La musique déclinée avec passion !
Tous les ans en juillet, le site en scène de Jonzac est un moment de rencontre et de convivialité. À l’honneur, la musique déclinée sous toutes ses gammes !
Le public réuni place du château
Pour beaucoup d’entre nous, ces soirées sont inoubliables. La voix rauque de Charlélie Couture, Jacques Higelin tombé du ciel. En juillet, le château retient son souffle quand arrive le fameux site en scène. La ville prend alors des airs de fête et se pare de ses plus beaux atours. Le Coq d’or, qui veille sur le restaurant du même nom, déploie ses ailes et lance un cocorico triomphant !Malgré son castel aux tours imposantes, la municipalité n’a pas choisi une évocation historique pour ce rendez-vous estival soutenu par le Conseil général. Spectacle qui conterait la vie de Léon de Sainte Maure ou les frasques d’Henri IV au moulin de Trompe l’amour ! Elle privilégie la musique, sous toutes ses formes, comme le font Montendre ou Cognac avec le Free Music et Blues Passion.
Pendant deux jours, des artistes talentueux se produisent sur le podium installé place du château. A chacun son style. Les uns commencent leur carrière sous les spotlights, les autres n’ont plus rien à prouver. Accueillir tout ce beau monde demande une solide organisation. Si Juliette est arrivée en Tour bus par exemple, l’équipe de Drôles de Rues est allée à Mérignac récupérer Maceo Parker et ses amis qui arrivaient de Vienne. « L’essentiel, pour nos invités, est que l’accueil soit au top ainsi que les loges dans lesquelles ils vont se trouver. Une ambiance agréable et professionnelle contribue à la réussite des spectacles ainsi qu’à l’image qu’ils garderont de Jonzac » souligne l’un des membres de ce commando spécial.
Le monde de Monika, baptisée «Mo », s'est construit au fil des années. C’est au conservatoire de Barbezieux qu’elle a appris à jouer du piano, le chant et le solfège. En 2002, elle adopte la guitare et se met à composer. En 2007, elle remporte à Baignes le tremplin des jeunes artistes, organisé par le festival Rootsland. En 2010, le groupe constitué « Les mots de Mo » sort chez Discograph « Essai clinique », son premier EP trois titres. Sur scène, elle se produit aux côtés d'Anthony Gabard, guitariste, et Stephane Dupé, contrebassiste.
Samedi, le groupe de Poitiers “Les mots de Mo“ a ouvert le bal. À l’honneur, la chanson française qui le mérite puisqu’elle est largement concurrencée par sa voisine de palier, l’anglo-saxonne à la forte popularité.
Juliette lui a succédé avec sa bonne humeur, ses petites lunettes et ses frisettes qui lui donnent un air enjoué. Elle n’a pas sa langue dans sa poche. Tant pis si elle déplaît aux guindés et aux opprimés du corset ! Elle a mené un vrai combat pour arriver sur les planches et surtout y rester. Sans bijou, ni babiole, sans parano non plus. Mutatis Mutandis, en faisant les changements nécessaires autrement dit.
De son père, saxophoniste, elle a hérité le goût du partage. Pianiste, elle s’est attardée sur les répertoires de Brel et de la magistrale Édith Piaf. Après avoir reçu plusieurs distinctions dont le grand prix de la chanson française à Sarrebruck et le prix de la révélation aux Victoires de la Musique, elle a mené sa barque en évitant les rochers. Depuis, sa carrière se déroule avec cette lueur particulière dans l’œil qui ne la quitte pas. Elle est proche du violoncelliste Vincent Ségal et du compositeur Bernard Joyet.
Juliette : de l’humour et de la détermination pour dire ce qu’elle a sur le cœur ! Après sa prestation de samedi soir, elle a dormi à l’hôtel de l’Ecu.
La soirée s’est terminée avec la pétillante Flash Mob et le groupe des Croquants qui n‘ont rien à voir avec Jacquou. Encore que… Danito et Kif auraient sûrement un avis sur la question. Bref, entre croquant, craquant, croquis et croqueur, le cœur balance !
La terrasse du Coq d'or, un endroit stratégique pour écouter les concerts ! Merci à ses propriétaires, Alexis et Séverine Medvedeff, qui confient leur balcon aux photographes pour les prises de vue !
Maceo Parker : We love you !
Dimanche, l’affluence était encore plus grande que la veille. La multitude a-t-elle séduit Maceo Parker ? On pourrait le croire. Après avoir quitté l’Autriche et avant de se rendre en Angola, il était à Jonzac, petite sous-préfecture de Charente-Maritime. La magie de la musique est de réunir des gens qui vibrent sur les mêmes sons et forment un tout, l’espace d’un concert. « Sans la musique, la vie serait une erreur » écrivait Nietzsche !
Maceo Parker : « Je crois que le devoir d’un artiste est d’aller en de nombreux lieux, surtout si les gens vous y attendent » avoue-t-il.
W. Lee Hogans, le trompettiste du groupe de Maceo Parker.
Maceo Parker, grand monsieur du funk et non du jazz, nuance, a senti qu’il se passait quelque chose en Haute-Saintonge. À tel point qu’il a largement dépassé le temps (une heure et demie) qui figurait sur son contrat. Il a joué tard dans la nuit, devant un château du XVIe siècle que les États-Unis ne pourront jamais lui offrir comme toile de fond.
Il est venu en famille avec son neveu à la batterie (Marcus a fait une sacrée démonstration avant d’offrir ses baguettes aux admirateurs) et son fils Corey, choriste.
Recevoir Maceo Parker à Jonzac est un privilège. On se demande toujours pourquoi des artistes qui ont roulé leur bosse de par le monde sont attirés, à un moment donné de leur existence, par des lieux dont ils ne soupçonnent même pas la géographie. La réponse est plus simple qu’il n’y paraît. La France possède bien des atouts et ses prochaines représentations le démontrent. Elles le conduiront à Aix, Saint-Brieuc et Cholet.
« Ne confondez pas jazz et funk » a lancé Maceo Parker ! Forme de musique afro-américaine apparue aux USA à la fin des années 50, elle s’est développée jusque dans les années 70. Issu principalement de la soul et du jazz, il se caractérise par la prédominance de la guitare, la basse et la batterie, la présence de cuivres ou de saxophones. De manière générale, par la grande place accordée aux instruments.
C’est donc avec émotion que les Saintongeais ont écouté « l’une des plus belles figures de la musique groove ». Son CV est remarquable.Grâce à son oncle, leader du groupe Blues Notes, il a monté dès son plus jeune âge un groupe avec ses frères Melvin et Kellis. Quand James Brown a recruté Melvin comme batteur, les autres ont suivi. Ce fut le début d’une aventure auprès de ce musicien mythique, danseur à l’énergie extraordinaire, qui est certes une référence, mais dont l’exigence et la cadence ont eu des limites. Roi du saxophone alto, Maceo Parker a décidé de voler de ses propres ailes. Bonne idée : Dieu aime le funk !
En 2000, il a rejoint le groupe de Prince. Depuis, il enchaîne les tournées et l’hexagone est l’une de ses destinations préférées. « Je crois que le devoir d’un artiste est d’aller en de nombreux lieux, surtout si les gens vous y attendent » avoue-t-il.
Maceo Parker s’est produit dans l’orchestre de James Brown ainsi qu’aux côtés de George Clinton « le vaisseau-mère », et de Bootsy Collins. Il a enregistré un bel hommage à Ray Charles.
« Il navigue habilement entre la soul des années 1960 de James Brown et funk freaky de 1970 de George Clinton en explorant les rainures du hip-hop. Les sonorités intemporelles de Maceo Parker lui valent aujourd’hui d’attirer une nouvelle génération de fans » soulignent les spécialistes.
À Jonzac, il a offert une belle prestation ainsi que plusieurs de ses musiciens, le sublime trompettiste, W. Lee Hogans, Marcus le batteur, Corey et son amie choriste. Harmonie et talents individuels conjugués. Maceo le magnifique a joué Maceo Parker avec le souci constant de communier avec le public. Notons qu’après le feu d’artifice, le bassiste est revenu jouer avec Groovox dans la salle des fêtes. Histoire de terminer en beauté ce dimanche particulier.
La guerre du feu
Le feu d’artifice a été tiré d’une manière originale par les Commandos Percu. Parties de la place de la République, leurs sonorités tribales et guerrières ont fendu la foule. « Nous sommes des percus et nous frappons. Nous avons les mêmes gestes que ceux qui cassent et détruisent. Nous devons choisir de quel côté nous sommes. Nous sommes là pour faire notre travail d’artiste, passeurs d’émotions, chercheurs d’une force commune pour la transmettre aux gens et leur dire : nous pouvons tous le faire, sans nier que nous sommes dans un monde féroce. Cela nous permet de danser sur les flancs du volcan en éruption » explique le groupe.
Grâce à un savoir-faire très pointu en matière de pyrotechnie, chaque spectacle est réalisé en fonction du site.
Les musiciens-artificiers des Commandos Percu : vers toujours plus d’audace et de mises en scènes originales
Les explosions se sont enchaînées en gerbes sonores et lumineuses. Un instant, le château s’est cru dans le cosmos. Au commencement, quand le big-bang a tiré les étoiles de leur léthargie. Loin du feu d’artifice habituel, c’est-à-dire romantique, cette évasion était tonique et relevée. Sans doute trop bruyante pour les enfants, mais au goût des parents qui ont apprécié cette guerre du feu forte et musclée. L’Etna a craché sa lave et ses coulées étaient jaillissantes, hommage à un patrimoine séculaire qui a connu bien d’autres grondements durant son histoire.Qu’ajoutez de plus sinon remercier les organisateurs de ce rendez-vous, Ville et Conseil général, qui ont contribué à la réussite de ces spectacles.
Certaines personnes n’ont pas pu assister à la jolie mise en scène de la rue de Champagnac et en sont chagrinées. Pourquoi ne pas proposer de nouvelles programmations durant la saison ? Cette perspective ferait des heureux…
Prêts à découvrir le spectacle rue de Champagnac !
• L'info en plus
- L’équipe de Drôles de Rues a récupéré Maceo Parker, son staff de dix personnes, ses bagages et ses instruments à l’aéroport de Mérignac dimanche en début d’après-midi. Le soir, ils ont logé au château de Mirambeau. Le lendemain, ils partaient pour l’Angola via Paris.
- Sur Facecook, Maceo Parker a remercié Jonzac : « Last night in Jonzac was simply wonderful ! Thanks to the organisers and to all of you, and to the lovely chateau where we stayed ». Que Jonzac soit tout simplement merveilleux met du baume au cœur ! Quant au château de Mirambeau, quelle pub !
Photos Nicole Bertin