lundi 1 septembre 2025

Jonzac/Inauguration du châtelet : De la Guerre de 100 ans à l’Intelligence Artificielle !

Claude Belot : « Le château de Jonzac est le château public le plus important qui existe à ce jour en Charente-Maritime »

Inauguration du châtelet et d'une plaque commémorative
De gauche à droite, Jacky Botton, Marie-Christine Bureau, Chantal Guimberteau,
conseillers départementaux, Christophe Plassard, député, Claude Belot,
président de la CDCHS, Christophe Cabri, maire de Jonzac, Brice Blondel, député,
Joëlle Marie-Reine Sciard, conseillère régionale, Sylvie Marcilly,
présidente du Conseil départemental, Pascal Markowsky,
député, Patrick Ferrère de la Fondation du Patrimoine

Des chaises sagement alignées devant le château de Jonzac samedi matin ? Concert en perspective ? Non, la municipalité inaugure officiellement la restauration du châtelet construit au XVe siècle (1449, date gravée dans une pierre d’entrée). Par son aspect imposant, il symbolise la puissance de ses propriétaires, la famille de Sainte-Maure. En le rénovant, la municipalité montre son attachement à la valorisation d’un monument historique et sa volonté de l’inscrire dans une ère nouvelle en le dotant d’un musée dont la scénographie s’appuie sur l'Intelligence Artificielle.

Le château de Jonzac trône sur son siège rocheux, couronné d’un chemin de ronde conservé dans sa version initiale. En le parcourant, l’imagination vagabonde et plusieurs scènes viennent à l’esprit. Des soldats montant la garde par exemple… L'ensemble a connu plusieurs phases de travaux : le châtelet daté de 1449, la création de parties d'habitation, des transformations au XIXème siècle dont le percement d'une rue intérieure (terrain donné par M. Gautret) et l'occupation d'une grande partie des bâtiments par la mairie et la sous-préfecture. A l'époque moderne, les municipalités de Claude Belot et Christophe Cabri ont apporté leur pierre à l’édifice : rénovation de la tour nord en 2013, de la couverture, des façades, des murs intérieurs et enfin, cerise sur le gâteau, la restauration du châtelet. Désormais, seule la partie sud occupée par la sous-préfecture et propriété du Département, est encore dans l’attente d’un « rafraîchissement ». 

Christophe Cabri : « le château est un trait d'union entre notre histoire, notre présent et notre avenir »


Nous sommes le 30 août 2025, jour de l'inauguration du châtelet. Profitant d’une éclaircie au cœur d'une météo incertaine, le maire, Christophe Cabri, prend la parole : « C'est un moment très émouvant que nous partageons ensemble, réunis devant l'un des témoins les plus emblématiques, le château de Jonzac. Mille ans d’histoire, de luttes, de paix retrouvée, de transformations et de restaurations qui en font bien plus qu'un monument. Un repère pour notre ville, un héritage pour notre territoire et un symbole du lien entre passé et avenir. Cette cérémonie marque l'achèvement des travaux du châtelet ainsi que l’ouverture au public d’un musée. Nous ne célébrons pas seulement la fin d'un chantier, nous célébrons la transmission aux générations futures d'un patrimoine magnifiquement restauré. C'est aujourd'hui l'aboutissement d'un long travail. Depuis 1841, date à laquelle la ville devient propriétaire d'une partie de l’édifice, les mairies successives ont pu préserver la qualité architecturale de ce joyau. Je salue l'action de Claude Belot, maire honoraire, qui a permis au fil des décennies la restauration de plusieurs parties du monument. Aujourd'hui, grâce à cette dernière phase, nous pouvons enfin lui restituer sa cohérence, sa noblesse et sa vocation. Rien de tout cela n'aurait été possible sans le soutien des services de l'État, de la Région, du Département et de la Fondation du Patrimoine. J'associe également tous les donateurs publics et privés dont l'engagement et la générosité ont été décisifs. Ces travaux ont été menés sous la direction éclairée de Philippe Villeneuve, architecte en chef des Monuments Historiques, qui s'est illustré dernièrement dans deux chantiers d'envergure, le nôtre et Notre-Dame de Paris ! Je veux aussi remercier les artisans, spécialistes des monuments historiques, tailleurs de pierre, couvreurs, menuisiers, ferronniers. Avec un savoir-faire rare, ils ont redonné au châtelet sa splendeur dans le respect des techniques ancestrales. Depuis le 4 août, dans le musée aménagé, une scénographie immersive raconte aux visiteurs mille ans d'histoires, création originale de Jérémy Bellot et Anne-Sophie Acomat. Elle a été guidée par un tableau de 1727 de l'artiste Lescrinier, exposé dans la salle des mariages de la mairie. L'œuvre, commandée par le dernier Comte de Jonzac, Louis-Pierre-Joseph Bouchard d’Esparbès de Lussan d’Aubeterre, illustre les cinq sens à travers ses cinq enfants. Chaque pièce est dédiée à un sens, elle permet une expérience multi-sensorielle qui ne se limite pas au visuel. Le châtelet n’est pas une simple mémoire figée, mais un levier de lien social, de développement culturel et d'attractivité. Il est un trait d'union entre notre présent et notre avenir. Je vous invite à vous approprier ce lieu, à le faire vivre, à le transmettre ».

Claude Belot : « Sous nos pieds, existe une seconde ville taillée dans le calcaire »...


Sur l’estrade, Claude Belot, ancien maire, actuellement président de la Communauté de Communes et premier adjoint de la ville de Jonzac, développe l'histoire entourant le château. Il évoque sa carrière par la même occasion : « Pour moi, l’aventure a commencé il y a plus d'un demi-siècle. Dans les années 1870, ce territoire rural a connu une crise majeure avec le phylloxera qui a détruit une grande partie du vignoble. La moitié de la population a dû émigrer. Ceux qui sont restés se sont trouvés démunis. L’un de mes arrière-grands-pères, courtier en eaux de vie, est devenu conducteur de chevaux à Bordeaux. Le pays a ensuite vécu deux guerres mondiales. Il n’y avait pratiquement plus de moyens d'investir. Ainsi, le patrimoine a vieilli, s'est abîmé. Le château de Jonzac a traversé les ans, mais il nécessitait des travaux. Ils ont été accomplis peu à peu. Chargé de la restauration du châtelet, l’architecte des Monuments historiques, Philippe Villeneuve, a bien compris le lieu. C'est un homme passionnant. On se sent intelligent quand on l’écoute parler ! Le château a pu être rénové dans le cadre d’un partenariat d’une extrême qualité avec l'État et le service du ministère des Affaires culturelles. Il n'est pas que des pierres, des murs, c'est aussi un édifice qui a du sens. Sur son oppidum, il a eu une fonction défensive durant des siècles. Sachez que sous vos pieds, existe une seconde ville taillée dans le calcaire, celle où on se réfugiait quand l'occupant réussissait à franchir le château. Dans les caves des maisons, vous avez des galeries qui communiquent. Aujourd’hui leurs accès sont en partie murés. Après les guerres de 100 ans et de religion, quand la période a été plus calme, le château s’est embelli. Propriété des Sainte-Maure, il a pris son allure quasi définitive.  Entre ce châtelet et aujourd’hui, défile une longue histoire où des gens entreprenants, qui connaissaient l’économie, ont mis en valeur leur territoire. Ils ne se sont pas contentés d'engranger, mais de développer la ville, les rivières, la région ! Moi, j'ai passé des milliers d'heures dans le château à travailler, à échanger, à rigoler aussi avec des copains lors de réunions. Il faut coller ses oreilles contre les murs et les écouter. Souvent, j’ai entendu : tu devrais faire ci, tu devrais faire ça ! En un tel lieu, on ne peut pas s’empêcher d’avoir une réflexion sur le passé, le pouvoir, la manière de préparer et forger l’avenir. Penser à ceux qui nous ont précédés, à leur façon d’agir, aux moyens dont ils disposaient. Si les prochains responsables de la ville savent être à la hauteur de leurs responsabilités, ce château entrera dans l’éternité ! ».  

Sylvie Marcilly : « Le châtelet a été construit avant la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb »

A son tour, Sylvie Marcilly, présidente du Conseil départemental, félicite les édiles de Jonzac : « Il y a juste une petite chose que vous avez omis de dire, c’est que le général de Gaulle est passé ici comme le montrent les images projetées qui rappellent ce prestigieux épisode. Si j'ai bien retenu les dates gravées dans la pierre du château, le châtelet a été construit avant 1492, c'est-à-dire la découverte de l'Amérique. Vous le savez, je suis attachée à l'histoire. C'est la raison pour laquelle au Département, nous apportons une attention particulière au patrimoine en contribuant à sa préservation, voire à sa restauration. Je profite de cette inauguration pour remercier Claude Belot, à l’origine du service de l'archéologie départementale créé il y a 25 ans. Il y a beaucoup à apprendre du passé et certaines réalités actuelles trouvent leurs origines dans l’histoire. Le Département est aux côtés de la municipalité de Jonzac. Au nom des élus de la Charente-Maritime, je voudrais également remercier les services de L’Etat et la Fondation du Patrimoine qui nous aident sur un autre projet, la restauration du Fort Boyard. Malheureusement, cette construction a supporté les outrages de la mer et elle nécessite d’importants travaux. Nous sommes juste des passeurs d'histoire et notre responsabilité est de transmettre en bon état le patrimoine aux générations futures. Forgeons un monde meilleur ».

Brice Blondel, préfet : « Un soutien financier entre 10 et 15 millions par an »

« Je suis extrêmement fier d'être présent devant cet édifice millénaire qui prouve que la Haute-Saintonge n'est pas qu'un territoire d'entrepreneurs et d'innovations. C’est aussi un territoire de traditions, de patrimoine sur lequel se bâtit l’élan de la ville comme ce château qui repose sur des pierres d'une solidité exceptionnelle. L’Etat a été présent dans cette "œuvre" commencée en 2021. Vous avez souligné l’important soutien du Ministère de la culture, près d’un million d’euros à vos côtés pour parvenir à ce beau résultat. Il est engagé sur l’ensemble du patrimoine exceptionnel de Charente-Maritime avec près de 900 édifices protégés sur les 6000 que compte la Nouvelle-Aquitaine. Entre autres, le couvent des Carmes, les églises du territoire saintongeais et bien sûr Fort Boyard, le pont transbordeur et la magnifique église d’Aulnay de Saintonge. Ce soutien se situe entre 10 et 15 millions par an qui profitent à la Charente-Maritime avant tous les autres départements de la Région du fait de la richesse de ses monuments. En conclusion, j’ai choisi un propos de Richard Branson : "l’équipe la plus efficace est celle qui peut terminer ensemble une boîte de pizza". La restauration du châtelet est une œuvre collective, c’est bien plus qu’une boîte de pizza… mais je ne suis pas certain qu’on ait terminé la boîte quand on regarde l’aile droite du château ». En effet, le côté sous-préfecture reste à faire et son aspect grisonnant tranche aux côtés des autres parties valorisées. Affaire à suivre !

Succédant aux allocutions, Sylvie Marcilly, Brice Blondel, Claude Belot et Christophe Cabri dévoilent une plaque commémorant cette journée particulière. La manifestation se termine par le verre de l’amitié et la découverte des photos reflétant les différentes étapes du chantier de rénovation du châtelet.

L'info en plus

• Deux députés ! A Jonzac, on ne lésine pas sur les moyens, surtout en période pré-électorale. Parmi les invités, le préfet Brice Blondel et la présidente du Conseil départemental, Sylvie Marcilly, mais aussi deux députés le RN Pascal Markowsky, élu de la 4ème circonscription (Jonzac/Royan) et, moins habituelle en ces terres du Sud, la présence de Christophe Plassard dont l’horizon est centré sur la cinquième circonscription. S’y ajoutent représentants de la Fondation du patrimoine, conseillers départementaux, régionaux, maires du secteur, artisans, entrepreneurs et une nombreuse assistance.

• Christophe Cabri : « J’adresse mes remerciements chaleureux à deux élus du Conseil municipal, Christel Brière et Patrick Carré, qui ont suivi avec une rigueur, un engagement et une attention constante cette restauration ainsi qu’aux équipes administratives et techniques de la Ville, l’Office de tourisme qui ont mobilisé leurs compétences pendant plus de deux ans ».

• Claude Belot : « J'ai passé des milliers d'heures dans le château. Édifié sur un piton rocheux, il est constitué des plus belles pierres qui existent, toujours exploitées à Jonzac, Pons, Avy et sont exportées en Chine et aux États-Unis. Nous avions à Jonzac un patrimoine ancien de grande qualité qui demandait à être remis en état ».

« Autrefois, le comte de Jonzac, ce n’était pas le petit marquis d’Ozillac ! Il avait une armée, ce qu’il fallait pour vivre. La Saintonge était grande, elle allait jusqu’aux portes de Blaye, Angoulême, Niort. Aujourd’hui, Jonzac est une ville métropole en milieu rural ».