mardi 2 février 2016

Avant le futur labyrinthe de Montendre, existait le labyrinthus de Cravans…

Ce devait être une réussite totale pour la région de Gémozac. Ce fut malheureusement un fiasco qui dura ce que durent les roses, l'espace d'un matin. Pourtant, le concept imaginé par Isabelle de Beaufort et Bernard Ramus était plutôt sympa. Il s'agissait de créer un labyrinthe à énigmes sur une vaste étendue plantée en maïs. Le public était alors invité à se perdre dans le "bespagne" (maïs en patois) pour 75 francs (nous n'étions pas encore à l'euro).
Les collectivités jouèrent le jeu. Des structures virent le jour à Cravans, dont une tour panoramique. Au début -  comme le montre le compte-rendu de l'inauguration en 1999 - tout le monde était content. Malheureusement, l'ensemble fut rapidement déficitaire et les "financeurs" commencèrent à se poser des questions. Allaient-ils mettre la main à la poche indéfiniment ? Finalement, après quelques saisons, le labyrinthus de Cravans ferma ses portes. L'aventure prenait fin.
Souhaitons à celui de Montendre une plus longue existence ! Toutefois, se posera, comme à chaque fois, le délicat problème de la rentabilité. Il ne fait aucun doute que le sénateur Lalande, fort de sa nouvelle réserve parlementaire, arrangera les choses afin que son labyrinthe ne sombre point au milieu des pins. Quant à Claude Belot, président de la CDCHS, il  devrait, lui aussi, se montrer généreux, Jonzac ayant déjà retiré la plus belle fève du gâteau communautaire avec le complexe des Antilles, la médiathèque et le futur palais des congrès…

L'obélisque du labyrinthus de Cravans (archives © Nicole Bertin)
Cravans : En 1999, tout le monde était content
Retour sur l'inauguration
Si tu ne vas pas au Sphinx, le Sphinx ira à toi !


Bernard Ramus et Isabelle de Beaufort font partie des esprits imaginatifs. Sur fond de labyrinthe, une composition remarquable et énigmatique, ils inventent des histoires antiques peuplées de jeux et d'aventures. Ce concept attire moult visiteurs. Le choix végétal constitue l'originalité des lieux. Les buis, traditionnels, ont été remplacés par des plantations de maïs et de sorgho, sur pied l'espace d'un été. Ces céréales présentent un avantage : elles se développent rapidement et ne sont guère exigeantes, si ce n'est en eau ! Après la Touraine, le Lot et la Dordogne, la Charente-Maritime possède désormais «son» labyrinthus inauguré samedi à Cravans, dans le canton de Gémozac.
C'était un grand jour pour le président de la Communauté de Communes, Jean-Paul Latreuille, qui cachait mal son émotion. On le comprend  ! Unies dans une même «volonté», les collectivités ont participé à la concrétisation de ce projet qui devrait changer la physionomie du secteur. Le pari est de taille. Visiblement, le site venait juste d'être terminé. « Il n'y a pas si longtemps, de la luzerne poussait là ! » soulignait Bernard Ramus. Les travaux réalisés sont conséquents. Les entreprise et la Maison Familiale de Cravans ont mis les bouchées doubles pour une ouverture en juillet !

Rencontre avec les dieux égyptiens... et saintongeais (© Nicole Bertin)
Alain Bougeret, conseiller général de Saintes lors de l'inauguration en 1999
Tour panoramique, aménagement des parcs labyrinthes et des extérieurs sur une superficie de douze hectares : l'étonnement est ici, en Haute-Saintonge. Avouez que tomber nez à nez avec un sphinx ou un obélisque a de quoi déconcerter ! Que dire du labyrinthe des portes, en bois construit, qui déroule 2500 mètres de couloirs et d'impasses, de la rencontre avec Cléopâtre, Anubis à la tête chacal ou Thot, le dieu de l'écriture et de la magie ! Pour le visiteur, l'important est de suivre le fil et de répondre aux questions. Patience et observation sont requises. Inutile de trépigner, il faut partir à point et arriver... de préférence !

Après avoir été invités à découvrir une partie du grand labyrinthe (le parcours complet demande trois heures aux dires des organisateurs), les participants se réunirent pour les allocutions. Avant de baptiser l'enfant par un ruban tricolore, ses "pères" lui souhaitèrent prospérité selon la coutume.
Michel Allain, maire de Cravans, rappela comment le projet avait pris forme. Initialement, l'implantation était prévue à Royan. Une animation à l'intérieur des terres sembla plus stratégique. Les yeux se tournèrent alors vers le canton de Gémozac, proche de la côte.
Dans un premier temps, les responsables de la CDC se rendirent à Reignac-sur-Indre, au cœur du Val de Loire, où se trouve un autre labyrinthus. Là, ils purent juger sur pièce (sur cabosses !) : « mieux vaut avoir vu une fois que d'en parler cent fois ». Convaincus que cette réalisation ne relevait pas de la fiction, les élus donnèrent leur feu vert.
Les pièces du puzzle se mirent peu à peu en place. Un terrain fut localisé et les grands travaux commencèrent.

L'inauguration en 1999 (© Nicole Bertin)
Ce labyrinthe représente un état d'esprit communautaire. Rien n'aurait été possible sans le réseau que constituent Communauté de Communes, Saintonge Romane, Conseil Général, Conseil Régional et Etat. « L'implication fut totale » remarqua Jean Paul Latreuille. L'ensemble du projet atteint 380 millions de centimes dont une grande partie de fonds publics.
La fréquentation devrait être importante. « 500.00 personnes sont déjà venues se perdre dans nos labyrinthus » déclarent les responsables. Un XXIe siècle reposant sur le tourisme et la valorisation des richesses patrimoniales s'ouvre dans le département des mouettes, ce dont se réjouit le président de la CDC. Il remercia vivement tous ceux qui l'ont aidé dans son entreprise.
Claude Belot, président du Conseil Général, ne manque pas d'ambition et il veut porter loin l'image de son département. A Cravans, les dieux égyptiens ont favorisé les mortels ! Maintenant, il ne nous reste plus qu'à souhaiter bonne chance à cette étape sympathique sur la route des vacances.
Certains participants auraient aimé davantage d'explications de la part d'Isabelle de Beaufort et de Bernard Ramus. Le jour de l'inauguration, le couple ne dit pas grand chose au moment des discours. L'émotion ou la chaleur en sont la cause, sans doute...

Dans le labyrinthus de Cravans, des rencontres insolites dont Champollion !

 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est curieux comme nos élus ont la mémoire courte en certaines circonstances. Il est vrai qu'avec l'argent public ils risquent peu.