dimanche 10 juillet 2011

57e Régiment d’Infanterie :
Vie et mort d’un régiment
créé à Jonzac


Jeudi dernier à Jonzac (17), avait lieu la cérémonie de dissolution du 57e Bataillon d’Infanterie dont la devise est révélatrice de son courage : Le Terrible que rien n’arrête ! Lors du rassemblement d’adieu, le drapeau de cette unité a fait une dernière apparition avant de rejoindre le service historique de la Défense au château de Vincennes.


Chaque drapeau porte une histoire. Jeudi matin, s’il avait eu la parole, celui du 57e Bataillon d’Infanterie aurait conté ses hauts faits.
À Jonzac où était organisée la cérémonie de dissolution, le 57e Régiment d’Infanterie appartient au patrimoine. Lors des visites du château, les hôtesses de l‘Office de Tourisme, s’arrêtant devant la bannière exposée dans la salle du conseil municipal, rappellent son origine saintongeaise. En effet, ce régiment y a été créé en 1627 par le Comte de Sainte Maure. Durant l’Ancien Régime, il a été présent sur tous les lieux de bataille. En Europe comme dans les colonies, en Guadeloupe en particulier.

Les autorités civiles et militaires réunies à Jonzac


Ayant pris le nom de son commandant, Beauvoisis, il devient le 57e Régiment de ligne en 1791. En 1797, il s’illustre durant la campagne d’Italie chère à Bonaparte. D’où la devise brodée en lettres d’or de son drapeau : « La 57e demi-brigade que rien n’arrête ». Il poursuit sur sa lancée (sièges de Sébastopol en Crimée) et en août 1870, alors que Paris est en bien mauvaise posture, le sous-lieutenant Chabal arrache à Rezonville le drapeau du 16e R.I. prussien. Un acte qui vaut au drapeau de se voir attribuer la Légion d’Honneur.

Quand la paix revient, le régiment s’installe dans la région bordelaise. Au XXe siècle, il participe aux combats de la Première Mondiale et défend courageusement Mont-Renaud. Après avoir stationné à Rochefort, Libourne et Saintes, le 57e rejoint Bordeaux en 1929. En 1939, durant le Seconde Guerre Mondiale, il gagne l’Est de la France. Il se sacrifie en mai 1940 à Voncq dans les Ardennes.
En 1944, le régiment renaît à Bordeaux à partir des troupes FFI et FTP des Charentes et de la Gironde. Lors de la guerre d’Algérie, il fait campagne en Petite Kabylie.

En septembre 1960, un centre d‘instruction du 57e Régiment d’Infanterie, chargé de former les nouvelles recrues, voit le jour au camp de Souge en Gironde. Après une réorganisation, il prend le nom de GMR4/57e RI, stationné à Bordeaux, dont les missions sont de mener, pour la quatrième Région militaire, « des actions d’administration des personnels, de transport et de transmissions ». En 1991, il participe, après la tempête de 1999, à des opérations d’assistance auprès des populations.
En juillet 2000, devenu 57e Bataillon d’Infanterie, il voit disparaître « son détachement des transmissions et sa musique qui rejoint le 503e Régiment du Train ». « Ce n’est jamais que la troisième fois qu’il prend le nom de bataillon sans jamais perdre son âme, ni renier le passé » observe le Lieutenant-colonel Philippe Grosjean.

Le lieutenant colonel Grosjean est le 90eme et dernier chef du 57e RI qui regroupait avant sa dissolution environ 300 personnes

Malheureusement, ce n’était pas la dernière épreuve à subir puisque le guettait sa dissolution. Évolution oblige.

• Une émouvante cérémonie

Jeudi dernier, dans la ville où il est né, le 57e a tiré officiellement sa révérence lors d’un vaste rassemblement organisé sur la place du château. On notait la présence du Général de corps d‘armée Lechevallier, commandant la région Terre Sud-Ouest et Officier général de la Zone de défense et de sécurité, le Lieutenant-colonel Philippe Grosjean, chef de corps du 57e RI, le drapeau et sa garde, la musique parachutiste de Toulouse, les autorités militaires et civiles dont Claude Belot, sénateur maire de Jonzac et Philippe Brugnot, sous-préfet.


En souvenir du Comte de Sainte Maure, fondateur de ce régiment

Les enfants des écoles primaires

De vibrants hommages furent rendus au 57e qui mérite bien sa devise donnée par Napoléon : Le Terrible que rien n’arrête ! Cette unité, qui a servi son pays et ses habitants avec courage et loyauté, impose le respect.
Au terme de la cérémonie, son drapeau a été roulé avec soin et émotion. On le verra désormais au service historique de la Défense au château de Vincennes. Les hommes du 57e rejoindront d’autres régiments. La majorité d’entre eux sera réaffectée dans le groupement de soutien de la Base de Défense de Bordeaux Mérignac.

La musique parachutiste de Toulouse

Ainsi se tourne une page sur (presque) quatre siècles d’existence…

Le drapeau, comme l'insigne et la fourragère, seront confiés au Service historique de la défense, au château de Vincennes


Le Colonel Grosjean remercie Claude Belot, sénateur maire de Jonzac, et Philippe Brugnot, sous-préfet, du chaleureux accueil réservé au 57e RI.

• Décorations

Le Lieutenant-colonel Guittard, commandant la Compagnie de Jonzac, a remis la médaille d’argent de la Défense Nationale au Maréchal des Logis chef Florence Lannuzel ainsi que la médaille de bronze à deux gendarmes adjoints volontaires, Mickaël de Melo et M. Miquel.
L’adjudant-chef Tanguy, l’adjudant Azais, le caporal-chef Ferrer ont reçu, quant à eux, la médaille d’or de la Défense Nationale remise par le Général de corps d‘armée Lechevallier.
Remise de décorations par Jacques Lechevallier, commandant la Région Terre sud-ouest et Officier général de la zone de défense et de sécurité et le Lieutenant Colonel Guittard, commandant la Compagnie de Jonzac.
Le 57e RI est depuis longtemps basé à Bordeaux, à la caserne Nansouty.


• Quelle défense pour demain ?

Cette dissolution intervient dans le cadre de la réduction du format de l’armée (de 30 000 hommes alors qu’aucune réserve sérieuse de défense territoriale n’a été constituée) et des nouvelles politiques de gestion de l’État. Autrement dit, ces “coupes“ doivent permettre des économies budgétaires imposées par le service de la dette. Paradoxalement, la restructuration se passe à un moment où plus de 15 000 hommes sont déployés sur des champs d‘actions extérieurs, notamment en Afghanistan, en Libye et sur différents théâtres africains. Le chef de l’Etat-Major de la Marine, l’Amiral Forissier, a d‘ailleurs laissé entendre que la France était au bout de ses moyens d’intervention militaire.
En Libye par exemple, le porte-avions Charles de Gaulle, qui devrait être en carénage, continue d’appuyer l’intervention française. En 2012, il sera hors service pour toute l’année.
La situation française n’est pas unique ; l’Angleterre est dans le même cas. Au plan européen, cela signifie-t-il qu’il ne peut y avoir aucune politique étrangère fondée sur l’usage d’un outil militaire ?
La question est donc de savoir quelle sera la position des candidats aux prochaines élections présidentielles sur ce sujet important pour la sécurité du territoire…

Reportage Nicole Bertin

4 commentaires:

michel pionnier a dit…

Bonjour, je viens de retrouver dans les archives du curé d'une paroisse du quartier Bastide à Bordeaux, un programme d'une fête du 26 mai 1904 du 57e d'Infanterie. je pense que l'illustrateur est aussi un abbé, l'abbé Villeneuve. Pourtant la 57e n'était pas encore à Niel à l'époque...?
michel pionnier
michel.pionnier@laposte.net

michel pionnier a dit…

bonjour,

je viens de trouver un programme d'une fête organisée le 20 mai 1904 pour la 57e d'infanterie. ce programme retrouvé à Bordeaux Bastide et illustré par, je pense, l'abbé Villeneuve. Pourtant à cette époque,le 57 e n'était pas à Niel.
bien à vous,
michel.pionnier@laposte.net

Unknown a dit…

Quand a moi ne en 1959,j'ai militaire au 57 RI caserne Nansouty, je faisais parti de la musique de la 4eme Region militaire.

REVOLTE Claude a dit…

J'étais musicien de la 70/08 à Nansouty après des classes à Souges, chef de musique le capitaine Gaston GALLAS, il y avait également Jean Paul BROCHON (du bar le Jonzacais) au tout départ clairon, trompette de cavalerie puis, tuba...
Claude REVOLTE