lundi 1 mai 2017

1945-2017 : Saintes fête la libération des camps de concentration

Comme chaque année, le dernier dimanche d'avril est consacré à la Journée Nationale du Souvenir des Victimes et Héros de la Déportation. Le 30 avril à Saintes, un hommage émouvant a été rendu aux victimes de la barbarie nazie en présence des anciens combattants, des associations patriotiques, des autorités militaires, de Catherine Walterski, sous-préfet, Philippe Coindeau, procureur, Marie-Line Cheminade, premier adjoint, l'association ADHEOS, des conseillers départementaux, régionaux, du conseil municipal et de la population.
 
Appel des noms des déportés de Saintes par un groupe de lycéens


Après l'appel des noms des déportés de Saintes par un groupe de lycéens et le dépôt de gerbes au monument aux morts, Raymond Guérif, au nom des amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, a donné lecture du message rédigé conjointement par la Fédération Nationale des Déportés et Internés de la Résistance (F.N.D.I.R.), la Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes (F.N.D.I.R.P.), la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (F.M.D.) et l'Union Nationale des Associations de Déportés, Internés et Familles de Disparus (U.N.A.D.I.F.) :

« La tragédie des camps de concentration nazis et le courage de ceux qui ont lutté pour la sauvegarde de la dignité humaine doivent rester présents dans les mémoires. Il faut, sans relâche, répéter que cette célébration n'est pas uniquement tournée vers l'histoire mais bien vers notre présent et notre avenir. La dénonciation du nazisme n'a de sens que si elle s'accompagne d'un combat acharné, sans la moindre compromission, contre les formes actuelles de résurgence de cette idéologie de mort. Face à la montée du nationalisme, de la xénophobie, du racisme et de l'antisémitisme, au déchaînement de fanatismes politiques ou religieux et à la fréquente remise en cause des principes du droit et de la démocratie, le message des déportés est d'une brulante actualité. Les conflits qui déchirent le Moyen Orient et d'autres parties du monde, les millions de femmes, d'hommes et d'enfants obligés de fuir les lieux de combats, le terrorisme international, les semeurs de haine, la tentation des pays à se replier sur eux-mêmes au détriment de l'indispensable solidarité, tous ces éléments requièrent une action commune contre ces dangers qui menacent l'avenir. La Journée Nationale du Souvenir nous donne donc l'opportunité de concrétiser notre hommage en lançant un appel pour que tous les efforts soient poursuivis afin de donner son plein sens à la devise de la République : Liberté, Egalité, Fraternité ». 

Suivit la lecture des serments de Buchenwald par l’UFAC et de Mauthausen par l’ULAAC.  


Le dépôt de gerbes par Mmes Walterski, Cheminade, M. Guérif et le représentant de l'association ADHEOS
Raymond Guérif, des Amis de la Fondation de la Mémoire de la Déportation
Les porte-drapeaux
Une cérémonie émouvante
Le groupe vocal Chor’hom, dont la prestation est à souligner, avait inscrit à son répertoire 
la Marseillaise, le chant des Partisans et le chant des Marais. 



• Le poème « A ma mère » écrit par Gisèle Guillemot à la prison de Fresnes, lu par Sylviane Guérif, ne laisse personne insensible. Aujourd'hui décédée, elle appartenait à cette génération de femmes engagées et courageuses. Résistante de décembre 1940 à avril 1943, elle fut déportée en Allemagne vers les prisons de Lübeck et Cottbus, au cours d’un incroyable périple ferroviaire de 89 jours à travers l’Allemagne et la Pologne en passant par Dantzig. A l’automne 1944, transférée  au camp de Ravensbrück puis, en mars 1945 à Mauthausen, elle retrouva la liberté le 20 avril 1945 par la Croix Rouge Internationale. C’est en prison et dans les camps qu’elle a écrit, clandestinement bien sûr, la plupart de ses poèmes.

Ecoute, il faut que tu comprennes
Lui et moi on n’a pas supporté
les livres qu’on brûlait
Les gens qu’on humiliait
Et les bombes lancées
Sur les enfants d’Espagne
Alors on a rêvé
De fraternité...

Ecoute Maman, je vais te raconter,
Ecoute, il faut que tu comprennes
Lui et moi on n’a pas supporté
Les prisons et les camps
Ces gens qu’on torturait
Et ceux qu’on fusillait
Et les petits-enfants
Entassés dans les trains
Alors on a rêvé
De liberté

Ecoute Maman, je vais te raconter,
Ecoute, il faut que tu comprennes
Lui et moi on n’a pas supporté
Alors on s’est battu
Alors on a perdu

Ecoute Maman, il faut que tu comprennes
Ecoute, ne pleure pas ...
Demain sans doute ils vont nous tuer
C’est dur de mourir à vingt ans
Mais sous la neige germe le blé
Et les pommiers déjà bourgeonnent
Ne pleure pas
Demain il fera si beau

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