dimanche 22 avril 2012

Dominique Bussereau :
« Nous sommes dans l’une des élections les plus incertaines de la Ve République »

Tour d’horizon avec Dominique Bussereau, président du Conseil général, à quelques jours de de l’élection présidentielle…

Dominique Bussereau (à droite) lors de la pose de la première pierre de l'EHPAD de Montguyon
En tant qu’ancien membre du gouvernement, quel regard portez-vous sur la Présidentielle 2012 ? La presse anglaise et allemande déplore nos thèmes de campagne qui occultent l’Europe en particulier. Qu’en pensez-vous ?

C’est une élection d’un genre nouveau puisque l’un des candidats est le président sortant. Dès le départ de la campagne, il a été donné comme challenger tandis que son principal adversaire, François Hollande, apparaissait comme favori. Nous n’étions pas dans ce cas de figure en 2007.
Nicolas Sarkozy a eu un travail important à faire pour se mettre dans la course. Les sondages placent François Hollande devant Nicolas Sarkozy au second tour. Il existe tout de même de nombreuses interrogations autour de Jean-Luc Mélenchon, François Bayrou et des choix que feront les électeurs le 6 mai. Nous sommes dans l’une des élections les plus incertaines de la Ve République.

• On parle de François Bayrou, futur Premier ministre de Nicolas Sarkozy s’il est élu ?...

Je connais Nicolas Sarkozy depuis 1975 et François Bayrou depuis 1985. Imaginer qu’ils puissent travailler ensemble sur un plan théorique est possible. Toutefois, en raison de leurs tempéraments respectifs, ce serait certainement une cohabitation de caractère difficile.
Bien sûr, je souhaite qu’au second tour, François Bayrou n’appelle pas à voter François Hollande. Le président du Modem aurait alors du mal à se positionner entre le PS et Jean-Luc Mélenchon soutenant François Hollande. Pour l’instant, François Bayrou préfère maintenir le suspense, ce qui peut se comprendre…

• Comment se déroule votre campagne législative sur la circonscription Jonzac/Royan ?

Elle commencera le 9 mai, après les élections présidentielles. La première réunion se tiendra à Agudelle et je terminerai le 16 juin.
Sur le terrain, il ne règne pas de tension particulière. Les hommes et les femmes qui se lancent dans une campagne méritent le respect parce que c’est un effort personnel très important. Je vais faire le tour des 167 communes qui composent la circonscription. Aucune personnalité nationale ne viendra. Par habitude amicale, il y aura à Pons, entre les deux tours, une réunion avec Jean-Pierre Raffarin. Cela lui rappellera celle qu’il avait faite quand il était Premier Ministre en 2002. ! Pour le reste, le dialogue avec les habitants sera privilégié.

• Il est difficile de ne pas aborder les problèmes intercommunaux, le rapprochement entre les CDC de Pons et Jonzac étant freiné par plusieurs communes du canton de Pons qui veulent rejoindre la future CDA de Saintes…


Je souhaite qu’il y ait une forte intercommunalité autour de Saintes, comme celle qui s‘est créée depuis longtemps autour de Jonzac et de Royan. Les problèmes frontaliers du fleuve Charente, du côté de Montils, Rouffiac, Brives et Salignac doivent se résoudre. Je fais confiance au bon sens de Claude Belot, Daniel Laurent, Jean Rouger et de tous les acteurs pour faire avancer le débat.
A partir du moment où l’on a réussi à fusionner plusieurs Communautés de Communes à l‘échelle d‘un canton à Saint-Jean d’Angély, Il serait anormal qu’on ne trouve pas ici une solution. Toutes ces communes « dissidentes » sont à la fois dans la zone d’attraction de Saintes, Cognac, Pons, Jonzac. Un accord doit être trouvé. Nous y verrons plus clair lors de la prochaine réunion de Commission départementale, en juillet à la Rochelle.

• La réforme des collectivités territoriales a-t-elle des chances d’aboutir ?


Récemment, Nicolas Sarkozy a réaffirmé que l’intercommunalité serait fortifiée. Je pense que les départements n’évolueront pas. Par contre, je ne suis pas très favorable aux conseillers territoriaux qui siègeraient à la fois au Département et à la Région. Les raisons ? Je sens mal les futurs redécoupages qui risqueraient de ne pas coïncider avec les réalités. Le canton tel qu’il existe actuellement est une véritable entité avec une gendarmerie, un collège, parfois une trésorerie.
L’autre point concerne les élus eux-mêmes. Jusqu’à présent, ils viennent d’horizons variés. Absorbé par les charges qu’il aura au Département et au Conseil régional, le conseiller territorial occupera une fonction à plein temps. Dans ce cas, au niveau local, la vie politique se verra priver de personnes qui apportent beaucoup par leur connaissance du terrain.



• Etes-vous toujours favorable à une grande Région Poitou-Charentes Aquitaine ?

En effet, je serais plutôt favorable à de grandes régions. Notre capitale à nous, en Saintonge et en Haute-Saintonge, n’est pas Poitiers, mais Bordeaux. Nous aurions une région Poitou-Charentes Aquitaine qui irait de Chatellerault à la Bidassoa. Par sa superficie, elle équivaudrait aux grandes régions allemandes, espagnoles ou italiennes.
S’il existe aujourd’hui des problèmes entre les Régions et les Départements sur leurs attributions, c’est qu’ils sont trop proches. Le budget du département de la Charente-Maritime est nettement supérieur à celui de la Région. Avec une région Poitou-Charentes Aquitaine, c’est elle qui aurait la prééminence budgétaire.

Pour résoudre les problèmes de sécheresse, le Département va créer des réserves de substitution ? Où en est ce projet ?

Les nouvelles réserves ne seront pas opérationnelles cet été, mais le principe d’un syndicat mixte a été voté à l’unanimité par le Conseil général. Ce syndicat mixte, qui aura la maîtrise publique, réunira le monde agricole, les Asa, les ostréiculteurs, les défenseurs de l’environnement qui seront appelés à déterminer une politique publique de gestion de l’eau. Les dossiers présentés seront bien ficelés et la légitimité de la puissance publique fera que ceux qui sont opposés à l’irrigation n’auront pas le sentiment qu’on privatise l’eau au bénéfice de quelques-uns. L’eau appartient à tous. Ensuite, elle est répartie entre ceux qui ont des besoins pour travailler. 

• Terminons par l’estuaire de la Gironde. « Papi » fait-il toujours de la résistance ?

Effectivement, nous avons réaffirmé, à la dernière réunion du Smiddest, que la Charente-Maritime, comme le Blayais, ne serviraient pas de vase d’expansion aux éventuelles crues de la région bordelaise. Des modifications du Papi (Programme d’Actions de Prévention des Inondations) assez formelles ont été apportées. Si juridiquement nous devons nous revoir, une rencontre sera organisée à Saint-Fort sur Gironde le 3 mai. Les zones cultivées par les agriculteurs et les marais qui accueillent des troupeaux ne seront pas touchés.

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