vendredi 30 janvier 2009

Isabelle Duhamel Costes, sous-préfet, face aux éléments déchaînés


En effet, le Préfet de Charente Maritime se trouvant en mission, Isabelle Duhamel Costes, sous-préfet de Jonzac, était de permanence en fin de semaine. Avec les services de l’État, la DDE, le SDIS, la gendarmerie et les sapeurs pompiers, dont elle souligne l’efficacité, elle a vécu en direct sa première grande tempête, faisant face à cet événement exceptionnel avec sang froid et organisation. Retour sur cette nuit particulière et les jours qui suivirent...


Tout d’abord, un élément est à prendre en compte : contrairement à décembre 1999, la violence de cet ouragan n’a pas été sous-estimée, les services de Météo France l’ayant signalé dès le 23 janvier au matin.
« Dans l’après-midi, nous nous sommes réunis au Centre opérationnel de la préfecture de La Rochelle afin de mettre en place la cellule de crise et les mobilisations nécessaires. Le département étant placé en vigilance orange, nous étions prêts à intervenir » souligne Isabelle Duhamel Costes.
Dans la soirée, de son P.C. jonzacais, elle ne tarde pas à prendre les premières décisions. Dès 22h, la circulation est coupée aux poids lourds sur la RN 10 et l’A10 au niveau de Poitiers et la frontière espagnole.
Vers minuit, Richard Pasquet, responsable de la DDE, prend un arrêté qui interdit la circulation à tous les camions sur le département. Une sage décision qui a sûrement évité de graves problèmes...
Après 4 heures du matin, les vents violents se déchaînent. Les sols étant détrempés, de nombreux arbres commencent à tomber. S’y ajoutent des coupures d’électricité.
Au petit matin, l’heure est aux premiers constats :
« en début de matinée, ERDF s’est positionné en cellule de crise et a déclenché le plan Adèle. Vers 9 h, on dénombrait 20 départs de lignes à moyenne tension coupés et 7000 foyers dans le noir, sur un axe allant de Royan vers le Sud Saintonge ». Dix équipes de réseau et d’élagage sont mobilisées.
Les nouvelles ne sont pas bonnes : les vents n’ont pas faibli et certaines pointes atteignent 150 km/h dans le Médoc. Isabelle Duhamel Costes demande à la classe de neige de l’école primaire de Jonzac, qui revient des Pyrénées, de retarder son retour. Elle est hébergée au centre de vacances de Gourette. Venant de Bretagne, un autre car est conduit sur une aire de repos de l’A10. Les gendarmes accompagnent les enfants au lycée professionnel de Pons qui assure leur hébergement.
Les problèmes s’enchaînent : vers 11 h, les aires de Bédenac sont complètement saturées par les camions immobilisés. Les départements situés au Nord ne présentant plus de danger, les poids lourds sont autorisés à repartir dans ce sens.
Privés d’électricité, quatre passages à niveau, bloqués au sud de Fléac, fonctionnent sur batteries. Des mesures sont prises. Vers 12 h 15, le feu se déclare dans le circuit d’un transformateur à Saint Aigulin, entraînant des émissions de pyralène. Par prudence, plusieurs maisons sont évacuées. Dans cette commune, la Dronne sort de son lit, envahissant plusieurs habitations. Leurs occupants sont logés par la mairie au centre de vacances (où ils se trouvaient encore mercredi).
Les vents se calment dans l’après-midi. ERDF s’active à remettre le courant. 40 équipes, soit 150 agents, sont déployées sur le terrain. Près de 85000 foyers sont touchés sur l’ensemble du département.
Aux alentours de 17 h, l’A10 est rouverte dans le sens Sud/Nord.

Aucun blessé n’est à déplorer

Depuis le début des événements, les sapeurs-pompiers ont effectué 630 interventions dont 260 sur le seul secteur de Jonzac. Fort heureusement, aucun blessé n’est à déplorer. Des édifices religieux ont été touchés dont les églises de Saint Genis et de Saintes. Des pierres tombant de Saint Pierre, un périmètre de sécurité a été installé.
Côté électricité, le rétablissement se poursuit. Des groupes électrogènes sont déposés au centre de secours de Jonzac pour répondre aux besoins de la population. Le SDIS est appelé en renfort pour le renflouage d’un chalutier dans l’estuaire de la Seudre, au niveau de Chaillevette. Ses cales contiennent 500 litres de fuel. Plus de peur que de mal...
En soirée, le déblocage des routes permet de désengorger les aires de stationnement.
Le lendemain, dimanche, la situation s’éclaire puisque la lumière revient dans de nombreux foyers. Pour les hameaux les plus éloignés, des groupes électrogènes sont fournis. Le plan PISO (Plan Intempéries du Sud Ouest) est levé à 20 h. La situation redevient normale dans la journée de lundi. Les agents d’ERDF partent en renfort dans le Sud-Ouest.

Doter les sous-préfectures de groupes électrogènes

Durant toutes ces heures, Isabelle Duhamel Costes a fait face aux éléments avec l’aide précieuse de Richard Pasquet et des services d’intervention.
Aujourd’hui, nous sommes au bilan. Il y a certes des dégâts, mais la Charente Maritime a échappé à la catastrophe qu’elle a connue en 1999. Les dégâts qu’a subis la forêt dans le Sud Saintonge restent à chiffrer. Les jeunes peuplements auraient souffert.
L’estuaire, quant à lui, a eu de la chance : le faible coefficient de marée a évité une vague semblable à celle de 99. Dans ce secteur, il est difficile de ne pas mentionner la centrale de Braud Saint Louis dont les digues ont été surélevées.
En ce qui concerne moyens et organisation, Isabelle Duhamel Costes a constaté que la sous préfecture de Jonzac ne dispose pas de groupe électrogène. Comment travailler si l’électricité vient à manquer ? D’autres lieux « stratégiques » (comme les casernes) sont également concernés.
Les transmissions radio et téléphone ont également posé problème, certaines antennes de relais ayant été endommagées. Que les différents intervenants restent connectés est essentiel pour coordonner l’action.
Les aires de stationnement, quant à elles, se sont avérées trop petites pour accueillir le flot de camions. En créer de nouvelles aurait une utilité certaine. Ces remarques sont importantes car nul ne sait quand se déchaînera la prochaine tempête. 1999-2009 : seuls dix ans se sont écoulés. Il n’est plus question de tempête du siècle... mais de la première tempête du XXIème siècle.

Infos en plus

• Inondations :

Désormais, les craintes ne concernent plus les vents, mais les inondations. Grossies par les pluies, Seugne, Dronne et Charente sont sorties de leur lit. Toutefois, l’heure est à l’apaisement, le temps étant plutôt clément. À Saintes, la hauteur de la Charente est d’environ 5 mètres (les choses se gâtent à partir de 5,70 mètres). La situation à Cognac et Angoulême est également à la stabilité. La Seugne et la Dronne ne suscitent pas d’inquiétudes pour le moment.

• Saintes : Saint-Pierre agressé par les vents

En raison de la tempête, des pierres de l’édifice religieux sont tombées samedi matin. Les alentours ont donc été sécurisés. Actuellement, l’architecte des Bâtiments de France prépare une consultation d’entreprises pour les travaux d’entretien à réaliser sur les édifices classés saintais. La mairie a demandé d’ajouter une prestation par une entreprise, spécialisée dans les travaux en hauteur, afin de refixer des éléments maçonnés fragilisés et enlever la végétation dans les parties hautes.

Photo 1 : Isabelle Duhamel-Costes, sous-préfet, et son époux Jean-Paul.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tempête 1999 :
Pierre Soulard témoigne :
Merci d'avoir publié aussi rapidement des informations complêtes sur la dernière tempête. Cela me permet, de l'étranger, de suivre les évènements.
Une remarque complémentaire sur le manque de moyen de d'organisation à Jonzac. Mon histoire date de 1999.
Le dernier soir de leur séjour à Jonzac, les pompiers qui étaient venus nous aider se sont mis en rang, dans la salle des fêtes du château et m'ont remis un cendrier sous cellophane en me disant en quelques mots : « Nous n'avons apporté avec nous que le strict nécessaire quand nous nous sommes portés volontaires et que nous sommes partis de nos réveillons familiaux pour venir vous aider. Nous venons du Nord de la France et aucun de nous ne connaissait votre région. Nous avons été logés, au début sans électricité, et aussi nourris par la commune.
Ce soir, nous vous remettons ce souvenir pour vous remercier de votre accueil. Vous avez organisé la visite d'une ferme de cognac, nous avons pu découvrir et acquérir vos spécialités régionales...
Pour commencer, nous pensions que la commune vous envoyait, mais les hommes m'ont dit que vous étiez une personne privée, dont la maison était aussi sinistrée que les autres »…
Voilà mon histoire de la tempête. J'ai dû pendant deux semaines animer ces « secoureurs » (pompiers, pilote hélico, électriciens) à la salle des fêtes, tous les soirs à partir de 20 heures, car rien d'autre n'était prévu pour eux.
Un autre exemple: Quand, à Léoville, un générateur venu du Millenium Dome londonien arriva enfin, après une semaine de ténèbres, Léoville resta dans la nuit car le mode d'emploi était en anglais, et qu'aucun accompagnement n'avait été fait pour démarrer l'engin.
J'espère de notre commune et de notre département plus de réactivité lors de prochain cataclysme.

Cordialement
Pierre Soulard, lecteur de votre blog