lundi 22 juin 2009

Saintes : Le futur terrain d'accueil des SDF serait-il un mauvais choix ?


Christian Schmitt, l'époux de Bernadette Schmitt, ancien maire de Saintes, vient de faire parvenir cette lettre ouverte à Jean Rouger, actuel premier magistrat de la cité santone, au sujet du futur terrain d’accueil des SDF. « Un mauvais choix » déclare-t-il.

«La presse quotidienne s’est fait l’écho de votre souhait de créer un terrain d’accueil pour les SDF sur le site de La Palu. Permettez-moi de vous faire part, en tant qu’usager régulier de ce site, de mon total désaccord avec ce projet tel que rapporté. Je considère en effet la solution envisagée comme un très mauvais choix.

• Un mauvais choix politique : Avec la mise à l’écart, dans un endroit peu peuplé, d’une partie de la population marginale qui vit à Saintes, vous allez créer un ghetto ce qui est pour le moins surprenant de la part d’une municipalité qui se dit à la pointe du combat pour les Droits de l’Homme et qui s’apprête à recréer des zones identifiables de regroupement comme le sont les terrains des gens du voyage sur la route de Varzay.

• Un mauvais choix environnemental : Comment comprendre, qu’avec des élus verts aux postes de responsabilité de la mairie, celle-ci puisse envisager de venir déboiser et polluer des terrains classés en zone Natura 2000. La Palu, magnifique zone verte protégée, servant de refuge à une faune et une flore uniques en France, ferait ainsi partie, grâce à la complicité de la municipalité, des espaces verts sacrifiés à l’heure où tout le monde s’inquiète, à juste titre, du devenir de notre planète.

• Un mauvais choix d’aménagement : Chaque jour de nombreux Saintais, sportifs ou non, empruntent ce magnifique parcours en boucle qui partant du terrain blanc longe la Charente et revient par le terrain du club de boules. Mettre sur ce parcours un camping, où l’adjoint au maire lui-même explique qu’il n’est « pas certain que les chiens des SDF aboient plus que ceux des autres », n’est pas concevable alors que ce même adjoint cherche une solution de remplacement suite à une pétition de Saintais qui se plaignent que ces mêmes chiens vagabondent actuellement sans laisses aux abords de la halte de jour. Qui osera encore ensuite s’aventurer à courir ou à faire du vélo dans cet endroit ? C’est la mort annoncée d’un des plus beaux sites de Saintes.

• Un mauvais choix économique : La Direction régionale de l’Environnement n’a pas encore donné son accord sur une dérogation éventuelle à la réglementation de cette zone que des études de sols ont déjà été engagées par la mairie pour savoir s’il est possible d’y construire. Ces études, qui se chiffrent généralement à plusieurs milliers d’euros, auront été entreprises en pure perte si le projet n’aboutit pas. C’est ce que l’on appelle mettre la charrue avant les bœufs, aux frais du contribuable saintais bien entendu.

• Un mauvais choix technique : Tout le monde sait que cette zone est un endroit remblayé sur des alluvions de la Charente et en particulier l’adjoint aux travaux de la municipalité. Construire à cet endroit, si malheureusement tel devait être le cas, nécessiterait des fondations spéciales, ce qui serait une hérésie technico financière pour des bâtiments de si faible importance. Quid en plus de la pollution apportée par les rejets des différents effluents ?

• Un mauvais choix social : La zone de La Palud est déjà le cadre d’activités et de trafics plus ou moins légaux à la tombée de la nuit et il n’est pas sécurisant de s’y aventurer seul à ce moment-là. Que dire alors des activités nocturnes qui s’y dérouleront ? Cette partie de la ville pourrait devenir rapidement une zone de non droit et d’insécurité permanente. Pour la municipalité, ce n’est visiblement pas un problème : «un endroit idéal, avec peu d’habitants» suivant les dires de l’adjoint au maire. Une opinion en complète contradiction avec les grands principes de mixité sociale et d’intégration.

• Un mauvais choix pour la sécurité : Rien n’est dit sur la sécurité et la prévention alors que la raison même de ce transfert de population est une réclamation de son actuel voisinage pour des raisons évidentes de graves perturbations au quotidien : «Alcoolisation importante, chiens sans laisses, stationnement abusif de fourgons et caravanes…» Pour ne parler que de ce dernier point, on peut facilement imaginer de ce que va devenir la prairie de La Palu une fois des sanitaires, un point d’eau et une cuisine, installés sur le site.

La présence des SDF à Saintes et leur intégration dans la vie de la cité dans le cadre d’un développement durable est un problème complexe et difficile à résoudre. Il demande du courage politique. Ce n’est pas en repoussant les problèmes plus loin qu’on les résout. Ce choix de terrain d’accueil dans la prairie protégée de La Palu va au contraire amplifier les problèmes actuels et en créer de nouveaux.
Je considère ce choix dangereux pour Saintes et je vous demande d’y renoncer ».

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