Situé dans le Grand Cul-de-sac marin au large de Sainte-Rose en Guadeloupe, l'îlet Caret, comme tant d’autres, est-il appelé à disparaître ? Question posée par Marie-Laure qui organise des excursions sur ce banc de sable paradisiaque au cœur de la mer des Caraïbes. En effet, il ne reste plus aucun palmier et sa superficie s’amenuise rapidement…
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L'îlet Caret avec ses palmiers voici quelques années. La carte postale idéale ! |
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L'îlet aujourd'hui sans palmiers et avec une surface réduite |
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Une île dénudée entre le ciel et l'eau (© Nicole Bertin) |
Marie-Laure est un personnage haut en couleurs. Une femme comme on aime en rencontrer, authentique, les pieds sur terre et le regard volontaire. Soucieuse de promouvoir la Guadeloupe où elle s’est installée, elle est engagée dans la protection de l’environnement. Sur ce chapitre, elle a du boulot ! L’îlet Caret, elle le connait comme sa poche. Il faut dire qu’il n’est pas bien grand et que les cyclones ont passablement abîmé sa végétation. Les palmiers ont été décapités et la digue qui le protégeait a été si mal restaurée (après plusieurs années d’attente) que les nouvelles structures, s’appuyant sur d’anciennes en piteux état, n’ont pas offert l’effet recherché. Bilan, comme Pompéi, l’îlet Caret est-il en train de vivre ses derniers jours ? Ceux qui l’ont connu dans un passé récent et observent sa transformation sont inquiets.
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Départ du port de Sainte-Rose où le groupe est accueilli par Marie-Laure |
Jeudi matin. Sur le port de Sainte-Rose, un bateau s’apprête à partir en balade
« à la découverte des îlets du Grand Cul-de-sac marin, des fonds sur la barrière de corail et de la mangrove ». La publicité alléchante n’est pas mensongère. En effet, en ces lieux dignes des meilleures cartes postales, les eaux sont turquoise et les poissons des massifs bariolés.
La promenade de Marie-Laure est rodée. Si elle accueille sa quinzaine de touristes (Français, Allemands, Canadiens, Australiens) avec un humour communicatif, la journée ne sera pas uniquement dédiée au farniente et à la plongée, en quête d’une épave et des jolis coraux.
« Enlevez vos chapeaux » lance-t-elle à l’embarquement. Non pas qu’il faille se découvrir devant cette guide expérimentée, mais en raison du vent qui risque d’emporter votre couvre-chef !
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Arrivée sur l'îlet Caret |
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Un palmier, victime du dernier ouragan (© Nicole Bertin) |
Proche de la nature, elle privilégie la découverte du milieu par un jeu de questions/réponses qui mettent les participants à rude épreuve :
« pas grave si vous vous trompez devant les autres, vous ne les reverrez pas ! » glisse-t-elle en rigolant. Prenez par exemple la mangrove : vous pensez savoir comment fonctionne cet écosystème qui semble "flotter" sur l’océan… Eh bien, vous comprenez rapidement que vos lacunes sont importantes. Mais loin de vous accabler, votre ignorance est auréolée du plaisir d’enrichir votre palette de connaissances diverses et variées !
Marie-Laure est psychologue, ça se voit tout de suite. Elle parvient à fédérer un groupe venant d’horizons différents. Comme Laurent Ruquier aux grosses têtes de RTL ! La question est posée et si la réponse est à côté de la plaque, tout le monde se marre ! Il n’en reste pas moins que vous repartez en sachant pourquoi
« il y a des arbres dans la mer » !
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L'îlet est entouré d'un récif coralien |
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Sous le carbet, le repas dans une ambiance conviviale |
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Plat créole (poisson) |
Servi sous un carbet, le repas est un moment convivial où chacun est appelé à se présenter à partir d’une devinette. Marie-Laure, aidée par Morgane et son fils Jordan, initie les convives aux coutumes créoles à commencer par le décollage (cherchez de quoi il s’agit !) et les mille et une façons de combiner le rhum (punch, planteur, etc). Les plats locaux, dont le poulet boucanais et le poisson grillé assorti de christophines, sont délicieux, sans oublier la banane flambée au chocolat.
Le soleil tape et le groupe sort de table plutôt guilleret. De quoi devenir distrait !
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Marie-Laure anime le déjeuner (copieux) |
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Savez-vous laver votre assiette avec du sable ? |
Un touriste, au visage aussi rouge qu’une écrevisse, est embêté : il a égaré son masque et son tuba.
« Vous n’allez pas dire qu’on vous les a piqués. Allez donc voir sur la plage si vous ne les avez pas oubliés » conseille Marie-Laure. En effet, l’intéressé, chagriné d'avoir brusqué la "patronne", revient avec son matériel, rassuré.
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Les bananes au chocolat ! |
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Les joies du windsurf |
Au fil des heures, d’autres bateaux ont accosté. A bord de l’un d’eux, c’est la fête avec musique hautement déployée. De quoi interloquer les
« métros » qui ont lu sur le seul panneau planté dans le paysage :
« respecter la nature, silence ». Quelques-uns sont choqués et se confient à Marie-Laure, laquelle fronce les sourcils :
« Pourquoi voulez-vous arrêter cette musique ? Ici, on naît avec et elle nous accompagne toute notre vie ! ». Traduire : enlever l’ambiance équivaudrait à créer une émeute. Sur un îlet aussi petit, aucune fuite n’étant possible sauf par la mer, autant apprécier cette ambiance chaleureuse qui tranche d’avec certaines réglementations en vigueur.
Don’t worry, be happy…
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Marie-Laure initie le groupe à l'environnement des Caraïbes, la mangrove en particulier |
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Des arbres dans la mer... |
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Elle est pas belle, la vie ! |
Après la baignade dans les eaux claires, le bateau repart pour une nouvelle leçon de sciences naturelles. Dortoir, l’îlet aux oiseaux accueille des aigrettes, les fameux pique-bœufs, tandis que dans le ciel azuré, apparaît la fine silhouette des frégates. Dernières interrogations orales sur ces habitants de la mangrove avant de rentrer au bercail.
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L'île aux oiseaux |
A l’arrivée, les hommes sont invités à descendre le matériel (glacières, etc), la responsable étant pour une répartition équitable des tâches ! La mine bronzée, les Robinson Crusoé se séparent, la tête pleine de soleil et des plaisanteries de Marie-Laure qu’ils remercient chaleureusement pour cette escapade qui les a conduits dans un autre monde, laissant derrière eux les grèves d'Air France ou de la SCNF.
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Jordan, le capitaine, et Morgane (bilingue, elle est chargée de la traduction français/anglais) |
Si vous allez en Guadeloupe, n’hésitez pas à faire cette excursion en souhaitant que l’îlet Caret ne tire pas sa révérence un jour prochain…
• Des commentaires sur le sort que subit l’îlet Caret. Depuis, les palmiers ont entièrement disparu…
« Nous étions allés sur cet îlet en 2014 et il avait une quinzaine de palmiers et une surface plutôt conséquente. En février 2016, nous y retournons et il reste trois palmiers et il a perdu 15 mètres de sa longueur ! Une île en voie de disparition ! » Cathy R.
« Un vrai coin de paradis qui, malheureusement, sera sûrement amené à disparaître. Comme on nous l’a expliqué, cet îlet était beaucoup plus grand dans le passé » ChryseleBruno.
« Ce magnifique petit îlot est malheureusement assailli par des centaines de touristes, dont j’ai fait partie et qui foulent le peu de sol qu’il lui reste, la montée des eaux ne l’épargne pas non plus et les seuls palmiers encore debout sont en train de tomber… Pour ma part, je ne retournerai plus sur cet îlot par respect, j’en suis repartie… » Mabouya2016.
• Que faire ? Des pistes parmi d’autres : procéder par exemple au réaménagement des "carbets" implantés sur l’île, étudier la possibilité d’un ensablement de l’îlet accompagnée de supports de protection comme le renforcement de digues ou encore, la protection de la zone contre l’ancrage massif. Autant de projets indispensables pour redonner à ce lieu son éclat d’antan.
Reportage/photos Nicole Bertin
4 commentaires:
Il faut dire aussi que les ilets sont amenés à se déplacer. C'est triste mais normal ;)
Bonjour ! votre article est bien réel. J'habite en Guadeloupe
archipel que j'ai découvert il y a 17 ans. Des imbéciles ont détruit
toute vie à l' ilet Caret à l' occasion de " fêtes " commerciales
où des grosses voitures étaient exposées en hauteur, entourées
de centaines de petites embarcations. Il aurait fallu interdire
l'accès , comme à l' îlet Blanc ( saison de reproduction des oiseaux )
Jacques du Gosier 971 vous salue cordialement
Pas totalement...En réalité lorsque les vaste étendue d'eau tel la mer ou l'océan se retrouve avec un manque de sable, naturellement les courants ramène du sable pour combler le vide.
Depuis le 20eme siecle avec l'ère industrielle la guadeloupe a dévellopé ses routes, ses habitations désormais en béton afin de délaisé les kaz créole transportable ou les rande batisse de bois. Ces aménagements (bétons,goudrons, graviers) n essecite du sable. Sable bien souvant recuperer par des cargots en leine mers. Les iles tel que l'ile et caret, gosier, l'ile et blanc voient la mer caraibe les ronger de plus en plus chaque années en plus de nos problème climatique et habitude humaine.
Prenez exemple sur l'initiative de l'iles des 3 écoliers.
PRAUCA Lucie, 2020
Quelle tristesse de voir de petit coin de paradis ainsi désolé, les palmiers disparus, complètement dénudé Jai eu la chance de le connaitre il y a 20 ans et suis retournée durant des années. Au fur et à mesure trop de touristes trop de bateaux ! et aussi les problèmes climatiques.....c'est à pleurer !!!
Liliane 2023
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