vendredi 16 janvier 2009

Nemanja Radulovic : Il a vendu son âme à la musique !


La chevelure longue et ondulée, on le croirait sorti de la Florence des Médicis ou musicien dans une Cour d'Europe au XVIIIe siècle. Violoniste de talent, Nemanja Radulovic pourrait être l'un et l'autre, mais il est d'abord un artiste de son temps qui a dédié sa vie à la musique. Né en Serbie, il possède cette sensibilité et cette virtuosité propres aux artistes des pays de l'Est. Une oreille aussi qui lui permet de pouvoir identifier une note musicale en l'absence de référence. Remarqué dès son plus jeune âge, il a reçu de nombreuses distinctions et, à 23 ans, il ne devrait pas s'arrêter en si bon chemin. Nous aurons le plaisir de l'écouter avec « les Trilles du diable » samedi 17 janvier à Jonzac, en l'église Saint Gervais. Ne ratez pas cette soirée d'exception ! Nemanja Radulovic répond à nos
questions :



En devenant musicien, avez-vous concrétisé le rêve de votre vie ?

En effet, j’ai ce rêve depuis que je suis tout petit ! J'ai commencé à étudier la musique à l'âge de 7 ans. Très vite, j'ai compris que c'était ma voie. Par la suite, j'ai commencé à donner des concerts en Serbie, dans les pays d'Europe de l'Est et en Europe centrale. J'aime être sur scène et ces moments de partage avec le public sont importants.
Dans ma famille, la musique occupe une grande place, mes deux sœurs sont violoncellistes. Mes parents m'ont accompagné dans mon choix et j'ai alors privilégié le violon.
À l'école de musique de Belgrade où j'ai étudié, les professeurs ont considéré que j'étais doué de l'oreille absolue. Cette faculté permet de pouvoir identifier une note musicale en l'absence de référence. Dans la nature, quand j'écoute les oiseaux, je reconnais les tonalités de leurs chants. De nombreuses personnes peuvent en faire autant, mais elles ignorent qu'elles en ont la capacité parce qu'elles ne sont pas musiciennes.

La France et devenue votre seconde patrie ?

Oui, j'habite à Paris et j'ai la double nationalité serbe et française. Quand je joue à l'étranger, au Japon par exemple, je suis fier et heureux de représenter ces deux pays. France et Serbie ont des différences, mais il y a des points communs qu'on retrouve dans le monde entier. La musique est l'un d'eux, c'est un langage universel qui rapproche. Par la musique, on peut se comprendre, quel que soit l'endroit où l'on se trouve...

Les Saintongeais vous ont rencontré pour la première fois à Fontaines d'Ozillac grâce à Ghislaine Pineau, il y a quelques années...

C'est un très beau souvenir partagé avec la harpiste Marielle Nordmann avec qui je continue à jouer. Elle est l'épouse de Patrice Fontanarosa. Tous deux m'ont ouvert les portes de la France et permis de m'exprimer artistiquement. Leur aide est précieuse. Ils comptent beaucoup pour moi.

Prochainement, vous serez à Jonzac et à La Rochelle. Quel regard portez-vous sur la Charente-Maritime ?

C'est un département que j'apprécie. De nombreux concerts y sont organisés et je m'en réjouis car il est difficile de faire bouger les choses actuellement. La culture est importante car elle offre à chaque être humain la possibilité de décompresser, de penser à autre chose. Se rendre à un concert ou au théâtre permet de s'évader, de chasser le stress et les mauvaises nouvelles que l'actualité nous apporte chaque jour...

Quels sont vos projets ?

Les concerts, les voyages, et surtout vivre le moment présent. J'ai de nombreux concerts en 2009, en Asie et aux États-Unis en particulier. L'important pour moi est la musique !
J'ai enregistré un album des deux concertos pour violon de Mendelssohn en mars dernier. Un autre sortira dans quelques mois avec “Les Trilles du diable”. C'est avec cette formation que je me produirai à Jonzac le 17 janvier prochain. Toutes les œuvres inscrites au programme ont été écrites pour violon. Il s'agit d'un voyage musical allant du baroque jusqu'à nos jours.
Je joue avec les Trilles du diable depuis trois ans environ. Le quatuor comprend d'ailleurs le fils de Patrice Fontanarosa. Amis, nous aimons offrir au public des moments de bonheur musicaux.

Aimeriez-vous composer des morceaux ?

Non, pas pour le moment.

Bien que vivant à Paris, vous gardez sans doute la Serbie dans votre cœur ?

Comment en serait-il autrement ? En Serbie, je suis toujours bien accueilli et les gens sont contents de me revoir. Ils ne m'ont pas oublié car mon parcours, au départ, avait été remarqué par les medias et le public. Dès que j'en ai l'occasion, je rends visite à ma famille qui vit à Belgrade. La Serbie a beaucoup souffert, ces quinze dernières années ont été très dures. La situation est encore difficile, mais j'ose espérer que grâce à la musique et à l'art, la vie y sera de plus en plus douce...


Infos en plus :

• Trilles du diable

Ce nom vient de Giuseppe Tartini, violoniste et compositeur italien du XVIIIe siècle. La légende dit qu'une nuit, il avait rêvé qu'il confiait son violon au diable qui joua une sonate d'une beauté extrême. Il se réveilla et essaya de reproduire cette sonorité extraordinaire. Il lui donna le nom de sonate des Trilles du diable.

• Sa première distinction à 11 ans

Né en Serbie en 1985, Nemanja Radulovic commence ses études musicales en 1992. Il obtient dès 1996 le Prix d'Octobre pour la musique de la Ville de Belgrade puis, en 1997, le Prix Spécial du ministère de l'Éducation de la République Serbe "Talent de l'année 1997". En 1998, il poursuit ses études au Conservatoire de Musique de Saarbrücken, en Allemagne, dans la classe de Joshua Epstein puis, à partir de 1999, à la Faculté des Arts de Belgrade en section musique dans la classe de Dejan Mihailovic. À l'âge de quatorze ans, il s'installe en France. En septembre 2000, il est admis en cycle de perfectionnement au Conservatoire National supérieur de musique et de danse de Paris, dans la classe de Patrice Fontanarosa. Il participe également à des master classes avec Yehudi Menuhin, Joshua Epstein, Dejan Mihailovic ainsi qu'avec Salvatore Accordo à l'Académie Walter Stauffer à Crémone en Italie.
Il a reçu de nombreux prix internationaux. Après avoir joué sous la direction de chefs renommés, Nemanja Radulovic se produit régulièrement en récital avec la harpiste Marielle Nordmann ainsi qu'avec Susan Manoff, Dominique Plancade et Laure Favre-Kahn.
Il a été nommé "Révélation internationale de l'année" lors des Victoires de la Musique à Cannes en 2005. Nommé "Rising Star" pour la saison 2006-2007, il a joué dans les plus grandes salles européennes. Son violon est attribué au célèbre luthier J. B. Vuillaume (1843).

Photos 1 et 2 : Entre Nemanja Radulovic, le quatuor Illico et Stanislas Kuchinsky (contrebasse), musiciens qui composent “Les Trilles du diable”, la famille des cordes est au complet. Ils revisitent avec talent des œuvres pour violon auxquelles ils apportent leur empreinte personnelle.

1 commentaire:

GROGNET a dit…

En 2021, Nemanja Radulovic est probablement le plus grand violoniste actuel.... il ne fait pas que joué, il sent et respire la musique.... je pense que c'est cela que l'on appelle : interprèter... il ne suit pas que les partitions.... il fait vivre son violon.