Des concerts magnifiques, le festival de musique de Saintes en propose chaque année en juillet. Elaboré par Stephan Maciejewski, directeur artistique, le programme qui rend hommage à Johann Sébastien Bach depuis sa création, offre de belles évasions qu’elles soient classiques ou contemporaines. Ainsi le concert donné mercredi par le pianiste Jan Michiels et le Collegium Vocale Gent.
|
Le Collegium Vocale Gent |
Si vous pensiez rêver sous les voûtes de l’Abbatiale, la première partie de ce concert a placé l'auditoire devant ce que la musique possède de plus contrastant, combinant à la fois audace, provocation, orage et tempérance. La musique est une aventure, à la fois philosophique et mathématique ! Le pianiste Jan Michiels, qui consacra sa thèse au
« Teatro dell'ascolto », excelle dans l'interprétation des œuvres de l’incomparable Alfred Schnittke. Il aimait, dit-on, citer Anton Rubinstein qui disait :
« pour les classiques, je suis un futuriste ; pour les futuristes, je suis un réactionnaire ! ».
« Sachant créer le scandale comme l'enthousiasme, Schnittke suscite des avis partagés et souvent passionnés de la part des musicologues » souligne la critique.
L’oreille n’est pas habituée à ces rythmes ; elle les reçoit ou les repousse, mais ils ne laissent jamais indifférent ! S’ils peuvent parfois la déranger, elle en accepte l'originalité. De telles sonorités trouvent leur épanouissent et leur symbolique intime en un jeu dont chaque note est minutieusement orchestrée. Ce qu’on ne peut pas dire, il faut le jouer !
|
Jan Michiels est professeur de piano au Koninklijk Conservatorium
Brussel, où il a également dirigé la classe de musique contemporaine. Il
joue régulièrement comme soliste ou avec des ensembles de musique de
chambre. |
A cet affrontement presque physique comparable aux eaux calmes et tumultueuses d’un torrent, suit la prestation magistrale du Collegium Vocale Gent sous la direction de Kaspars Putniņš. La puissance que dégage cette formation traverse les hauts murs de l’édifice pour atteindre une dimension presque cosmique. Murmures, vibrations, résonances, échos, la musique va au delà de la simple perception, elle nimbe l’âme d’un halo qu’on voudrait éternel. La vie et l'autre côté du miroir. Il y a une telle profondeur chez Ligeti, Kurtag et Schnittke que le public devient l’otage volontaire de leurs créations en mouvement qui traversent l’espace et s’offrent comme une lumière servie sur un plateau d'argent (nombreux ont d’ailleurs remarqué son scintillement à travers les vitraux !). Ainsi l’enfer tutoie le paradis en une union parfaitement maîtrisée.
Charmé, parfois bouleversé, le public s’est laissé emporter par cette vague d’émotions, gardant en tête ce chef de chœur qui rythme le silence quand les voix se sont tues…
|
Depuis sa fondation par Philippe Herreweghe il y a plus de trente ans,
le Collegium Vocale Gent s’est imposé comme l’une des meilleures
formations chorales au monde. L’ensemble a régulièrement collaboré avec
La Chapelle Royale et l’Orchestre des Champs-Élysées. |
• Invité à jouer dans les plus grandes salles européennes et dans les grands festivals, le Collegium Vocale Gent s’est également produit plusieurs fois aux États-Unis, en Amérique du Sud, en Israël, en Australie, en Russie et au Japon.
• Kaspars Putniņš dirige régulièrement comme chef invité les plus grands chœurs
européens comme le chœur de la BBC, le chœur de chambre RIAS, le chœur
de la radio de Berlin, le chœur de chambre NDR, le chœur de chambre des
Pays-Bas, le Collegium Vocale Gent, le chœur de la radio flamande et
d’autres encore. Il est directeur artistique et chef du chœur de chambre de la Philharmonie de l’Estonie.
• Stanley Kubrick a choisi le compositeur Ligeti pour illustrer son film
L'Odyssée de l'espace sorti en 2001.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire