Deux nouveaux juges consulaires, Didier Bardot et Janik Martin rejoignent le Tribunal de commerce de Saintes tandis que le président Saliba envisage de se retirer fin 2012…
Mercredi matin, se tenait au Tribunal de commerce de Saintes, la traditionnelle audience solennelle de rentrée sous la présidence de Gérard Saliba. Il ne change pas, solide comme un chêne, le regard ensoleillé, parfois rieur et toujours franc.
Cette année encore, Gérard Saliba a accepté de veiller aux destinées de ce tribunal atypique qui rend la justice consulaire depuis 1792. Il est composé d’hommes (beaucoup) et de femmes (un peu) qui appartiennent au commerce, à l’artisanat et l’industrie, c’est pourquoi ils connaissent bien les aléas du monde économique. Comme le rappela Soraya Arhas, substitut, cette justice est souvent décriée car elle ne sort pas du creuset officiel. Mais elle a pour elle la valeur du jugement que donne la proximité ! Gérard Saliba sait combien il est important d’être un juge digne et loyal, remplissant fidèlement ses fonctions, gardant religieusement le secret des délibérations tout en cultivant les valeurs de désintéressement et d’assistance aux autres.
Après 24 ans au Tribunal de Commerce, Gérard Saliba envisage de quitter la présidence fin 2012. M. Renaud devrait lui succéder. Créée dans les années 50 à Pons, l’entreprise familiale dont il était responsable a été reprise par les Transports Gautier (Bretagne).
En 2012, le Tribunal s’enrichit de deux nouveaux membres, un sudiste, Didier Barbot, et un banquier, Janik Martin, bien connu au Crédit Agricole.
La famille s’agrandit. Didier Barbot a déjà un beau parcours derrière lui puisqu’il a été président du conseil des prud’hommes et président de la Chambre de Commerce à Dignes-les-Bains. « Vous êtes un self-made-man (on sent toute l’influence d’internet sur Gérard Saliba !) et vous gérez actuellement, à Montguyon et Saint-Martin-d’Ary, deux établissements qui emploient 80 salariés et réalisent un chiffre d’affaires de 28 millions d’euros ».
Titulaire d’une licence en droit, Janik Martin a fait toute sa carrière au Crédit Agricole. Jeune retraité, il a choisi de consacrer du temps au Tribunal de commerce. Son dernier poste était le service de recouvrement à l’amiable et le contentieux. Autrement dit, il sait ce qu’est un bilan comptable.
« Tous deux, vous ne représenterez ici ni la grande distribution, ni la banque. Vous êtes au service de tous » précisa Gérard Saliba. Pour approfondir leurs connaissances, les nouvelles recrues sont invitées à se former à l’École de la Magistrature de Bordeaux.
À ces entrées, il convient d’opposer un départ immédiat, celui de Philippe Ravon (expert en objets d’art, il croule sous le travail) et plus lointain, celui de Gérard Saliba dont l’intention est de se retirer fin 2012. Nombreux les regretteront.
Cette année, les places des personnalités étaient réservées avec étiquette à son nom. Certains n’avaient pas pensé à ce nouveau protocole qu’a également mis en place le Tribunal de grande instance.
Il n’y a pas péril en la demeure !
« Je n’ai pas de mauvaises nouvelles à vous annoncer » souligna Gérard Saliba qui taquina les journalistes. 2011 ne correspond pas à une catastrophe économique, malgré ce que disent régulièrement les médias.
Les redressements judiciaires sont en baisse de 12 % et les liquidations judiciaires de 17 %. Les procédures de sauvegarde sont également en recul, mais leur nombre est encore élevé (32). Il témoigne du volontarisme bien connu du Tribunal de Commerce dans ce domaine. Le nombre total de procédures collectives a baissé de 17 %. Bien compris et utilisé à temps, ce système peut apporter une solution pérenne. La cellule de prévention, quant à elle, a reçu 176 entreprises en 2011.
En ce qui concerne les créations d’entreprises, leur nombre est en baisse, mais il est compensé par une diminution du nombre de radiations. Les immatriculations des EIRL (Entreprise Individuelle à Responsabilité Limitée), par contre, n’enthousiasment pas les décideurs. Seules quatre ont vu le jour l’an dernier.
À cet état de santé, Gérard Saliba ajouta le volet informatique avec la création du « portail des juges ». En France, cinq sont totalement opérationnels dont celui de Saintes. Il est accessible non seulement aux juges, mais aux représentants du parquet.
Via son ordinateur, Marc Binnié en fit une démonstration sur écran. Désormais, les pièces des dossiers seront disponibles sur la toile. Voilà qui simplifiera la vie ! « Les technologies progressent et se modernisent. Cependant, la fierté que nous ressentons ne m’incite ni à un orgueil cocardier, ni à une exagération de son caractère avant-gardiste ! » déclara le Président. Il n’ignore pas que d’autres pays ont montré l’exemple.
La photo de famille ! Aux côtés de Soraya Arhas, substitut, et des greffiers, les juges consulaires et leurs deux “nouveaux“ collègues, Yanik Martin et Didier Bardot.
Après l’allocution de Soraya Arhas, le nouveau bâtonnier, Me Lamouroux, souligna les bonnes relations qu’entretient le barreau avec le Tribunal de commerce et le greffe « dont l’efficacité est démontrée ». Les avocats assurent 22 permanences à Jonzac, Royan, Saintes et Saint-Jean d’Angély où sont donnés de nombreux conseils juridiques. Une façon, pour eux, de participer au travail en amont qui est fait auprès des patrons. En effet, comme suggère le vieil adage, « mieux vaut prévenir que guérir »…
Vive Steve Jobs ! « Bientôt, nous devrions pouvoir utiliser en audience le logiciel du Tribunal sur tablette numérique tactile » a annoncé Gérard Saliba.
• Mireille Saint-Martin, syndic, vient de prendre sa retraite. Son successeur est Thomas Humeau.
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