jeudi 4 octobre 2012

Rufus : 

« Je suis à la disposition
des mots qui ont besoin
de se dire » !

À ceux qui croient que les grincheux ont désespérément colonisé la Terre, Rufus rend immédiatement le sourire. Mais non, les Français ne sont pas tous moroses : 
l’artiste le prouve en égrenant autour de lui la gaieté comme les perles d’un collier. C’est par amitié qu’il s'est produit à Expiremont (Charente-Maritime) samedi soir.  
  
Rufus, quel spectacle avez-vous présenté à Expiremont ?

Le spectacle s’intitule « Rufus joue les fantaisistes ». Il s’agit d’un recueil de scènes comiques. Comment est née cette idée ? Un jour, un ami m’a dit : « après 60 ans, si tu avais une dernière volonté, quelle serait-elle ? ». J’ai répondu spontanément : « être sur scène et faire rire les gens ». J’ai choisi de prendre des sketches qui m’avaient fait rire chez les fantaisistes, Raymond Devos, Fernand Raynaud mais aussi Dany Boon, Pierre Palmade ou Murielle Robin. Ils ont accepté ma proposition. J’ai donc réuni 15 histoires qui me touchent. Elles sont intimes, drôles et sincères. Ce spectacle a été bien accueilli. Comme je connais bien Claude Blier que j’ai rencontrée autrefois dans la région parisienne, j’ai accepté l’invitation des Culturales d’Expiremont. C’est un village où je ne suis jamais venu.  

Vous avez de nombreuses cordes à votre arc. Parlez-nous du cinéma ?

 Je viens de participer à plusieurs courts-métrages pour de jeunes réalisateurs. Pour eux, je suis une référence ! Ça fait plaisir. L’une de ces histoires m’a beaucoup intéressé. Elle se déroule en Alsace où deux hommes, condamnés, attendent de mourir à l’hôpital. L’un demande à l’autre de le débrancher. Il s’exécute. Conscient de son acte, il s’enfuit et se retrouve dans la nature. Il marche, regarde les fleurs, les papillons. Soudain, il se dit : « je vais creuser ma tombe ici ». Il rencontre des gens et bientôt, l’envie de mourir le quitte. Qu’un jeune homme de 20 ans puisse écrire un tel scénario a retenu mon attention. C’est un message d’humanité. Vous avez tourné avec Claude Lelouch également ? Ce que j’aime, chez Lelouch, c’est qu’il n’a pas hésité à se tromper une fois sur deux ! Il sait toujours tirer parti de ses erreurs. Je le trouve courageux et j’ai beaucoup d’amitié pour lui. C’est un homme à qui rien n’échappe. Un jour, il a produit un film sous un faux nom pour voir comment le public allait réagir. Ce fut un succès, il était rassuré ! Je commence à tourner avec lui en janvier prochain. Dernièrement, j’ai travaillé avec Daniel Auteuil, réalisateur. C’est aussi un acteur formidable. Il s’agit de la suite de la « La fille du puisatier », « Marius et Fanny », qui devrait sortir en fin d‘année. Ce film a été projeté en avant-première dans mon village en Provence. Certaines personnes avaient les larmes aux yeux. Daniel Auteuil a porté sur l’œuvre de Pagnol un regard nouveau.  

Parmi vos nombreuses activités, figure l’écriture ?

En effet, je viens de publier un nouveau livre, intitulé « L’ivre ». Si je réunis de nombreuses activités, c’est que j’ai toujours été du côté de la vie. C‘est passionnant d’être vivant !  

Avez-vous une devise ? 

Tout au long de ma carrière, j’ai connu de nombreux publics et tous sont attachants. Dans les salles, ce sont les femmes qui rient le plus généralement. Plus que leurs compagnons ! Je me souviens qu’un jour, une femme m’a demandé de venir jouer dans son village. La salle avait trente places. J’ai dit oui. Je me suis arrangé pour faire coïncider le déplacement avec un autre, j’ai logé chez elle et comme son « budget » était réduit, je lui ai demandé de me dévoiler un secret après la représentation. Ce fut un succès, nous étions 33 et nous avons dû ajouter 3 chaises. Quant au secret, elle me l’a dit, mais elle était tellement émue que je n’ai pas tout compris ! « Je suis à la disposition des mots qui ont besoin de se dire », telle est ma devise.

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