Eh oui, la Haute-Saintonge, ce journal que vous feuilletez chaque vendredi, peut servir de tremplin ou donner des idées. Quand il « couvrait » le secteur de Pons pour cet hebdomadaire, François Baudin ignorait qu’un jour, son nom figurerait dans les plus grandes revues automobiles. Fini les bobines des rotatives, ses photos magnifiques sont à l’honneur sur papier glacé !
Ce rêve devenu réalité, l’intéressé l’a vécu sans jamais prendre la grosse tête. Il a conservé une belle simplicité et ce sourire qui apparaît spontanément quand il évoque des souvenirs du temps d’avant !
Aujourd’hui, tout paraît simple, « ça marche pour lui » selon l’expression, mais comment a-t-il commencé ? À cette question, ses yeux pétillent : « j’ai toujours aimé les courses de voitures. Dans les années 1980, nous avions trafiqué une Peugeot 504 avec deux copains, Jean Hervoire et Jean-Jacques Dessaivre, actuel maire de Belluire, qui était garagiste. Nous nous sommes lancés dans l’aventure. Je dois reconnaître qu’en tant que pilotes, les résultats ne furent pas glorieux ! ». Et pour cause, leur budget était insuffisant pour investir dans un moteur puissant, qui ne soit pas seulement vrombissant à la porte du garage ! « Rapidement, nous avons réalisé que nous ne serions jamais champions du monde ! Par contre, nous étions passionnés. Évidemment, on avait du mal à lutter contre les R5 Turbo, les 205 GTI ou les Porsche 911 ! La nôtre faisait grand-mère à côté de ces petites bombes ».
S’il abandonne ses ambitions de pilote, François Baudin a un autre projet. Il aime la photo et peut parfaitement vivre son sport préféré… en l’immortalisant. Les photographes ne sont pas très nombreux sur les grands rallyes internationaux. Il a donc une place à prendre. Le temps d’en parler à sa femme Françoise, de faire le point et le voilà sur les starting-block !
Son premier grand déplacement professionnel a lieu en 1987 en Jordanie (où il rencontre le futur Roi Abdallah) : « l’époque était différente, il y avait un vrai marché. Je travaillais avec des Nikon argentiques. Rien à voir avec aujourd’hui où l’on transfère ses photos numériques par internet. C’était une véritable expédition : une fois les photos prises, il fallait trouver un labo et les développer. Ensuite, venait la tournée des journaux parisiens pour vendre les clichés. On était jugé sur la qualité, ce qui est un peu moins vrai actuellement ».
Magnifique ! (© François Baudin) |
« Je connais les endroits où l’on peut faire une photo sous un bon angle sans craindre pour sa vie ! »
Depuis 1989, François Baudin a suivi plus de 300 rallyes dans le monde, de la Nouvelle-Zélande « où les routes sont très belles, assez larges avec de grandes courbes » à Monte-Carlo en passant par le Portugal, l’Argentine, la Grèce, l’Australie ou le Mexique. Sans oublier la Corse et le Ballon d’Alsace !
En pleine nature, les pilotes passent allègrement de la terre au goudron qui offre une plus grande adhérence. Quant aux épreuves spéciales, il y a de tout, du plat aux lacets, de la neige au sable et surtout des difficultés qui sont faites pour tester les capacités des conducteurs.
Placé en des endroits stratégiques de l’itinéraire, la position du reporter est-elle inconfortable ? Parfois ! Les accidents sont rares parce que les organisateurs font des efforts pour la sécurité des spectateurs. Malheureusement, un pépin peut toujours arriver. Le photographe vit des moments intenses : belles figures, voitures qui sautent sur des bosses, vitesse. « Avec le temps, j’ai appris à savoir où me placer. Je connais les endroits où l’on peut faire une photo sous un bon angle sans craindre pour sa vie ! Une qualité est nécessaire, la patience ! ».
Sébastien Loeb (photo François Baudin) |
Parmi d’autres bons moments, François Baudin se souvient d’avoir été invité au Quatar par le cousin de l’Emir, Nasser Al-Attiyah, vainqueur du Dakar et membre de l’équipe Ford au Championnat du Monde des rallyes : « c’est un voyage qu’on n’oublie pas. Il est non seulement pilote, mais il excelle dans une autre discipline, le ball-trap où il a obtenu la médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Londres. J’ai fait reportage sur lui en 2012. C’est un homme très cultivé. Il participera au prochain Dakar ».
Des projets avec la Distillerie de la Tour
A Pons, le talent de François Baudin a retenu l’attention de la Distillerie de la Tour. Jean-Michel Naud, son responsable, lui a demandé de faire une série de photographies sur la vigne et l’entreprise au fil des quatre saisons. « Je suis en mission spéciale. J’ai pu travailler sur place pendant des mois, la nuit avec les distillateurs, le jour avec les vignerons. Je recherche avant tout les atmosphères » souligne l’intéressé qui poursuit ce travail. On reconnaît le perfectionniste ! Un livre devrait voir le jour ainsi qu’une exposition durant l’année à venir. « J’apprécie la démarche de Jean-Michel Naud qui est d’inviter des artistes. Ils se sont succédé en 2013 et le programme 2014 est déjà bien rempli ». En effet, le public a eu le plaisir de découvrir les œuvres de Bertrand Gazounaud, Jean-Claude Princiaux, Georges Charpentier, Pascal Clairteau, etc.
François Baudin s’intéresse également au circuit de la Génétouze où il a fait la connaissance de Julien Beltoise : « j’y vais avec des amis qui ont la conduite automobile dans la peau. Ils sont regroupés au sein de l’Alambic Racing. Pour eux, le circuit de la Génétouze est idéal car il est aux normes de sécurité, bien fait, " clean " comme on dit. On s’y rend pour s’amuser. Jean-Paul Giraud, mon beau-frère, participe aux championnats de circuits en groupe 1 ». Tous les ans au mois d’août, ce joyeux comité loue le circuit du Sud Saintonge durant une journée. « Récemment, j’ai photographié l’écrivain Françoise Bourdin qui est venue y essayer une Ferrarri. Elle était invitée par son éditeur ».
Au moment où vous lirez ces lignes, François Baudin sera au rallye d’Autriche, mieux connu sous le nom de Österreichische Alpenfahrt ou Austrian Alpine Rally (selon votre préférence !). « J’ai la chance de faire un métier qui me plaît, j’ai vraiment trouvé ma vocation ! » dit-il. La photo dont il est le plus fier ? « Celle que j’espère faire un jour » répond-il en riant. Un large éventail retient l’attention, voiture sur une route sinueuse ou bien dans la poussière sur une piste aux fins fonds du Kenya ! Dépaysement assuré.
• Les championnats du monde de rallye (premier semestre 2014) : Monte-Carlo, Suède, Mexique, Portugal, Argentine, Italie.
• Les championnats d’Europe de rallye (premier semestre 2014) : Autriche, Lettonie, Roumanie, Grèce, Irlande, Portugal, Belgique.
• Les pilotes de rallyes sont des gens très raisonnables au volant. Et pour cause, ils doivent montrer l’exemple ! Un rallye dure quatre journées environ (du jeudi au dimanche) avec un shakedown test le jeudi.
• François Baudin a choisi les rallyes car il aime l’espace, le grand air, la nature et la rencontre avec les habitants. Les circuits de course lui semblent trop confinés, entre glissières de sécurité et panneaux publicitaires !
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