samedi 11 janvier 2014

Colloque :
Origène d'Alexandrie ou
la pensée condamnée par le feu

Cette VIe Petite Journée de Patristique, organisée par l’association CaritasPatrum, se déroulera au Séminaire de Saintes, 80 cours Genet (17100) samedi 22 mars de 9 h à 16 h. 

Origène d’Alexandrie fut le premier. Le premier à proposer une théologie systématique de la Révélation chrétienne. Le premier à oser penser ensemble le salut  biblique et la quête de vérité qui animait les grands courants philosophiques de son temps. Le premier à avoir rédigé un traité de vie spirituelle.


Héritier des toutes premières communautés chrétiennes d’Egypte et fils de martyr, « il fut réellement l'une des personnalités les plus déterminantes pour tout le développement de la pensée chrétienne » (Benoit XVI), proposant tout à la fois une vision fondamentale et globale de la vie chrétienne. C’est peu dire que toute la pensée patristique ultérieure dépendra radicalement  de son désir de mieux approcher Dieu et de mieux le faire connaître.
Comme l’écrira un peu plus tard l’un de ses épigones, Eusèbe de Césarée : « Il enseigna que la conduite doit correspondre exactement à la parole, et ce fut surtout pour cela que, aidé par la grâce de Dieu, il poussa un grand nombre de personnes à l'imiter ».
Théologien hors-pair, maître spirituel, commentateur inlassable des Ecritures, il ne nous reste pratiquement rien de son œuvre colossale - plus de  320 livres et de 310 homélies -, soit l’une des plus importantes de l’Antiquité avec celle d’Augustin.  Pourquoi un tel naufrage ? Que pouvait donc présenter de si redoutable cette théologie mystique pour que par deux fois, à la fin du IVe, puis au VIe siècle, on en vint à condamner cette pensée de feu, jusqu’à ordonner rageusement que soient brûlées toutes les œuvres du Maître alexandrin ? Et si Origène avait été condamné pour des fautes qu’il ne pouvait pas avoir commises, ayant vécu bien avant les grands conciles œcuméniques des IVe et Ve siècles ?

Qui sont les conférenciers ?

• Annick Martin (Université de Brest) : Le premier grand théologien chrétien 
Redoutable tâche que de devoir présenter celui qui fut le premier grand théologien chrétien de l’Orient. Théologien, mais aussi exégète, Origène fut aussi un enseignant doublé d’un grand prédicateur, ainsi qu’un grand mystique. Sa réputation s’étendit rapidement à l’extérieur d’Alexandrie, jusqu’auprès de la famille impériale, ce qui lui valut quelques difficultés avec son évêque, Démétrios. Il dut quitter la ville en 233, et choisit de s’établir à Césarée de Palestine où il avait été ordonné prêtre. Son école y attira de nombreux disciples et son église de nombreux auditeurs. Emprisonné et torturé pendant la persécution de Dèce en 250-251, il mourut deux ans plus tard, à 69 ans, confesseur mais non martyr.

• Michel Fedou (Centre Sèvres - Paris) : Origène théologien, une lecture des Écritures au service de la pensée chrétienne 

Les contributions d’Origène à la théologie ressortent notamment de son Traité des principes et de sa grande apologie contre le Discours véritable du philosophe Celse. Ces écrits montrent à quel point l’Alexandrin fit preuve d’invention pour expliquer les doctrines fondamentales du christianisme dans la situation culturelle de son temps. Mais ses apports à la pensée chrétienne ressortent aussi bien de son œuvre exégétique : Origène, qui est avant tout lecteur et interprète des Écritures, trouvent dans celles-ci l’inspiration première de la théologie. On présentera quelques-unes de ses contributions les plus importantes à celle-ci dans les champs de la théologie trinitaire, de la christologie, de la sacramentaire et de l’eschatologie. Certes, sa pensée suscita de vives controverses après sa mort, pour des raisons qui reposaient le plus souvent sur de graves malentendus. L’œuvre d’Origène peut en tout cas apparaître, aujourd’hui, comme l’une des tentatives les plus remarquables du christianisme ancien pour rendre raison de la foi chrétienne.

• Marie-Laure Chaieb (Université Catholique de l’Ouest – Angers) : Origène et les gnostiques 

Racontant la jeunesse d’Origène, l’historien Eusèbe de Césarée rapporte qu’il manifesta très tôt sa fidélité à l’orthodoxie en refusant de se rapprocher d’un certain Paul professant une doctrine déviante : « Origène ne consentit jamais à s’unir à lui pour la prière, conservant dès son enfance la règle de l’Eglise et éprouvant de l’horreur, comme il le dit lui-même en propres termes, pour les doctrines hérétiques » (HE VI, 2, 14). Si nous n’avons pas d’autres sources pour identifier ce Paul, l’hypothèse qu’il soit gnostique ou marcionite est plausible : ces deux courants ont en effet vu le jour dans les milieux cultivés alexandrins fréquentés également par Origène. Avons-nous d’autres renseignements sur les relations d’Origène avec ces courants ? Sa doctrine a-t-elle pu en être influencée ? Cette horreur pour « l’hérésie » est-elle si facile à discerner dans le contexte ?

• Carine Basquin-Matthey (Université Paris Ouest-Nanterre-La Défense) : Origène et les persécutions 

Les poursuites judiciaires romaines (persecutiones) étaient souvent considérées comme injustes et cruelles par la plupart des chrétiens, mais, furent parfois recherchées comme l’occasion d’un combat contre le diable par certains d’entre eux. Pour le pouvoir romain, c’était simplement un problème juridique. La torture et les supplices constituaient deux étapes du procès, la première était appliquée pour obtenir les aveux (ou, dans le cas des chrétiens, pour obtenir leur désaveu), les seconds pouvaient être la peine capitale prononcée à l’issue du procès. Léonide, le père d’Origène périt ainsi en 202, alors qu’Origène fut lui-même arrêté et torturé en 250, et ne survécut que peu de temps à sa libération.

• Michel Cozic (Université de Poitiers) : La prière du « Notre Père », école du don selon Origène

La prière enseignée par le Christ étant l’aspiration - respiration de l’âme et de tout l’être, Origène est un des Pères de l’Eglise qui nous apprend à respirer le mieux passible dans l’union au Dieu-Trinité. S’appuyant sur le triplé fondamental de son anthropologie (le corps, le cœur et l’esprit), Origène nous dévoile dans sa méditation continue de l’Ecriture le sens littéral, moral et spirituel du cheminement chrétien. C’est ce que nous essaierons de souligner à travers quelques extraits de l’immense texte du De Oratione.   

• Annie Wellens (écrivain) : A bord du Peri Archôn, prendre le large avec Origène 

Le Peri Archôn (« Traité des Principes ») connut des naufrages et des sauvetages. Si, aujourd’hui, nous pouvons encore visiter le navire, nous le devons à Basile de Césarée et Grégoire de Nazianze (auteurs de la Philocalie d’Origène qui a sauvegardé une partie de l’œuvre), à Rufin (qui l’a traduite intégralement en latin), à Jérôme (dont les fragments d’un « florilège » du Traité sont très négativement orientés contre leur auteur) et à Justinien (qui, dans un autre « florilège » condamne l’origénisme de son temps au VIe siècle). Après la visite, nous ferons quelques incursions sur la mer tumultueuse de la rencontre entre nouveauté chrétienne et culture grecque, avec à la barre Urs von Balthasar pour qui Origène met en lumière, sans confusion ni séparation, le « Dieu dont on parle », le « Dieu qui parle » et le « Dieu qui garde le silence ». Nous reviendrons au port à travers les eaux profondes de l’interprétation des Écritures.

• Pascal-Grégoire Delage (Séminaire de Bordeaux) : Origène et les femmes
Si on en croit la rumeur, le jeune Origène était loin d’être insensible aux charmes féminins et il y aurait porté remède de façon irrémédiable. Il est vrai que les femmes occupent une grande place dans la vie d’Origène et pas toujours là où on pourrait les attendre. De sa mère qui l’empêche de suivre son père dans le martyre à l’impératrice-mère Julia Mammée qui en fait son consultant en « questions chrétiennes » en passant par une riche protectrice pas très regardante en matière d’orthodoxie. Sans oublier ces nombreuses auditrices à l’école de théologie d’Alexandrie…
Celui qui affirmait sans sourciller que « Là où est l’éternité, point n’est besoin de mariage » n’en mena pas moins son œuvre théologique et exégétique qu’avec le soutien constant de disciples hommes et femmes.

• Pour s'inscrire : Petite Journée de Patristique 1, rue de Foncillon à Royan 17200 (soit 15 € par personne pour l'ensemble des communications et, pour les personnes qui le désirent 15 € pour le déjeuner pris sur place), chèque libellé à l’ordre de Caritaspatrum).

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