mardi 26 juin 2018

Questions d’actualité à Raphaël Gérard, député de Jonzac/Royan : « Je suis opposé aux éoliennes dans l’estuaire de la Gironde »

Depuis 2017, Raphaël Gérard est député de la quatrième circonscription de Charente-Maritime. A l’Assemblée Nationale, comme de nombreux parlementaires de la République en Marche issus de la société civile (et non d’un parti politique), il a fait ses premières armes et appris à connaître les rouages de l’hémicycle. Sa fonction ne s’arrête pas au travail législatif, s’y ajoute le contact avec ses administrés. D’où un emploi du temps plutôt bien rempli !


Raphaël Gérard et l'un de ses collaborateurs, Thomas Norbert
Dimanche à Royan. Raphaël Gérard n’aurait pas manqué ce rassemblement traditionnel qu’est la fête des moutonniers de l’estuaire. Vaste, la "quatrième" possède moult facettes, de la côte atlantique aux vignobles en passant par les pinèdes du Sud-Saintonge. L’estuaire a ses particularités. Elles en font une région authentique et attachante avec ses ports, ses falaises crayeuses et ses paysages qui diffèrent des coteaux de la région d’Archiac.
En fin d’après-midi, il se trouvait sur le port de Mortagne où l’Atelier brocante de la Minoterie, « un endroit  pittoresque » qu’il apprécie, fêtait en musique l’ouverture de la Cantine, partie restauration créée à l’initiative d’un jeune couple, Vanessa et Benjamin. 
Ainsi va la vie des parlementaires entre la capitale où le Président Macron leur demande une participation active et le travail dans la circonscription, permanences, échanges, réunions. Contact irremplaçable qui permet de sentir battre le cœur de la population.

• Un débat public sur les éoliennes en septembre prochain

Eoliennes : des avis partagés dans la population
A Mortagne, il est tentant d’aborder le projet éolien qui fait couler de l’encre, les communes de Saint-Bonnet, Saint-Thomas, Saint-Sorlin et Saint-Dizant du Gua étant concernées. Certains, dit-on, auraient déjà signé de promesses de bail à construction sur leurs terrains, générant des revenus substantiels. D’autres, au contraire, s’érigent contre une perspective qui enlaidira ce sanctuaire qu’est l’estuaire de la Gironde. Le manque d’information d’EDF Energies Nouvelles auprès du grand public explique sans doute cette levée de bouclier. En mettant une chape sur les préoccupations légitimes des riverains, les omertas ne font que durcir le ton et envenimer le débat. 
Sur le sujet, Raphaël Gérard est clair  : « je suis opposé aux éoliennes dans ce secteur. Par contre, je suis favorable à celles, offshore, qui devraient être installées au large de l’Ile d’Oléron. Un rapport récent montre qu’en mer, ces implantations créent des réserves naturelles dans leur environnement immédiat. Reste la protection des oiseaux, il faut alors tenir compte des couloirs de migration ». Soucieux du développement des énergies renouvelables (soleil, vent, géothermie, hydrogène), il estime que chaque projet doit faire l’objet d’une concertation. 
Au sujet des éoliennes en bordure d’estuaire, il comprend que pour se développer, les investisseurs veuillent « profiter des infrastructures et connexions mises en place par la centrale du Blayais située non loin ». Par ailleurs, cet emplacement serait « le moins défavorable de la Haute-Saintonge », bien qu’assez peu venteux. « Ce ne sont pas 40 ou 50 éoliennes dans l’estuaire, en Gironde et en Charente-Maritime, qui vont changer la donne. Agir de manière raisonnée, dans la perspective de sortir du nucléaire, est un objectif. Pour y parvenir, la capacité de production en énergies nouvelles devra être suffisante. Se pose également le problème du stockage ». 
Raphaël Gérard travaille avec sa collège de Gironde à l’organisation d’une réunion publique sur ce thème en septembre prochain. Cette rencontre sera largement suivie, à n’en pas douter !

Tour d’horizon

• Réforme de la SNCF

Membre de la commission des affaires culturelles et de l'éducation, Raphael Gérard n’a pas chômé ces derniers mois à l’Assemblée Nationale, immigration, agriculture, enseignement supérieur, rapport ELAN. 
Au sujet de la SCNF, il estime que le Gouvernement a pris les bonnes décisions : « Son modèle n’est plus adapté au monde actuel. L’ouverture à la concurrence a été décidée à partir de fin 2019, nous n’avons pas le choix. Aujourd’hui, la question est de savoir comment on sauve la SCNF face à cette ouverture ». Quant à la dette, l’Etat a annoncé que le Gouvernement allait reprendre 35 milliards d’euros sur un total de 47 milliards. 
Raphaël Gérard a lui-même été victime des grèves perlées, l’obligeant à prendre l’avion : « Je ne vois pas d’issue à ce mouvement puisque la réforme de la SNCF a été votée démocratiquement »
Une attention particulière est portée aux trains (TER) qui dépendent de la Région Nouvelle-Aquitaine : « nous nous battons pour des lignes comme Saintes/Bordeaux qui sont importantes pour les usagers, elles sont à prioriser ». Plusieurs manifestations, en gare de Pons, ont eu lieu à ce sujet. 
Et le développement du fret ferroviaire quand les routes sont encombrées par les camions ? « On a tout misé sur la LGV sans se soucier des voies secondaires. Les investissements les concernant n’ont pas été réalisés ».  
En ce qui concerne le transport aérien, Air France a manifesté sa mauvaise humeur durant un certain temps : « il est important de penser aux voyageurs, lesquels font appel à d’autres compagnies »…

Le député sur le terrain : l'inauguration du centre médical de Mirambeau
Favoriser (enfin) l’apprentissage 
par un changement des mentalités

Dans le chapitre de l’éducation, l’accent sera mis sur l’apprentissage dont l’encadrement sera confié aux branches professionnelles (certaines devant se constituer). La formation prodiguée sera appelée à évoluer puisque les techniques, au sein de certains métiers, ont changé. Il est également essentiel de faire coïncider les filières avec les offres d’emplois que proposent les territoires. Certaines spécialités ont besoin d’être développées (chaudronniers par exemple) afin de répondre aux demandes des employeurs : « l’orientation sera observée dès la sixième afin que chaque élève soit dirigé vers la voie qui lui convient. Les professeurs auront un rôle déterminant dans la valorisation des talents ».

• Sa position sur le glyphosate 

Venons-en à l’agriculture et à la question qui fâche, le glyphosate. Fin mai, les parlementaires ont examiné un projet de loi du ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert. Contrairement aux attentes, la sortie du glyphosate n’a pas été inscrite dans le texte. Le Parlement a suivi l'exécutif qui souhaite qu'une solution soit d'abord trouvée pour les agriculteurs. 
Raphaël Gérard était absent lors du vote qui s’est déroulé à 2 heures du matin : « je ne fais pas partie de la commission du développement durable à laquelle appartiennent Olivier Falorni et Frédérique Tuffnell. Si j’avais été présent, j’aurais voté contre. J’assume ma position car cet amendement ne présente aucun intérêt. Nous sommes dans le cadre de la législation européenne. L’important est qu’Emmanuel Macron ait mis en place un plan de sortie d’ici trois ans ». Et d’ajouter : « Pour l’instant, nous n’avons pas de produit de substitution à proposer aux agriculteurs français. S’ils ne traitent pas, ils vont perdre leurs récoltes. Le risque est que certaines denrées viennent alors des Pays de l’Est où les traitements intensifs sont autorisés ». 
En France, l’utilisation de cet herbicide est interdite aux collectivités, ainsi que la vente au grand public.

Echange avec des responsables de Haute Saintonge à la permanence de Jonzac
• Logement et place des architectes

Au sujet de la loi Elan (portant sur l’évolution du logement, l’aménagement et le numérique) dont Raphaël Gérard était rapporteur, elle a été votée le 12 juin, après 90 heures de débat et près de 3000 amendements déposés. La balle est actuellement dans le camp du Sénat. 
Deux objectifs fondamentaux sont poursuivis : libérer les initiatives et protéger les plus défavorisés. Il s’agit de construire plus, mieux et moins cher en donnant aux professionnels les moyens d’être plus efficaces, c’est-à-dire en simplifiant les procédures et les normes, en encadrant mieux les procédures contentieuses contre les permis de construire pour lutter contre les recours abusifs, et plus généralement en facilitant le traitement des contentieux en matière d’urbanisme qui retardent la réalisation des opérations. Une disposition qui inquiète les architectes, ceci dit en passant. Officiellement, l’objectif est de produire du logement de qualité et abordable, notamment sur les secteurs les plus tendus. 
L’avis de l’architecte des Bâtiments de France devient consultatif dans certains cas (opérations de lutte contre l’insalubrité, implantation de nouvelles antennes relais). Réaction des défenseurs du patrimoine qui estiment que des débordements, de la part de municipalités peu scrupuleuses, pourraient avoir lieu. « Il ne faut pas faire n’importe quoi dans le domaine de l’urbanisme » remarque le député qui aurait eu des désaccords avec le ministre... 

• La vie privée du député ne regarde que lui…

Parmi ses futures missions, Raphaël Gérard est chargé de présenter un état des lieux, avec deux autres collèges, sur la façon dont s'opère la transmission des métiers d‘art. 
Par ailleurs, il vient de déposer un rapport d'information sur la lutte contre les discriminations anti LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) dans les Outre-Mer, Antilles, Polynésie, Mayotte, Réunion, Guyane, etc. Le sujet y est plus sensible qu’en métropole où, depuis le mariage pour tous, l’ouverture d’esprit a évolué. « Ils sont pénalisés en raison des tabous, des traditions, de la religion. La délégation parlementaire a réalisé un travail historique, cela n’avait jamais été fait auparavant » explique-t-il. 
La suite des événements, le député l’a un peu moins appréciée puisque la presse s’est emparée de sa vie privée. « Mon existence n’est pas un secret, je n’ai jamais fait aucun mystère à son sujet et je demande un droit à l’indifférence » répond-il. Voici qui est dit.

Mortagne : Etape de Raphaël Gérard et Evelyne Delaunay, sa suppléante, à l'Atelier Brocante 
de la Minoterie qui réunit sur un même site de nombreux brocanteurs
Discussion avec un artiste et Ann-Sofie Stragier, propriétaire de la Minoterie
• Fusion des communes de Saint-Palais sur le Né et Archiac

Le député est pour le rapprochement de ces deux communes situées en Charente-Maritime et Charente. « Je ne comprends pas le refus du Conseil départemental de la Charente. C’est un réflexe de l’ancien monde ! Le choix de fusion est librement consenti. Pourquoi s’y opposer ? ». Le département de Charente-Maritime, par contre, s’est exprimé favorablement. 
Le dossier va donc monter à Paris, comme on dit, pour y être étudié. Si le feu vert est donné, Archiac-sur-le-Né sera créée et elle se trouvera en Charente-Maritime (la commune la plus peuplée l’emportant !). C’est sans doute ce que craignent les Charentais, peu enclins à modifier leurs frontières !

• Compteurs Linky : 

« Ce compteur permettra d’évaluer les consommations exactes et d’effectuer des régulations en cas de nécessité » déclare le député.
Quant à la collecte des données, il admet que c’est l’enjeu du XXIe siècle. Enedis étant (encore) une entreprise publique, « cette collecte devra être encadrée »

Bref, le travail ne manque pas, d’où certaines doléances émises récemment par les députés et les personnels de l’Assemblée Nationale quant à la "mobilisation" dont ils font l’objet, y compris le week-end. Toutefois, certaines longueurs peuvent être imputées au fonctionnement même de l’institution, les temps de parole impartis par exemple. Jusqu’à 50 minutes pour les présidents de groupe ! Mais que dire ? L’hémicycle étant l’expression de la démocratie, on ne peut guère critiquer la durée qui entoure les études en commission, les débats publics, les échanges fournis et les inévitables salves d’artillerie !

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