseurs de la Gironde
o Jacky Jonchère, Vice-président
Fédération des Chasseurs de Charente-Maritime
o Christophe Bouyer, Président
Association des Pêcheurs au Carrelet de l’Estuaire de la Gironde
o Serge Carrère, Président
o Jean-Michel, Audoire, secrétaire
Epargnes-mon-Village
o Jean-Patrick Moreau, Président

Les élus
Députés
o Evelyne Delaunay, suppléante de Raphaël Gérard, 4ème circonscription de Charente-Maritime
o Véronique Hammerer, 11ème circonscription de Gironde
Conseiller régional (vidéo)
o Eddy Puyjalon
Conseillers départementaux
o Valérie Ducout (Gironde)
o Loïc Girard (Charente-Maritime)
o Bernard Louis-Joseph (Charente-Maritime)
Maires des communes directement concernées
o Valérie Ducout, Saint-Ciers-sur-Gironde
o Jean-François Mazzocchi, Saint-Dizant-du-Gua
o Laurent Nivard, Saint-Bonnet-sur-Gironde
o Véronique Piasecki, Saint-Sorlin-de-Conac
o Daniel Rousseau, Saint-Thomas-de-Conac
Maires des communes en proximité
o Marc Bertrand, Semoussac
o Patrick Chérat, Saint-Ciers-du-Taillon
o Evrard Garnier, Lorignac
o Jean-Pierre Gervreau, Saint-Fort-sur-Gironde
o Bernard Louis-Joseph, Soubran
o Fabrice Olivier, Sainte-Ramée
o Michel Vallée, Floirac
o Anne-Marie Vérit, Pleine-Selve

La CNDP
Les garants
o Walter Acchiardi
o Julie Dumont

L’expert avifaune invité par la DDME
BioSphère Environnement
o Raphaël Musseau, ingénieur de recherche en écologie

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