Barbara Lachamp démissionne de ses fonctions d'adjointe
Claude Belot ne siègera plus aux réunions plénières de majorité
A quelques encablures du théâtre du château, s'est jouée mercredi soir au conseil municipal une scène digne des "grandes manœuvres" de la vie jonzacaise. Alors que tout semblait aller pour le mieux entre Claude Belot et Christophe Cabri, l'ambiance est désormais tendue. Conséquence de leur soutien à la candidature de J.F. Mougard aux municipales de 2026, trois élues ont perdu leurs délégations, retirées par le maire, et l'une d'elles, Barbara Lachamp, a eu la double peine en démissionnant de son poste d'adjointe. Les ambitions politiques de l'ancien directeur des services de la ville de Jonzac et de la CDCHS produisent un certain effet...
Tout tacticien a lu le fameux livre de Sun Tzu "l'art de la guerre", traité de stratégie écrit au IVe siècle avant J.C. Malgré les ans, il n'a pas pris une ride. L'objectif, qu'il soit militaire ou politique, est de conserver le pouvoir, l'ouvrage expliquant comment y parvenir. Nul doute que Claude Belot, élu depuis les années 70 et dont la carrière a été bien remplie (maire, conseiller général, sénateur, président et créateur de la CDCHS) l'a eu un jour entre les mains ! Depuis des décennies en effet, il a accompli un travail remarquable sur la ville de Jonzac (3550 habitants) qui n'a pas à se plaindre des infrastructures dont il l'a dotée. Il a toujours œuvré avec des équipes relativement soudées. Pourquoi relativement ? Parce que certains membres ont été soumis aux aléas du temps. On se souvient en particulier de la pénible époque où des adjoints proches de Claude Belot, tels que Christiane Proux, Jean-Paul Tornier, Gérard Masson et Louis Chalié avaient été écartés d'une élection municipale. D'autres cas d'édiles peuvent être évoqués, Valérie David Delcroix, ancienne adjointe ou encore la démission de Jean-Charles Chapuzet. Que dire de ces situations ? Les observateurs ne pouvaient que prendre acte et attendre la suite au prochain numéro.
Aujourd'hui, c'est un scénario du même type que rencontre le maire, Christophe Cabri. Jusqu'à présent, sa carrière est sur de bons rails : d'abord conseiller municipal, puis conseiller départemental et maire de Jonzac, sans oublier une vice-présidente à la CDCHS. « Et je ne veux pas être sénateur » ajoute-t-il. Voilà qui répond aux rumeurs qui circulent.
Mercredi soir, lors du conseil municipal, la dernière question de l'ordre du jour (la 7ème) attirait l'attention : "Le maire demande à l'assemblée de se prononcer sur le retrait de ses fonctions d'adjointe au maire de Barbara Lachamp". Intrigué, le public avait répondu nombreux - une trentaine - inspirant cette réflexion au premier magistrat : « si ça continue, la prochaine réunion du CM sera organisée au centre des congrès ! ».
Que s'est-il donc passé pour que la majorité du conseil municipal ait soudain une opposition en son sein ? Rappelons qu'aux dernières municipales, une seule liste menée par Christophe Cabri et incluant C. et N. Belot était sur la ligne de départ, l'opposition conduite par Gilles Clavel et Jack Ros ayant déclaré forfait par manque de combattants. On supposait que Claude Belot avait trouvé en Christophe Cabri ce fils spirituel dont rêve tout leader pour assurer la relève. Toutefois, les habitués remarquèrent assez vite qu'aux manifestations, Christophe Cabri avait ses "followers" et Claude Belot les siens. L'unité n'était-elle qu'apparente ?
Le climat se serait détérioré l'an dernier entre les deux hommes, dit-on. Jusqu'au jour récent où Christophe Cabri a réalisé qu'une "fronde" existait réellement dans son conseil. Pour preuve, l'article de Sébastien Lahalle, paru le 15 mars dans Sud-Ouest, annonçant la candidature aux prochaines municipales de l'ancien directeur général des services de la ville de Jonzac et de la CDCHS Jean-François Mougard, jusqu'alors inconnu au bataillon des prétendants municipaux jonzacais. Cette "révélation" était assortie d'un titre accrocheur "l'intelligence n'est plus au pouvoir à Jonzac" et d'observations dont « la mauvaise gestion des affaires publiques, l'argent dilapidé et le manque de vision d'avenir ». S'y ajoutait l'état de la ville jugée « sale ».
Christophe Cabri : « J'ai pris la décision de retirer leurs délégations aux trois élues »
Bref, coup de massue sur la tête de Christophe Cabri qui constate que dans ses troupes, des élu(e)s vont rejoindre Jean-François Mougard. « Après les propos que j'estime injurieux au sujet de l'intelligence qui ne serait plus au pouvoir à Jonzac, je me suis interrogé sur "les gens de l'exécutif" censés être aux côtés de ce candidat déclaré. J'ai donc posé une question de confiance en réunion. Barbara Lachamp, Hélène Héraud et Marie-Christine Nouguès ont déclaré vouloir se présenter avec J.F. Mougard dans deux ans. Quand on a des responsabilités au sein d'un conseil, on ne peut pas continuer à travailler avec un maire, moi en l'occurrence, et monter une liste parallèlement avec quelqu'un d'autre. Ce sont des choses incompatibles. Je leur ai donné une semaine pour remettre leurs délégations et, à Barbara, sa démission de son poste d'adjointe. Elles resteraient conseillères municipales. Je n'ai pas eu de nouvelles. J'ai donc pris la décision de retirer leurs délégations aux trois élues. Ce soir, nous aurons à voter le maintien ou non dans ses fonctions d'adjointe de Barbara. Je ne remets pas en cause le travail qu'elles ont effectué sur la mobilité, au CCAS, le cadre de vie et Petite Villes de demain ».
Barbara Lachamp : « La seule chose qui m'est reprochée, c'est de ne pas repartir en 2026 avec toi »
Visiblement touchée, Barbara Lachamp s'adresse à Christophe Cabri : « Effectivement, lors d'une réunion d'adjoints, tu nous as demandé notre position pour 2026. Nous avons répondu en toute honnêteté qu'Hélène, Marie-Christine et moi-même ne serons pas tes colistières lors du prochain mandat. Nous avons le droit de partir en campagne avant. Prenez le cas d'Emmanuel Grégoire à Paris, il est candidat à la mairie en 2026 et n'a pas été démis de ses fonctions par Anne Hidalgo pour autant. Où est la tolérance à Jonzac ? La seule chose qui m'est reprochée, c'est de ne pas repartir en 2026 avec toi. Durant ces dernières années, nous avons travaillé pour le bien commun. Aucune décision n'a été prise sans concertation et nous avons voté les budgets et autres projets. J'ai toujours rendu compte à l'ensemble du conseil municipal des actions que j'ai menées sur Jonzac. Ma décision n'est pas contre Christophe Cabri, mais pour l'avenir de Jonzac. C'est ma ville, j'y suis née. Ma famille s'est impliquée et battue pour elle, je veux prolonger les valeurs qu'elle m'a inculquées. J'ai accepté le poste d'adjointe afin d'œuvrer pour l'intérêt général, l'avenir et le destin de Jonzac. Je donne ma démission par souci d'intégrité et pour respecter les intérêts que nous servons. Je resterai conseillère municipale ».
Marie-Christine Nouguès enchaîne : « Je n'ai rien à ajouter. Tu es maire, tu donnes les délégations, tu les retires, c'est ton rôle. Je regrette le tribunal inquisitorial où tu nous as placées, on a été fléchées, je suis très déçue par ton attitude. Un maire doit accepter que ses conseillers lui disent ce qui se passe sur le terrain. Nous sommes proches des habitants, apportons notre aide, notre soutien à la population. Je resterai également conseillère municipale. Hélène et moi-même avons servi avec nos convictions humanistes et surtout, nous avons été loyales avec toi. Pour 2026, il y a des choses avec lesquelles nous ne sommes pas d'accord, mais ce n'était pas une raison pour retirer nos délégations. Je m'interroge : Où la démocratie dans tout ça ? ».
Réaction de Julien Glémet : « A la question précise de Christophe Cabri sur nos engagements, chacun a répondu avec franchise. Vous avez pris vos responsabilités, nous les nôtres et il n'y avait pas de procès d'intention, contrairement à ce que tu avances ».
Claude Belot prend la parole en dernier, déclarant « qu'il vit dans cette salle depuis les années 1970 et qu'il n'a jamais eu de problème avec le suffrage universel à Jonzac, permettant la stabilité de la ville ». Il souligne au passage que des élus présents, engagés à ses côtés, ont « la mémoire courte » et qu'il aurait souhaité de leur part autant de courage que celui déployé par Barbara Lachamp, « issue d'une famille bien connue ». Après avoir rappelé ses racines jonzacaises et son engagement inconditionnel pour la cité, il annonce ne plus vouloir siéger aux commissions plénières de majorité : « si je suis invité, je ne viendrai pas. Comment en est-on arrivé là ? » . Voilà bien la question que pose le premier adjoint. Il déplore les remous qui ont suivi la déclaration dans la presse relative à l'intelligence à Jonzac, provoquant « un débat inutile et infondé ». Et d'ajouter des recommandations dans la gestion de la ville : « dégager une marge d'épargne maximale, faire attention au fonctionnement, ne pas utiliser les fonds versés par le casino pour payer l'éclairage public ou des choses qui ne sont pas indispensables ».
André Beauffigeau, pour sa part, avance une idée : faire une motion de soutien au maire de Jonzac.
En donnant sa démission, Barbara Lachamp a évité à ses collègues d'être placés dans une situation inconfortable, celle de faire un choix en séance publique. Les mois à venir nous diront comment les choses vont évoluer lors des prochains votes au conseil municipal et où penchera la balance. Christophe Cabri sait qu'il va devoir croiser le fer et il a un avantage, ses opposants sont identifiés. Ceux-ci envisagent la formation d'un groupe de propositions de projets appelé "Liberté".
Une séance largement suivie |
On notait la présence de J.F. Mougard. candidat aux municipales de 2026 à Jonzac selon ses récentes déclarations |
• Claude Belot, actuel premier adjoint, a voté le budget 2024 de la ville. Barbara Lachamp, Hélène Héraud, Marie-Christine Nouguès et Christophe Gadrat se sont abstenus.
• Le contexte va-t-il devenir difficile au sein de l'équipe ? C'est à craindre. Christophe Cabri a toutefois remercié Claude Belot pour les judicieux conseils qu'il a toujours apportés.
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