mardi 9 juillet 2013

Rééducation
aux Antilles de Jonzac :
Interrompues, les séances
pourraient reprendre à l’automne


En mai dernier, les patients suivant une rééducation aux Antilles ont appris la mauvaise nouvelle : les séances n'auraient plus lieu jusqu'à une date indéterminé. Que s'est-il passé ? Nombreuses sont les questions qui gravitent autour de cette interruption brutale. 

C'est en février 2011 que la Communauté de Communes de Haute Saintonge a établi une convention avec l'hôpital de Jonzac. Son objectif ? La mise à disposition d'un bassin des Antilles afin que des malades puissent y effectuer des séances de rééducation médicalement prescrites.
On sait - et de nombreux travaux scientifiques l'ont prouvé - que les exercices effectués en milieu aquatique offrent d'excellents résultats. Cet élément permet, entre autres, d'accomplir des mouvements qui seraient douloureux dans des circonstances "ordinaires".

Quand cette nouvelle unité a ouvert ses portes, la presse n'a pas tari pas d'éloge à son sujet : « L'idée est d'accompagner les patients à maintenir ou à améliorer leur état de santé dans la période qui suit les soins. Il ne s'agit pas de remplacer la phase rééducative. Le but est d'y faire suite en entretenant les acquis obtenus auprès des partenaires libéraux, kinés, ergothérapeutes. C'est en somme la troisième phase du parcours de soins. Cette plateforme permet une éducation thérapeutique pour le bien-être en prenant moins de médicaments ».
L'idée est effectivement intéressante et elle remporte très rapidement un franc succès. Chaque matin, à 7 h 30 et 8 h 30, les patients se retrouvent dans l'un des bassins de la remise en forme à un moment où les baigneurs ne sont pas encore arrivés. Ils sont encadrés par deux kinésithérapeutes hospitaliers, Frédéric Tardieu et Gérard David, et des moniteurs ayant reçu une formation.
Les pathologies sont nombreuses ; elles peuvent aller des éclopés classiques (accidentés de la route, suite post-opératoires) à des problèmes circulatoires, des douleurs. Liste non exhaustive. Le but est de retrouver une activité physique (vigueur et souplesse) qui permettra aux patients de revivre normalement. Parmi eux, certains arrivent en fauteuil roulant. Ce rendez-vous constitue pour ces derniers un moment particulier : dans l'eau, tout semble plus léger, à commencer par les pesanteurs de l'existence et les maux qui font cruellement souffrir. L'ambiance qui règne est excellente et des conversations se lient. Gérard David, aidé par un personnel qualifié, accompagne les exercices des patients. Les progrès sont rapides et nombreux sont les témoignages favorables.

C'est dans ce bassin des Antilles qu'avaient lieu les séances de rééducation. Elles étaient encadrées par Frédéric Tardieu, kinésithérapeute en chef à l'hôpital, Gérard David, kinésithérapeute, Céline, maître-nageur référent en bassin, Julien et Cyril.
Réouverture à l'automne ?

Alors que cette rééducation fonctionnait dans de bonnes conditions, elle a été brusquement interrompue il y a quelques semaines. Un beau matin, Gérard David a annoncé la nouvelle sans s'étendre sur les détails. Médusés, les malades ont appris qu'on les tiendrait au courant et qu'ils recevraient un courrier leur expliquant le pourquoi du comment (lettre qu'ils ont reçue tardivement !). Au beau milieu de leurs séances, certains n'ont pas trop apprécié d'être les victimes d'un arrêt sur image. Ils se sont alors trouvés dans l'obligation de demander une nouvelle prescription à leur médecin pour poursuivre leur rééducation dans un cabinet "classique".
C'est alors que les rumeurs les plus fantaisistes ont commencé à se répandre en ville, à commencer par une hypothétique rivalité entre les kinés de l'hôpital et du centre ville, les seconds reprochant aux premiers d'utiliser un espace ludique dont la destination première ne serait pas réservée aux soins médicaux ! Tout cela est faux, bien entendu. « Nous n'avons jamais été contre ces séances aux Antilles » explique l'un deux.
S'y est ajoutée une histoire de remboursement des dites "séances" par la Sécurité Sociale : là encore, ce sont des bruits sans fondement mais qui peuvent nuire, s'ils persistent, à cette rééducation qui a fait ses preuves.

Bref, il est grand temps que les choses s'apaisent. Jean Yves Jourdan, directeur de l'hôpital, y travaille activement en collaboration avec l'Agence Régionale de Santé : « J'ai décidé d'interrompre ces séances. Elles reprendront quand notre effectif en kinésithérapeutes sera complet. L'hôpital a besoin de cinq kinés et nous effectuons des recrutements. Aux Antilles, deux kinés encadreront les patients dans l'eau ». La difficulté de ces embauches est liée au numerus clausus, trop faible, qui entraîne une réelle pénurie dans cette profession. Conséquence, les établissements font appel à des praticiens espagnols, belges ou italiens selon les régions alors que la France pourrait assurer sa propre relève. Selon le responsable du centre hospitalier, la situation devrait être réglée à l'automne. L'organisation répondra alors aux dispositions requises par l'ARS.

 Il y a quelques semaines, la Communauté de Communes, que préside Claude Belot, a inscrit dans son budget un crédit de 1,5 million qui sera affecté à la réalisation d'un bassin supplémentaire au complexe aquatique, entièrement dédié à ces soins spécifiques. Ainsi les patients pourront reprendre le chemin des Antilles en toute quiétude…

Le but de cette rééducation aux Antilles est de retrouver une activité physique qui permettra à chacun de vivre normalement. Y participent des patients de tous âges qui rencontrent des problèmes articulaires, orthopédiques, neurologiques, des polytraumatisés, des insuffisants respiratoires, voire des personnes qui souffrent de troubles de l'incoordination du mouvement.

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