L'information journalistique en Charente-Maritime : portraits, actualités politiques,
vie culturelle, artistique, patrimoine, histoire, voyages
dimanche 17 octobre 2010
Charente-Maritime :
La course à la présidence
est ouverte !
Bussereau (UMP) à Lalande (PS) :
« Quand on essaie de gagner une élection, on présente des projets »
Les élections cantonales se trouvaient en toile de fond de la session du Conseil général qui s‘est ouverte lundi. En mars prochain, les électeurs devront voter pour élire leurs conseillers généraux (renouvelables tous les trois ans par moitié). La tension qui règne entre la Majorité départementale et les Socialistes est déjà perceptible…
Il fut un temps où Claude Belot, alors président du Conseil général, modérait les ardeurs des échanges verbaux. Avec son opposant supposé, Bernard Lalande, à la fois vice-président à la Communauté de Communes de Haute Saintonge et porte-parole des Pionniers du progrès au département (nom du groupe socialiste), il évitait les relations conflictuelles. Et pour cause, entre élus du sud, pétris dans la glaise de l’humanisme et de la tolérance, il n’est jamais bon de déterrer la hache de guerre. Les Rochelais envoyaient bien quelques flèches, mais il n’y avait pas de quoi casser trois pattes à une mouette.
Les choses ont changé avec l’arrivée de Dominique Bussereau, un “politique“ dans le vrai sens du terme puisqu’il siège au Gouvernement depuis huit ans.
En 2008, alors que les observateurs étaient persuadés d’un basculement à gauche de la Charente-Maritime, il a décroché la présidence, conforté par une avance de plusieurs sièges. Trois ans auparavant, Claude Belot avait sauvé sa place de justesse, grâce à la fidélité d’un radical de gauche, Jean Paul Berthelot. Curieusement, en effet, le conseiller général de Cozes n’avait pas voulu voter Lalande.
En mars 2011, le Conseil général sera de nouveau sous les feux de la rampe. La moitié des conseillers est renouvelable, en attendant la nouvelle législation et l’avènement des conseillers territoriaux. D’où l’ambiance qui régnait lundi matin à La Rochelle, à l’ouverture de la session…
Pas d’augmentation d’impôt en 2011
Selon la coutume, Dominique Bussereau dressa le bilan des mois écoulés. La saison touristique a été bonne malgré les stigmates laissés par la tempête. Des sites comme le Paléosite de Saint-Césaire ou la Cité de l’huître affichent des résultats prometteurs. Les aides apportées aux sinistrés de Xynthia se poursuivent, ainsi que les travaux sur les digues, importants en période de grandes marées. Toutefois, la question des dédommagements n’est pas totalement réglée. Au sujet du DOB (débat d‘orientation budgétaire) qui précède de deux mois la présentation du budget, le président souhaite, à la manière du Gouvernement, que le Département maîtrise ses dépenses sans pour autant se désengager des grands investissements (voirie, collèges, etc). Quant à la fiscalité, elle devrait rester stable en 2011.
Lalande et les missiles parlementaires
Le discours de Dominique Bussereau eut l’heur de déplaire à Bernard Lalande, chef de file de l’opposition. Après avoir ironisé sur l’ampleur de la communication dans le Département (lui-même semble oublier celle que prend son journal municipal sur le canton de Montendre, ville dont il est maire), il lança la première salve : « vous mettez la musique à fond pour cacher le poids des sabordeurs ».
Pour l’élu socialiste, le département serait semblable au Titanic, prêt à couler. Pire, les communes seraient victimes des missiles que lancent les parlementaires : « ils s’apprêtent à détruire trente ans de gestion de proximité. La dégradation des comptes sera sans précédent avec un recul de l’investissement et une hausse de l’endettement, découlant de la réduction des subventions et la disparition de la taxe professionnelle ».
Une explication s’impose. La loi sur les collectivités locales stipule que les Départements et les Régions auront désormais des compétences spécialement affectées. De ce fait, une collectivité ne pourra plus recevoir de subventions croisées des deux organismes. Pourquoi Bernard Lalande craint-il les effets de cette nouvelle donne qui aura le mérite de la clarté ? Serait-ce une tactique purement électorale ? « Le Gouvernement va imposer de force une camisole financière aux communes » clame-t-il. Bref, il entre en résistance et luttera contre une centralisation accrue de Paris à qui « il ne veut pas redonner le pouvoir ».
Pour Michel Doublet, les propos de Bernard Lalande comportent des contre-vérités puisque le Sénat n’a pas supprimé les financements croisés : « pour l’instant, rien n’est défini ». La Charente-Maritime poursuit ses aides aux communes, contrairement à certains départements qui limitent leurs interventions en imposant des plafonds. « On entend dire que les communes perdront de l’investissement. Il faut arrêter d’être pessimiste » souligna le sénateur-maire de Trizay.
Dominique Bussereau fut plus offensif envers son rival : « J’ai connu meilleure intervention. Quand on essaie de gagner une élection, on présente des projets ». En l’attente de mars prochain, les deux hommes briquent leurs armes…
Qui seront les sacrifiés de 2011 ?
Si l’on en croit le ton de son intervention, ceux qui pensaient à un rapprochement vers le Centre d’Isabelle Pichard sont dans l’erreur.
Elle estime que Dominique Busserau n’a pas tenu ses engagements. De plus, les élus de gauche ne seraient guère concertés alors que le Président prônait, à son arrivée, une concertation “ouverte“. Les réductions de subventions tous azimuts, dont celles aux associations, l’inquiètent. Elles pourraient entraîner des licenciements.
« Pour l’an prochain, nous verrons » répondit le Président. Un regard attentif sera porté sur le festival Plein Sud de Cozes qui rencontre des difficultés.
Au nom des Radicaux de Gauche, Gilles Gautronneau rappela à Dominique Bussereau « qu’il avait à gérer 700 millions d’euros ». Et d’ajouter : « votre DOB ne ressemble à rien » en s’interrogeant sur la manière dont la majorité départementale opère ses choix. « Comment allez-vous faire ? La hausse des charges est structurelle et les recettes ne sont plus ce qu’elles étaient. Qui seront les sacrifiés de 2011 ? ».
La riposte de Dominique Bussereau fut immédiate : « Le DOB n’est pas un document comptable. Il donne seulement une indication, ce n’est pas un pré-budget. Vous avez une vision réduite aux acquêts. N’auriez-vous pas de désirs d’avenir ? ». Pour l’élu, il ne fait aucun doute que le département va continuer sur sa lancée, en soutenant grands projets et infrastructures.
Le rochefortais Jean-Louis Frot confirme cette volonté : « le document clé du département est le budget. Il est l’objet de toutes nos attentions. Nous l’aurons en décembre ».
Effectivement, c’est en fin d’année que nous connaîtrons les grands axes de l’action départementale. À quelques mois des Cantonales de mars 2011, les échanges entre les deux camps devraient être musclés.
D’un côté, Dominique Bussereau souhaite conserver la majorité ; de l’autre, Ségolène Royal, présidente de la Région, pousse Bernard Lalande à conquérir ce siège tant convoité, après deux tentatives infructueuses (il est vrai que la Région ne compte qu’un département resté à droite, la Charente-Maritime). À moins que l’opposition ne choisisse un autre leader ?…
• Élections cantonales : des noms !
Sont renouvelables en Saintonge :
• Archiac : le sortant Michel Lachaize (PS) sera opposé à Chantal Guimberteau, maire d’Arthenac et présidente du SIVOM.
• Montendre : le sortant Bernard Lalande (PS) sera opposé à Marie Gruel, médecin et épouse du responsable du laboratoire d’analyses médicales implanté à Montendre.
• Montlieu la Garde : Gilbert Festal ne se représente pas. Le maire d‘Orignolles, Jean-Michel Rapiteau (majorité départementale) sera opposé au candidat socialiste Thierry Julien, maire de Montlieu
• Saintes Ouest : Isabelle Pichard (PS), sortante, sera face à Christian Schmitt, l’époux de l’ancien maire de la cité santone.
• Plutôt satisfaisant !
L’institut BVA a conduit un sondage auprès des Charentais-Maritimes sur la façon dont ils perçoivent le Département :
58 % sont tout à fait satisfaits de vivre en Charente-Maritime (seuls 4 % sont mécontents).
À la question : avez-vous le sentiment que la situation de la Charente maritime s’est plutôt améliorée ? 50 % estiment que oui, 31 % pensent le contraire.
Sur l’avenir de la Charente-Maritime, 66 % sont optimistes. Sur l’action du Conseil général 72 % sont satisfaits ; Le Conseil général est-il à l’écoute des gens ? 52 % sont satisfaits.
En ce qui concerne le président du Conseil général : seuls 29 % des sondés peuvent citer le nom de Dominique Bussereau. 54 % sont satisfaits de son travail, tandis que 40 % estiment qu’appartenir en même temps au gouvernement n’est pas un handicap. Quant à la tempête Xynthia, le Conseil général apparaît comme ayant été le plus réactif, devant les services de l’État et le gouvernement. L’action du Département apparaît le plus dans le tourisme, le social, la culture et le patrimoine.
• L'info en plus
• Digues : Que fait la Région ?
Certes, elle n’a pas cette compétence, « mais elle aurait pu faire un geste » estime Lionel Quillet, conseiller général de l’Île de Ré. S’adressant à Marc Parnaudeau : « Au lieu des fonds de poubelles, faites donc les fonds de la Région, cela serait plus utile ». Ce dernier venait de critiquer le voyage en Suisse de Dominique Bussereau…
• La nièce de Jean-Pierre Raffarin ?
Les élus socialistes ont critiqué la façon dont « Dominique Bussereau embaucherait du personnel à tour de bras ». Jusqu’à « la nièce de Jean-Pierre Raffarin ». « Et pourquoi pas la fille du pape ? » rétorque l’intéressé, « je n’ai pas le pouvoir de faire moi-même les recrutements, assurés par la Direction générale des services ». Cela dit, il vérifie le sérieux des candidats en passant quelques coups de fil…
• Dominique Bussereau en Suisse… On ne touche pas aux enfants…
C’est la première fois que le Conseil général est confronté à une affaire familiale. Tout a commencé avec le voyage en Suisse soulevé par le Canard Enchaîné.
Pour fêter l’anniversaire de sa fille inscrite dans une école hôtelière à Lausanne, Dominique Bussereau aurait utilisé un avion de la République. Même si l’intéressé se justifie en disant qu’il s’agit « d’un petit avion de la DGAC que les ministres utilisent pour leurs déplacements », l’affaire fait du bruit. Les élus rochelais d’opposition crient au gaspillage.
Marc Parneaudeau lance l’attaque : « vous n’avez qu’à inscrire votre fille à l’école hôtelière de La Rochelle. Vous pourrez aller lui rendre visite à pied ».
Furieux, Dominique Bussereau répond : « Vous vous roulez dans la fange du Canard Enchaîné. Au Conseil général, nous n’avons jamais mis en cause nos enfants. Je n’ai jamais vu ça, vous déshonorez votre fonction ». Et d’ajouter : « je comprends pourquoi Maxime Bono vous a retiré votre délégation à la mairie de La Rochelle ».
Léon Gendre, ancien patron du Richelieu à la Flotte en Ré, apporte un complément : « il ne faut pas confondre lycée hôtelier et école supérieure de l’hôtellerie. Celle de Lausanne est la deuxième au monde ».
La tension montant, il était grand temps d’apaiser les esprits…
• Au sujet de l’État
L’ordre du jour étant très chargé, le préfet Henri Masse fit une intervention courte. Il insista sur les compensations versées par l’État aux collectivités locales. Dominique Bussereau se dit d’ailleurs outré quand Ségolène Royal déclare que « l’État n’a pas fait son travail en ce qui concerne Xynthia » : « C’est un mensonge éhonté » lance-t-il en rappelant les subventions octroyées.
• Un revenant :
S’il avait été à Lourdes, on aurait pu parler de miracle. Sylvain Brouard, conseiller général de Burie, est enfin de retour dans l’hémicycle. Bonne fille, la République ne sanctionne pas les longues absences ! L’élu a parlé des transports scolaires.
• Logements sociaux :
Le logement social serait sacrifié en raison de la baisse de participation de l’État. Il y aurait 3 600 demandes en attente à La Rochelle.
• Internet ADSL :
Il y a encore des zones noires dans le département où les usagers ne peuvent pas se connecter à internet, malgré des systèmes alternatifs. L’investissement se passe de commentaires : « si on veut faire de la fibre optique partout, il faudra débourser 500 millions d’euros ». Le Conseil général est sensibilisé par le sujet, d’autant plus qu’arrive le très haut débit…
• La disparition de certains Pays ?
Dominique Bussereau est clair sur le sujet : « nous sommes les seuls à leur verser un tel montant de subventions et l’an prochain, ils recevront la même enveloppe que cette année. Cependant, je souhaite la disparition de certains Pays qui n’ont aucun projet et dont le seul objectif est de financer leur propre fonctionnement ».
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire