Jacques Bouineau est professeur à l'université de La Rochelle |
Elle divise parce qu’elle inquiète et de cette peur jaillissent des rejets violents, structurels, sociaux.
Il est temps de se souvenir de ce qui unit.
Ce qui unit, c’est d’abord ce qui offre au citoyen des modèles et des instruments pour comprendre ces modèles. Une culture, en somme, fondée sur la littérature, l’histoire, la réflexion, les langues anciennes, l’art...
Ce qui unit, c’est ensuite ce qui propose d’intégrer. Intégrer la diversité, les divergences, et panser les blessures. Trouver le creuset d’où est sortie notre diversité, celle qui se retrouve dans les valeurs de la plupart des hommes de bonne volonté. Celle qui repose sur la raison, les valeurs humanistes partagées, le respect de soi et des autres, comme les philosophes de l’Antiquité les ont conceptualisés. Ces valeurs que les peuples du sud de l’Europe, ceux de la rive sud de la Méditerranée, ou ceux du nord de l’Europe ont en commun. Ces peuples qui ont puisé chez Aristote et Marc-Aurèle, Augustin d’Hippone et Cicéron les modèles qui servent aujourd’hui de base aux droits de l’homme et qui irriguent le monde entier. Ces modèles qui ne connaissent ni la couleur de la peau, ni les différences de religion, ni les diversités de genres.
Ce qui unit, c’est enfin ce qui harmonise, ce qui éloigne des excès, de cette hybris, qui faisait si peur aux Grecs et dont nos sociétés se gorgent. Solon parlait d’eunomia, gardons présente à l’esprit cette idée d’équilibre. Équilibre entre les hommes, entre les fortunes, entre les cultures, entre les sexes. Car il ne s’agit pas de réduire ou d’écraser, mais de proposer à chacun de trouver une place.
L’Antiquité a certes fourni des exemples nombreux de guerres et de massacres, d’abus et d’esclavages. Et précisément, les associations signataires savent que la connaissance qu’on en a éclaire sur les abus d’aujourd’hui. Car pour être libre, il faut une mémoire, dotée d’un esprit critique et d’une intelligence ouverte. La globalisation réinvente l’hybris, Antiquité-Avenir fait le pari d’un avenir plus harmonieux, si à l’homo consumens torturé de frustrations se substitue un homme éclairé, maître de son esprit, parce que fils de sa culture, et donc à même de comprendre sa trajectoire sur le long terme de la courbe des temps.
Au nom du directoire, Jacques Bouineau,
président d' « Antiquité-Avenir. Réseau des associations liées à l'Antiquité » president@antiquite-avenir.org
• 1) Association pour l’Encouragement des Etudes Grecques en France (AEEGF), Association Française d’Histoire Economique (AFHE), Association le Latin dans les Littératures Européennes (ALLE), les Amis de la Villa Kérylos, Association des Professeurs de Français et Langues Anciennes en Classes Préparatoires Littéraires (APFLA-CPL), Association des Professeurs d’Histoire et Géographie (APHG), Association des Professeurs de Langues Anciennes de l’Enseignement Supérieur (APLAES), Association des Professeurs de Lettres (APLettres), Les Argonautes, Arrête Ton Char ! (ATC), Athéna, Le Calame d’or, Coordination Nationale des Associations Régionales des Enseignants de Langues Anciennes (CNARELA), Les Clionautes, Compitum, Fortuna Juvat, Kallirrhoé, Méditerranées, Mnémosyne, Rallye latin, Sauvegarde des Enseignements Littéraires (SEL), Société d’Etudes Medio- et Néo-Latines (SEMEN-L), Société Française d’Archéologie Classique (SFAC), Société d’Histoire du Droit (SHD), Société des Italianistes de l’Enseignement Supérieur (SIES), Société des agrégés de l’Université (SdAU), Société des Études Latines, Société des Professeurs d’Histoire Ancienne de l’Université (SoPHAU), Thalassa et Textes pour l’Histoire de l’Antiquité tardive (THAT).
• 2) « Antiquité-Avenir. Réseau des Associations liées à l’Antiquité » constitue l’aboutissement d’un combat né le 28 février 2015 en Sorbonne, sous l’impulsion de l’APLAES et de la SoPHAU et intitulé : « États généraux de l’Antiquité : quels enjeux pour demain ? » : http://sophau.univ-fcomte.fr/les-etats-generaux-de-l-antiquite/
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