Dans les années 50, les pays européens, ruinés par un épouvantable conflit, ont tenté de reconstruire autour d'un modèle social solidaire, l'Etat jouant le rôle d'architecte, de chef d'orchestre et de banquier. La caricature de ce modèle est certainement incarnée par la France.
L'Etat, maître d'ouvrage et souvent maitre d'œuvre, est devenu doucement obèse. Il est vrai qu'en 1981, François Mitterrand l'a gavé de nationalisations de telle sorte qu'il est devenu entrepreneur puis banquier en faillite, renfloué par le contribuable. Pendant ce temps-là, le monde anglo-saxon inventait la"globalisation" qui allait devenir la mondialisation en déménageant en Asie les ateliers du monde et leurs emplois, pour ne conserver à New York et à Londres que "l'industrie finançière".
Et l'industrie finançière s'est mise à l'oeuvre, ressemblant sous ses apparences savantes et sérieuses à un casino. On croyait être à Wall Street, on jouait à Las Vegas.
Les Grecs, conseillés par Goldman Sachs, grand maître de l'industrie finançière, se sont épris de ce jeu-là qui faisait la vie facile jusqu'au jour où ils ont fait sauter la banque ! L'Irlande, le Portugal, l'Espagne, l'Islande se sont trouvés dans cette situation ; la France et l'Italie pas très loin...
Mais les spécialistes du bonneteau sont restés à leur place et pour empêcher les banques d'etre emportées dans la tourmente avec les épargnants pris en otage, les Etats ont racheté la dette.
La Gréce doit 45 milliards d'euros à la France ! Pour permettre aux débiteurs de rembourser, on leur a ordonné de réduire leurs dépenses, pas l'inutile ou le superflu, mais vraiment ce qui fait le cœur d'un Etat, l'éducation, la santé, les retraites, le montant des salaires...
Le peuple Grec, étranglé, en a eu marre. Il vient de décider qu'il ne paye plus ! Les contribuables européens n'auront qu'à se débrouiller à sa place. C'est facile à dire dans un moment de colère. C'est un peu plus difficile à réaliser. Mélanchon triomphe.. Selon lui, la résistance économique de l'Amérique du Sud à l'impérialisme américain vient de traverser l'Atlantique. Mais quant on voit dans quel état son ami Chavez a mis le peuple vénézuelien, on peut penser que sa comparaison n'est pas la meilleure.
La question pour l'Europe, c'est de définir l'objet même d'un système économique, l'objet même du fonctionnement du marché. On apprend dans les livres que c'est la satisfaction du consommateur, mais depuis toujours Hermès a été le Dieu des commerçants et des voleurs car le but du jeu reste de s'approprier la richesse. C'est dans les gênes de l'humanité. On a pu tuer des millions de personnes pour fabriquer la société des égaux, ça n'a jamais marché. C'est simplement une utopie sanglante.
Le mieux que l'on peut faire, ce sont les Etats régulateurs dans des sociétés policées.
La réaction grecque nous ramène à cette nécessité alors que nous vivons une économie du chaos vantée par des savants dont le point commun est l'erreur commune. Il faut donc beaucoup d'humilité pour aborder l'avenir.
Xavier de Roux
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