mardi 3 avril 2012

18 rapports, 100 pages : 
Le Département
de Charente-Maritime en pause ?


C’est une « petite » session, par le nombre de dossiers 
à étudier, qui s‘est ouverte lundi dernier à La Rochelle. L’examen budgétaire aura lieu en juin prochain, 
après les élections.


Ce lundi est à marquer d’une pierre noire. En effet, après la mort de trois militaires, c’est à des enfants d‘une école juive, à Toulouse, que l’homme au scooter, Mohammed Merah, s’en est pris. Quatre personnes ont perdu la vie. Cet acte barbare est cruellement ressenti par l‘ensemble du pays. Avant l’ouverture de la session, Dominique Bussereau demande une minute de silence en mémoire des malheureuses victimes.

Devant l’assemblée, les rangs étant clairsemés en raison des cérémonies du 19 mars, le président du Conseil général détaille un certain nombre de dossiers. Parmi eux, le partenariat avec la province chinoise de Jinzhou « trois millions d’habitants, cinq fois la Charente-Maritime » ; l’autoroute A 831 ; l’état des routes après l’épisode froid et neigeux de février : « trois millions d’euros de dégâts sur le réseau » ; le faible niveau des nappes phréatiques au printemps et la prochaine mise en place du syndicat mixte dont dépendront les réserves de substitution. Michel Doublet se réjouit de la création de ce grand syndicat qui regroupera de nombreux partenaires : « les études sont en cours d’achèvement ».


Au nom des Radicaux, Jean-Yves Martin rappelle que « l’agriculture, en Charente-Maritime, représente 952 millions d’euros de chiffre d’affaires dont 153 millions de produit brut du maïs et 31 millions pour le maïs irrigué. La conchyliculture engendre 900 millions d’euros, le tourisme 1 400, la mytiliculture 500 et l’industrie, enfin, avec ses 40 000 salariés, est aussi un élément essentiel. Tous ont et auront besoin de beaucoup d’eau afin de pérenniser leurs activités, sans parler de la nécessité de l’approvisionnement en eau potable ».
Au sujet de l’eau potable, précisément, qui a manqué en août dernier sur les cinq communes de Royan, Saint-Georges-de-Didonne, Médis, Saujon et Semussac (en raison d‘une altération), Michel Doublet se veut optimiste : « Nous avons des réserves, ça devrait aller durant la prochaine saison estivale ».
« Je suis moins optimiste que vous » rétorque Pascal Ferchaud, conseiller général de Saujon. Son interlocuteur comprend : « on n’est jamais sûr de rien, en effet ». Jean-Pierre Tailleu (La Tremblade) est sur la même longueur d’ondes : « L’état des nappes phréatiques est préoccupant. Elles sont au même niveau que l’an dernier à la même époque. S’il ne pleut pas, la situation risque de se détériorer ».

À son arrivée à la préfecture de La Rochelle l’an dernier, Béatrice Abollivier a vécu de plein fouet les problèmes de sécheresse. Cette année, pas question d’arbitrer les conflits entre les différents partenaires dans la gestion de l’eau. Les volumes à prélever seront étudiés de près, au printemps comme en été, et les décisions seront prises par une coordination régionale.

Patient, Gilles Gautronneau attendait que ses collègues aient largement débattu des problèmes d’eau pour faire part de son sentiment. Cette session, qui ne regroupe que 18 rapports, soit une centaine de pages, l’interpelle : « Me voilà avec l’impression d’un département en pause ou en arrêt sur image » dit-il. Dominique Bussereau réagit : « Ce n’est pas la première fois. Dans le passé, Claude Belot avait présenté quatre rapports en avril. Personnellement, je tiens à ce que nous ayons quatre assemblées par an au lieu de trois ».
« Il n’y a pas de petite session, ni de petits rapports. Chaque rapport nous engage » admet Gilles Gautronneau.

Une dégradation des relations sociales ?


Le ton monte un peu avec Marc Parnaudeau. Cela ferait deux fois que le conseil technique paritaire se déroulerait dans un climat peu serein. L’une des réunions aurait été perturbée par une manifestation des agents en grève. Et l’élu rochelais de déplorer une dégradation des relations sociales avec absence de dialogue. « Les syndicats CFDT, FO et CGT disent qu’ils ont des difficultés à vous rencontrer » lance-t-il à D. Bussereau. L’intéressé rappelle que le CGT a failli écoper d’une sanction, qui s‘est transformée en avertissement, pour atteinte à la loi. En effet, le Conseil général n’avait jamais été pris d‘assaut, comme les services de la DDE ! « Il faut que chacun y mette du sien. La CFDT et FO le font, pourquoi pas la CGT ? ».

Jean-Louis Frot estime qu’en décembre, en perturbant le conseil technique paritaire, ces syndicalistes se sont trompés de méthode : « Je préside des CTP depuis longtemps et je n’avais jamais assisté à une scène pareille. Cette affaire a laissé des traces, mais nous sommes sur le chemin de l’apaisement » admet l’ancien maire de Rochefort. Il est vrai que la Maison du département a grandi : « il y a beaucoup de monde en plus, soit 3 200 bulletins de paie émis tous les mois ». Aux dernières nouvelles, le dernier CTP se serait déroulé dans de bonnes conditions avec « un dialogue social renforcé ».


Un train de sénateur ! Bernard Lalande, conseiller général de Montendre, est mécontent. Alors qu’il a manifesté avec les élus saintongeais pour que des arrêts de trains soient maintenus à Pons, Jonzac et Montendre, il a appris que le Conseil général avait monnayé un arrêt à Pons en négociant directement avec l’État, soit 20 000 euros : « Je croyais que tu allais défendre aussi Montendre ! » lance-t-il au sénateur Daniel Laurent, « un traitement égalitaire aurait été le bienvenu ». Effectivement, Daniel Laurent a récupéré deux arrêts le vendredi et le dimanche, « mais nous sommes toujours demandeurs d’arrêts supplémentaires » dit-il à l’élu sudiste.
Et d’ajouter : « Il n’y a pas de combat entre Montendre et Pons. Au contraire, c’est Pons et Montendre même combat ! ». Pour sa part, Jonzac a également profité d’un arrêt. Aux dernières nouvelles, Claude Belot souhaiterait le conserver. Une nouvelle réunion à ce sujet devrait avoir lieu.

Le mot de la fin revient à David Baudon, conseiller général de la Jarrie, qui a écouté les propos de Nicolas Sarkozy : il serait question de diviser par deux les droits de mutation. Or, on sait que la cagnotte de la Charente-Maritime en dépend : « si on la perd, on met la clé sous la porte ? » demande l’élu. La question mérite d’être posée !… Mais que valent réellement les annonces électorales ?

• Fini le Brésil, bonjour la Chine !

Le département, qui mise désormais sur son partenariat avec la Chine et Jinzhou, se désengage au Brésil : « la zone de Bahia n’est pas très utile à la Charente-Maritime ». Jean-Claude Beaulieu a été chargé par le Département de rechercher, dans le vaste monde, des perspectives plus intéressantes pour l’économie et le développement : « ce n’est pas un abandon, c‘est un repositionnement » souligne Dominique Bussereau. Quant à la course La Rochelle/Bahia, le comité organisateur a choisi une autre ville de départ. Gilles Gautronneau déplore ce virage : « nous perdons ainsi la vitrine d’une belle course de voile et le savoir-faire du Grand Pavois. Je souhaite tout le succès possible à l’esprit d’explorateur de notre Département en Chine, mais je m’interroge sur les motivations de ce changement de stratégie ». La découverte de l’Empire du Milieu peut-être, les élus s'étant rendus moult fois à Bahia !

• Dis-le-moi dans l’oreille


• Base de Clérac : Elle va monter en puissance au printemps. L’axe entre Clérac et Bédenac va être amélioré. Au Jarculet, il est question de créer un grand pôle économique proche de Bordeaux. Idem vers Aigrefeuille avec l’A831.

• Frégate l’Hermione : A ne pas manquer, sa mise à l’eau, en juillet prochain, devrait attirer la foule à Rochefort.

• Résidence de l’École d’ingénieurs (EIGSI) de La Rochelle : 140 logements y seront créés. Durant les vacances, ils pourront être proposés à des travailleurs saisonniers ou des étudiants étrangers.

• Toi, toi, mon toit…

Pour Jean-Pierre Maindroux (conseiller général de La Rochelle, suppléant de Ségolène Royal aux Législatives), les bailleurs départementaux seraient capables de fournir 1 000 logements à loyer modéré. Or, il n’y a que 500 agréments ! D’où sa question : Pourquoi ne soutient-on pas le bâtiment en cette période de crise, d’autant que Nicolas Sarkozy prône une augmentation des droits à construire sur les communes de 30 % ?
Pour Jacky Quesson, conseiller général de Saint-Genis, le besoin de logement à loyer modéré est certes réel, mais une meilleure gestion du parc serait judicieuse. Certains appartements restent vides pendant des mois : « Essayons de mieux gérer l’existant » dit-il. Par ailleurs, les travailleurs saisonniers ont du mal à trouver des hébergements alors que certaines personnes âgées vivent seules dans de grandes maisons. Pourquoi ne pas les inciter à louer des chambres ?

• Le technicentre de Saintes va s’allier à celui de Périgueux pour assurer la maintenance des TER. L’une des deux villes ne risque-t-elle pas d’être perdante ? s’inquiète Isabelle Pichard, conseiller général de Saintes. À suivre.

• L’écotaxe de l’Île de Ré, un butin pour les communes ?

Le produit de cette taxe, soit 12 millions d’euros, servira à protéger les espaces insulaires et à favoriser l’utilisation de transports « propres ». 45 % des sommes seront allouées au Département, 55 % iront aux collectivités. Le maire de Loix, Lionel Quillet, estime que la répartition des fonds ainsi collectés ne doit pas ressembler à « l’attribution d’un butin ».
Bref, sur les fameux 12 millions d’euros récoltés tous les ans, le Conseil Général utilisera 4 millions d’euros pour l’entretien et la gestion du pont ainsi que 2 millions d’euros pour les frais de fonctionnement. 6 millions d’euros seront affectés à la préemption des terrains et à leur gestion. Les 3,3 millions d’euros restants serviront à restaurer les zones humides et boisées, à organiser des actions de sensibilisation et à recruter de nouveaux écogardes.
Les communes, quant à elles, percevront chacune entre 55 et 65 000 euros, selon la superficie d’espaces naturels dont elles disposent sur leur territoire. Pour se rendre sur cette île enchanteresse, un transport collectif public (exonéré de l’écotaxe) sera mis en place. Les motards, quant à eux, ne paieront rien s’ils habitent l’île. S’ils y possèdent une résidence secondaire, ils acquitteront 1 euro et, s’ils sont salariés, 0,30 euro. Pour les autres, un abonnement de 15 euros pour 10 passages sera proposé. « Ce tarif fait des mécontents, mais visiblement il fait aussi des ingrats. Entendre un maire de l’Île de Ré se plaindre de l’écotaxe et réclamer son dû comme s’il s’agissait d’une dot manque d’un peu de pudeur quand on pense, par exemple, aux habitants de Marans qui attendent toujours le début des travaux de la déviation maintes fois promise » déclare le PRG Gilles Gautronneau.

Lors du déjeuner, les trufficulteurs de Charente-Maritime ont fait découvrir aux élus les saveurs de la truffe melanosporum. Délicieuse !

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