samedi 24 septembre 2016

Les Bleus handisport, dixièmes aux Jeux Olympiques de Rio !

JEUX PARALYMPIQUES DE RIO 2016

Gérard Masson : «  le niveau de réussite aux JO reflète en majeure partie le travail qui a été fourni sur les années précédentes en terme d’entraînement »

L’équipe de France paralympique rentre des Jeux Paralympiques de Rio, qui se sont achevés dimanche 18 septembre, en affichant une belle 12ème place collective pour la délégation composée par le CPSF (Comité Paralympique et Sportif Français), soit 4 places de mieux qu’aux Jeux de Londres en 2012, avec un total de 28 médailles dont 9 d’or, 5 d’argent et 14 de bronze.
S’il est temps de profiter du r
etour de nos athlètes et de ce beau bilan, il est déjà temps de faire un premier bilan de la contribution des athlètes de la Fédération Française Handisport, au succès global de l’équipe paralympique, avec Gérard Masson, président de la Fédération Française Handisport, accompagné de Jean Minier, directeur technique national et Pierrick Giraudeau, DTN adjoint en charge du haut-niveau.

Président de la Fédération Handisports, Gérard Masson est originaire de Jonzac 
en Charente-Maritime (photo Aslaa)
• Quel est votre regard à chaud sur le bilan sportif pour la Fédération Français Handisport et ses sportifs lors de ces Jeux Paralympiques de Rio ? 

 Avec la Direction Technique Nationale, nous partageons le sentiment que le bilan sportif de ces Jeux est globalement positif, particulièrement avec nos sportifs qui ont grandement contribué à l’amélioration du rang de l’équipe de France Paralympique sur la scène internationale, puisque nous sommes la seule fédération présente au sein de la Team Paralympique à avoir obtenu de l’or et de l’argent pour la France. L’équipe de France Paralympique se classe à la 12ème place, avec un rang qui progresse entre Londres et Rio, alors qu’il chutait depuis 1992. Comme à Sotchi il y 2 ans pour les Jeux d’hiver, nous avons pu relancer une véritable dynamique positive ! Sur les épreuves, où seuls les sportifs de la F.F. Handisport étaient engagés, nous nous situons même dans le Top 10 Mondial des nations présentes à Rio, ce qui valide les objectifs fixés à la fédération. 

• Le nombre de médailles reste en deçà des objectifs fixés ?


Effectivement, nous pensions pouvoir obtenir une dizaine de médailles supplémentaires, mais pour des raisons que nous analyserons au cas par cas, le niveau de certains sportifs le « jour J » ne leur a pas permis d’accéder aux podiums, comme en témoignent les 14 places de 4ème ! Des pays émergents dans le paralympisme ont fait des entrées remarquées dans le tableau des Nations, comme l’Uzbekistan et sa 16ème place par exemple, avec un nombre de pays éligibles aux podiums toujours plus important.
Le nombre de médailles reste malgré tout un indicateur sur lequel les attentes institutionnelles sont moins fortes que le nombre de titres. Notre 8ème place à Londres au classement général des nations en nombre de médailles n’a pas eu un impact fort dans les bilans post Jeux 2012, compte-tenu d’une 16ème place insatisfaisante en 2012 au nombre de titres. L’argent, et plus encore le bronze, ne font pas le bonheur, et pourtant, chaque médaille représente une performance, un travail, un engagement et un collectif qu’il faut saluer.

• Quels ont été les déterminants de la réussite sportive de l’équipe paralympique ?

La ligne directrice fixée depuis Londres en matière de sélection est, à mon sens, un premier élément d’explication avec un niveau d’exigence fort et une protection des meilleurs athlètes. Par ailleurs, l’état d’esprit de l’ensemble des membres de la délégation paralympique sur place était propice à la quête de performances : une dynamique d’équipe, un état d’esprit positif, du plaisir à « vivre ensemble ». Nous avons également pu organiser un dispositif pour des partenaires d’entraînement en escrime, judo et tennis de Table (transports, hébergements hors villages, location d’une salle dédiée à l’escrime) qui a sans aucun doute eu un impact déterminant dans la préparation des duels pour les sportifs et les cadres. Je suis également convaincu que, comme à Sotchi, la qualité du travail d’équipe, entre les staffs médicaux/paramédicaux et techniques, a permis aux athlètes d’être dans des conditions optimales de performance le jour J.
Au-delà de tous ces éléments, le niveau de réussite aux Jeux reflète en majeure partie le travail qui a été fourni sur les années précédentes en termes d’entraînement. Si nos leaders ont répondu présents, si nos jeunes ont amélioré leurs performances sur place, c’est un signe qu’ils se sont investis sans réserve sur l’ensemble de la préparation aux Jeux. Réussir aux Jeux, c’est s’engager sans réserve sur plusieurs années. La densité internationale ne permet plus d’être ambitieux sur des formats d’entraînement "minimalistes".

• On a pu ressentir beaucoup de tensions autour des résultats, qu’en était-il sur place ?

Ces Jeux ont vu beaucoup de records battus, un niveau sportif qui progresse sans cesse, avec des performances incroyables réalisées par nos athlètes, mais les athlètes étrangers ne sont évidemment pas en reste. Les sportifs, leurs entraîneurs perso, leurs clubs, l’encadrement fédéral connaissent la valeur des médailles, ils savent les efforts à réaliser pour gagner, ce qui engendre le jour de la compétition parfois de fortes tensions. Les enjeux sont forts, pour tous. Pour ce qui concerne les résultats globaux de l’équipe de France Paralympique, les Jeux sont à l’image d’un décathlon avec une succession d’épreuves dans un ordre préétabli, épreuves sur lesquelles la France disposait de plus ou moins de chances de podiums selon les jours de compétition. Nous avions un potentiel élevé de titres « Handisport » sur les derniers jours, nous nous sommes donc attachés avec l’équipe de la DTN, sur place, à transmettre des messages « positif » jusqu’au dernier jour. Il ne fallait pas céder à la pression d’un classement général évolutif qui, nous le savions, ne serait révélateur de nos Jeux que le 18 septembre au soir, et pas avant !

• Sur place justement, comment les Jeux se sont-ils déroulés après les nombreuses réserves présentées en amont sur la qualité d’organisation des Jeux ?

Les sportifs et les cadres de la fédération ont vécu des Jeux exceptionnels, pas du tout à l’image négative qui avait pu être relayée pendant les Jeux Olympiques. Les salles et stades, dans lesquels se déroulaient les épreuves, étaient bien garnis, parfois pleins. Les temps de transport n’ont pas été aussi contraignants que ce que l’on pouvait craindre, et l’accueil du public brésilien a été très chaleureux. Certains sportifs, à l'image de Théo à la piscine olympique, ont eu droit à une ambiance surchauffée pour leur premier bain paralympique, en étant engagés dans des séries ou des finales où des Brésiliens partaient favoris. Au sein du village, nous disposions d’un confort proche de celui des Jeux précédents, avec deux vastes espaces de vie très appréciés, le « lounge » propice aux échanges et à la convivialité entre tous les sports, et un espace kiné/récupération très efficace.

• Comment rebondir à l’horizon 2020/2024 ?


Nous allons prendre le temps d’analyser les performances par sport et par athlète avant de s’engager sur la proposition d’un nouveau projet ambitieux dans la perspective de 2024. Souhaitons que la qualité des retransmissions TV et l’impact médiatique exceptionnel de ces Jeux, grâce à France Télévisions, aient pu susciter l’envie de nombreux sportifs en herbe de rejoindre le mouvement Handisport. Il faut  féliciter l’ancien nageur et membre de notre DTN, Sami El Guedarri, mais aussi les anciens champions handisport que nous avions proposés comme consultants TV, pour leur professionnalisme et leur éclairage sur le mouvement. Cela a largement contribué à rendre accessible et compréhensible le spectacle paralympique, mais aussi à faire connaître notre action plus large, dans le sport loisirs, pour les jeunes, pour les sportifs en situation de grand handicap, partout en France, grâce à notre expertise et notre réseau de clubs et comités qui œuvrent pour permettre à chacun de s’épanouir quelle que soit son niveau et son envie de pratique.
Nous ne voulons pas nous livrer à une course sans fin à la médaille ou au classement mondial, tant les programmes à l'attention des jeunes ou des publics non concernés par le haut niveau, doivent être préservés et non sacrifiés.
Seul l'épanouissement ou l'intégration des personnes en situation de handicap doit prévaloir et si parmi celles-ci, se révèlent des champions, tant mieux ! Il est de notre devoir de les accompagner, mais ce n'est pas l'objet unique de notre engagement et de notre mission.
 Nous analyserons les retours et les chiffres dans quelques mois, mais je pense que l’ultime médaille que nous voulions remporter, était de faire passer le message que le sport c’est utile, c’est possible et c’est pour tous !
Je pense que nous l’avons gagnée, associé à tous nos amis du mouvement paralympique !

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