dimanche 24 mai 2009

Perles noires de Tahiti :
Tout commence avec l’huître aux lèvres noires…


La semaine dernière, Juliette Philippe et Thierry Martin, créateurs de bijoux, sont venus tout spécialement de Tahiti présenter une très belle collection de perles noires. L’exposition vente était proposée par Philippe Girard, propriétaire du Vieux Logis, le restaurant renommé de Clam.
Le couple a apporté moult détails sur ces parures séduisantes qui attirent le regard. Chaque pièce, faite à partir des perles cultivées dans les fermes polynésiennes, a une histoire à raconter.


Suivez le guide...


La perle de Tahiti appelée aussi “perle noire“, issue de l’huître Pinctada margaritifera, variété cumingui (huître à lèvres noires), existe à l’état sauvage depuis la nuit des temps. Cette perle dite perle fine est le fruit de la rencontre accidentelle entre un organisme vivant (l’huître) et un corps étranger (un grain de sable par exemple).
Sa grande rareté (une perle fine trouvée pour 15 000 huîtres perlières sacrifiées) et son extrême beauté, appréciée dans le monde entier depuis plusieurs siècles, incitent dans les années 1960 certains pionniers polynésiens, aidés de greffeurs japonais, à provoquer artificiellement la naissance de perles “noires“ : la perliculture en Polynésie française est née.
La perle de culture, comme la perle fine, est le résultat de l’introduction dans l’huître d’un corps étranger, à ceci près que ce n’est plus le hasard qui intervient ici, mais la main de l’homme. C’est aussi une perle naturelle car formée par un être vivant après un processus biologique, même s’il est initié par le greffeur.

Le greffeur est un maillon essentiel dans le processus qui donnera naissance à une perle de culture. Sur des nacres âgées de trois ans environ, il pratique une incision de la gonade (glande reproductrice) afin d’y introduire un nucleus (le corps étranger). Ce nucleus parfaitement sphérique est issu en général de la coquille d’une moule du Mississippi.

Il introduit ensuite délicatement et au contact du nucleus, un greffon, petit morceau du manteau d’une autre huître sacrifiée riche en cellules épithéliales. Ces cellules vont se développer autour du nucleus pour former le sac perlier et secréter ensuite de façon concentrique des centaines de couches très fines de nacre qui formeront la perle.


Le choix de la nacre qui fournit le greffon est d’une importance capitale. Sa coquille interne doit présenter des couleurs les plus intenses possibles, preuve que les cellules épithéliales qui les ont générées seront capables de produire une perle de qualité.
La greffe est une opération chirurgicale délicate et, malgré le savoir-faire du greffeur, 50 % des nacres greffées ne donneront pas de perle. En effet, 10 % des nacres ne résistent pas à l’opération, 10 % meurent au bout de deux ans et 30 % rejettent le nucleus.
Une fois greffées, les nacres sont remises dans le lagon, installées sur des filières, en chapelets, pour une durée de deux ans environ, période de gestation nécessaire à l’obtention d’une perle ayant une épaisseur de nacre d’au moins 0,8 mm (minimum légal pour être commercialisable).
La récolte des perles est effectuée par le greffeur qui extrait délicatement de l’huître la perle patiemment fabriquée, jour après jour pendant deux ans, par la nacre.
Si la perle est de bonne qualité et de forme ronde ou approchante, le greffeur introduit dans le sac perlier un autre nucleus, plus gros que le premier et sensiblement de même diamètre que la perle produite : c’est la surgreffe. Une nacre très résistante, qui a produit deux perles de bonne qualité, peut subir une troisième greffe : c’est la sur-surgreffe !
Pour un perliculteur, le jour de la récolte est un moment intense, chargé d’émotions et d’inquiétudes. Il représente l’aboutissement de longues années d’effort et d’incertitude. Du résultat de la récolte, dépendra la bonne santé de l’entreprise, voire même sa survie...

Photo 1 : Au Vieux Logis, Juliette Philippe présente la collection de bijoux

Photos 2 et 3 : Tout commence avec une huître aux lèvres noires...

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