jeudi 25 octobre 2018

Crise majeure à la mairie de Pons : une partie du conseil démissionne. De nouvelles élections les 13 et 20 janvier 2019

Depuis que Daniel Laurent, atteint par le cumul des mandats, a quitté son poste de maire, la stabilité du conseil municipal s’est fragilisée au fil des mois avec son successeur Jean-Luc Dibar. Au point que lundi dernier, une partie de la majorité et les membres de l’opposition, que conduit Fabienne Dugas-Raveneau, l’ont mis en minorité en démissionnant. Conséquence, les Pontois retourneront aux urnes en janvier 2019, Jean-Luc Dibar étant sur un siège éjectable. Ce dernier entend se défendre au cœur d'une situation qu’il juge « ahurissante »

Jean-Luc Dibar lors d'une réunion Linky à Pons
Il y a déjà pas mal de temps que l’opposition au maire de Pons regrette de ne pas être suffisamment informée. Une partie de la majorité n’a pas tardé à émettre les mêmes doléances, entraînant la démission de Claude Tardy à l’automne 2017, suivie par Philippe Robert, adjoint aux travaux, en septembre 2018. Sont évoquées notamment des dérives budgétaires. Les lignes ont subitement bougé quand des élus de la majorité se sont abstenus sur le vote de certains dossiers.

Lundi dernier, lors du conseil municipal, alors qu’il était question de nommer un nouvel adjoint en remplacement de Philippe Robert, deux fronts unis sont montés au créneau pour annoncer leurs démissions respectives. Cette situation résulte d’une ambiance délétère et de l’élection plutôt difficile au poste de maire de Jean-Luc Dibar, désigné à une faible majorité (trois autres candidats étaient sur les rangs, André Gasquet, Philippe Robert et Jacky Botton). Pourquoi une partie de la droite s’est-elle alliée à la gauche ? Manifestement parce que le mécontentement est partagé : plus de marge de manœuvre au niveau budgétaire, aménagements commerciaux, problème dans le personnel communal, explosion de l’enveloppe budgétaire de la nouvelle maison de santé et prochaine fermeture d’Intermarché entraînant le licenciement du personnel (une vingtaine de salariés).

Ce contexte est à l’origine des démissions d’André Gasquet, Philippe Hélis, Jacky Botton, Pierre Naud, Benoît Renaud, Stéphanie Fargier, Sandra Guillemin, Roland Hollander, Dorothée Raine (retrait de deux personnes qui seraient élues en cas de démission, Marilyn Delavois et Emmanuel Jelienau) ainsi que Fabienne Dugas-Raveneau, Etienne Péré, Thierry Viaud et Frédérique Salles. Fabienne Dugas-Raveneau explique sa position : « nous aurions pu laisser la majorité s’entredéchirer en observant la situation. Toutefois, la ville de Pons ne mérite pas ce qui se passe actuellement, c’est pourquoi nous avons tenu à nous impliquer ».

Jean-Luc Dibar : « Une situation ahurissante »

Restent en place Jean-Luc Dibar, maire actuel, Daniel Laurent, Anne-Marie Molinié, Jean-Pierre Tournier, Marie-Eliane Aupy, Annie Pavie, Monique Vinet, Gérard Chauvet, Nathalie Olivier, Dominique Delville, Christian Roux, Didier Gallot.

Pons s'apprête donc à vivre de nouvelles élections municipales en janvier 2019 en l'attente du renouvellement classique des municipalités en mars 2020. Une affaire plutôt inédite !
Quel regard Jean-Luc Dibar porte-t-il sur l'impasse dans laquelle il se trouve ? Pour lui, plusieurs facteurs sont à prendre en compte : la liste ouverte constituée par Daniel Laurent en 2014 réunissant des sensibilités différentes et le fait que certains n'aient pas apprécié sa nomination au poste de premier adjoint, puis de maire. Ses rivaux lui auraient alors déclaré « une guerilla sans merci » depuis un an. En première ligne, André Gasquet serait parvenu à convaincre des élus de la majorité ainsi que ceux de l’opposition d’entrer en fronde. Dès lors, le conseil municipal n’existe plus !  
« Je suis chargé avec les adjoints d’expédier les affaires courantes. Ce matin, j'étais en sous-préfecture et j'ai réalisé l'ensemble des conséquences préjudiciables causées par cet événement. Le conseil ne peut plus statuer et la vie de Pons est suspendue. Avec la DGS, nous allons établir une liste complète de toutes les choses qui ne peuvent plus être accomplies » explique le premier magistrat. Et d'ajouter : « Prenez la Maison de santé, par exemple, qui doit ouvrir ses portes début novembre. Je ne suis pas sûr d'avoir l'autorisation d'y accueillir les médecins et la ville ne peut pas exiger de loyers pour l'instant. Certains professionnels ont quitté leurs locaux pour intégrer cette nouvelle structure. Qu'allons-nous leur dire ? ».
S'y ajoute l'arrêt de projets comme la centrale thermique solaire dont la redevance sera de 100.000 euros ou la vente d’un bâtiment sur la zone de Touvent (120.000 euros). « Tout est stoppé » déplore le maire (jusqu'en janvier). « Ce que je vis est insupportable. Des personnes aux ambitions démesurées me cherchent des griefs bidons et veulent me couper les ailes car j'ai eu l'imprudence de leur dire que je serais à nouveau candidat. J'avais eu vent de ces démissions mais franchement, je ne voulais pas y croire, surtout de la part de l’opposition. Fabienne Dugas-Raveneau, de par ses missions au Sénat, connaît le fonctionnement de la vie démocratique. C'est irresponsable. J’ai tout de même envie de me battre. Si je suis en capacité de faire une bonne liste, je serai présent ! ».
Par ailleurs, il estime que la vie des maires n'est pas un long fleuve tranquille : « nous prenons de plein fouet les baisses de dotations de l'Etat, ce qui nous oblige à prendre des mesures impopulaires »...

La ville de Pons est sous les projecteurs. Une nouvelle élection en janvier 2019 permettra-t-elle de redresser la barre ?

• Lundi soir, Fabienne Dugas-Raveneau s’est adressée à Jean-Luc Dibar, maire de Pons : 

« Les fondements de la démocratie, sont issus du débat d’idée, de la confrontation des points de vue, car nul n’a la science infuse, nul ne détient le savoir.
Vous avez oublié tout cela et depuis 4 ans nous avons-nous dû nous battre pour nous exprimer, nous faire entendre et convaincre, face à la rétention d’information et au travestissement de la réalité auxquelles vous vous êtes adonnés.
Ce qui vient de vous être annoncé va dans ce sens et je ne reviendrai pas là-dessus, sur votre façon de considérer les élus que nous sommes tous.
Mais des faits graves se sont cumulés et je vais en citer 4, les derniers en date :

- Depuis au moins 5 mois (au moment auquel nous l’avons-nous-mêmes su) vous savez, et votre adjoint aussi, que les alarmes de l’école élémentaire ne fonctionnement pas. Pire encore, vous avez annulé la commission de sécurité qui devait se tenir à l’époque sou votre présidence. Les parents d’élèves FCPE vous ont interpellé, en vain ! Il nous a fallu alerter l’inspection de l’éducation nationale pour obtenir le passage de cette commission de sécurité, qui n’a pu que constater les dysfonctionnements ! Quel maire peut ainsi faire courir un tel risque aux enfants de son école !

- Vendredi dernier, vous nous avez convoqué pour une commission d’appel d’offre sur la maison de santé, non pas pour étudier des augmentations de coût, comme cela devrait l’être, mais pour les acter car vous les avez autorisées et réalisées pour la plupart. Et ce ne sont pas de petits montants ! Vous nous avez annoncé, et j’ai les documents, une augmentation de 20% sur les travaux et de 98% sur le maitre d’œuvre ! Vous mettez ça sur le dos des exigences des praticiens, alors que c’est parce que vous et votre prédécesseur, étiez trop pressés de signer le marché de travaux, et l’avez fait avant même de connaître tous les besoins ! Toute modification du cahier des charges génère un coût, le projet a dépassé maintenant les 1.3 millions, sans compter les acquisitions…

- Cette semaine fermera Intermarché. Ce sont plus de 20 personnes qui se retrouvent sans emploi à Pons. Vous mettez ça sur le compte de la mauvaise gestion du directeur précédent. C’est facile, alors que vous avez abandonné depuis des années, et avant vous votre prédécesseur le sénateur-maire, ce secteur au profit de la zone de Coudenne qui a, elle, bénéficié des infrastructures nécessaires à son développement. 

- Nous vous alertons depuis des mois sur la situation au sein du personnel municipal et les dysfonctionnements administratifs. Vous et votre prédécesseur nous avez toujours répondu que tout allait bien. En juin dernier 10 agents déposaient une demande officielle de mise à l’abri fonctionnelle… et attendent toujours votre décision,
Monsieur le Maire, pour mettre fin à ce climat insupportable au sein de vos services. Car la décision vous incombe, et créer une commission pour traiter le sujet (enfin une commission qui fonctionne) ne vous retire aucunement la responsabilité et l’urgence qui est la vôtre pour agir !

Bref, nous ne pouvons plus accepter votre façon de gérer notre ville et c’est la raison pour laquelle nous nous sommes rapprochés d’autres élus pour faire en sorte que les pontois soient amenés à choisir leur nouveau Maire. La situation est trop grave pour la laisser perdurer voire s’aggraver.

Je dépose ici ce soir les 27 lettres de démissions des 27 colistiers de la liste que j’ai eu l’honneur de conduire et remercie chacun d’entre eux pour leur confiance, comme je remercie mes 3 collègues ici présents avec lesquels nous avons travaillé sans relâche depuis 4 ans.

Monsieur le Maire, vous avez réussi, avec le soutien de votre prédécesseur, à faire le vide autour de vous. Ce soir vous êtes seul avec vos adjoints. Pons n’a plus de Conseil municipal ».

1 commentaire:

Unknown a dit…

On se croirait à Saintes ! Décidément...